CARABINE (1905-1919)
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CARABINE (1905-1919)
- "100 ans de torpilleurs" par Luc FERON
MARINES Editions - Marines Magazine HS n° 1 de 04/2002 "100 ans de Marine Française - torpilleurs, contre-torpilleurs, escorteurs, cuirassés"
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Patrick le SCOUARNEC- Administrateur - Responsable du foyer
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Carabine, Contre-torpilleur de 300t type Arquebuse (1903-1919)
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Carabine, Contre-torpilleur de 300t type Arquebuse (1903-1919)
Construit à Rochefort. Mis à flot le 21/07/1902 et mis en service en septembre 1903.
Caractéristiques : 302t, 6300cv, 58,3m x 6,4m x 3,2m, 30 nœuds.
Armement : VI de 65 + VI de 47 + 2T.
Symbole de coque en juin 1912 : CB.
En octobre 1903 la Carabine est affectée à l’Escadre de la Méditerranée.
En 1907, l’Enseigne de vaisseau de 1ère classe (EV1), Charles Benjamin Ullmo est embarqué comme second sur le torpilleur Carabine, dans l’Escadre de Méditerranée.
Ullmo est condamné le 22 février 1908 par le premier Conseil de guerre maritime permanent de Toulon à la peine de la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation militaire pour le crime de trahison, crime prévu et puni par l’article 76 du Code pénal alors en vigueur, ayant été jugé « coupable d’avoir, pendant l’année 1907, à Toulon, à Paris, et en tout autre lieu, entretenu par correspondance et verbalement des intelligences avec un agent d’une puissance étrangère, pour lui procurer les moyens d’entreprendre la guerre contre la France en lui livrant des documents secrets sur lesquels [était] basée l’action offensive et défensive de la marine française. » – Conseil de guerre présidé par le capitaine de vaisseau François Léon Grosse.
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Voici cette histoire tristement célèbre :
Jeune officier de marine de confession israélite, né à Lyon le 15 février 1882, Charles Benjamin Ullmo avait de gros besoins d'argent.
D'une part opiomane et très dépendant, il entretenait par ailleurs, dans sa villa Gléglé à Toulon, une fort jolie femme.
L'entretien de sa belle et son besoin de drogue étant très importants, Ullmo, le portefeuille vide, eut l'idée d'aller dérober dans le coffre-fort du contre-torpilleur la Carabine à Toulon d'importants documents : les codes confidentiels des signaux de la Marine, l'état de la flotte en Méditerranée et de la défense de Toulon.
Selon le Petit Parisien du 20 février 1908 (numéro 11436) : « Depuis son incarcération, il a été soumis à une expertise médicale.
Les docteurs ont dû l'examiner et dire si réellement il avait fait, ainsi qu'il le prétend, une consommation d'opium assez grande pour amoindrir ses facultés mentales et diminuer sa responsabilité.
Leur réponse a été défavorable à ce système de défense. Ullmo n'a jamais fait, ont-ils déclaré, un abus du narcotique en question et encore moins à l'époque où se passaient les faits que nous venons de rappeler ».
Il semblerait donc que cette défense ne tienne guère la route bien qu'elle figure sur la majorité des sites internet et dans les romans défendant Ullmo.
Il put mettre en pratique son idée lorsque son supérieur, le commandant de la Carabine, partit en permission en lui laissant le commandement. Ullmo photographia les documents, puis tenta de les revendre à un agent allemand lors d'une permission en Belgique. La transaction ayant échoué, Ullmo envoya au ministre de la Marine, Gaston Thomson, une lettre anonyme lui proposant la restitution de ces photos contre un paiement de 150 000 francs, sans quoi les pièces seraient livrées à des agents étrangers.
Arrêté et poursuivi pour tentative de trahison. Il fut dégradé sur la place Saint-Roch à Toulon par le premier maître de mousqueterie Alexandre Morinet et condamné à la « déportation à vie ».
Le 17 juillet 1908, avec 514 forçats ou récidivistes relégués, embarque à l’Île d’Aix sur le transport La Loire pour être déporté au bagne de l’Île du Diable (Guyane).
Il passa par la suite les deux tiers de sa vie au bagne des îles du Salut, où il occupa la première année la case de Dreyfus à l'île du Diable. Il resta 8 ans seul sur l'ile qu'il ne quittera qu'en mai 1923, par décision du Gouverneur de la Guyane française, transféré de l’Île du Diable à Cayenne, demeurant néanmoins placé sous la surveillance de la police. (Le Temps, n° 22.556, Jeudi 10 mai 1923, p. 4, en rubrique « Nouvelles du jour »).
Il se convertit à la religion catholique grâce au curé de Cayenne, le père Fabre, et devint mystique. Relégué à Cayenne, il exerça toutes sortes de métier puis entra dans la Maison Quintry, établissement de commerce de Cayenne dont il devint chargé de pouvoir. Il fut gracié par le président Albert Lebrun en 1933 sur l'insistance de son employeur et d'une correspondante en France, Mlle Poirier. Il rentra en France en 1934 mais fut déçu de ce qu'il y trouva. Il repartit définitivement pour Cayenne où y mourut le 21 septembre 1957.
En novembre 1908 on retrouve le contre-torpilleur Carabine à Bizerte.
Au 1er janvier 1911, Station des torpilleurs de Bizerte.
En juin 1912 ce bâtiment est affecté à la 4ème escadrille de contre-torpilleurs de la 1ère Armée Navale.
Le Second-Maître Fourrier, Victor Pierre Le Hunsec, né le 31 mars 1883 à Ploemeur (Morbihan), tombe malade au début de 1916 à bord de la Carabine, il est décédé le 23 mars 1916 à l'Hôpital maritime de Saint-Mandrier (Var). [Dossier médical confidentiel]
1915-1918, La Carabine fait des patrouilles et des escortes en Méditerranée.
Le Matelot de 2ème classe Fusilier Jean-Michel Bloch, né le 11 janvier 1884 à Plogoff (Finistère), a disparu en mer dans la nuit du 11 au 12 janvier 1917 emporté par une lame en allant prendre son quart dans la tempête.
01/10/1918 : abordé par le Mentor qui est un cargo Anglais. La Carabine sera réparée à Palerme puis à Bizerte en décembre 1918.
26/07/1919 : vendue pour démolition à Bizerte.
Sources :
« Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, Tome II », 1870-2006, CF Jean-Michel Roche
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Carabine, Contre-torpilleur de 300t type Arquebuse (1903-1919)
Construit à Rochefort. Mis à flot le 21/07/1902 et mis en service en septembre 1903.
Caractéristiques : 302t, 6300cv, 58,3m x 6,4m x 3,2m, 30 nœuds.
Armement : VI de 65 + VI de 47 + 2T.
Symbole de coque en juin 1912 : CB.
En octobre 1903 la Carabine est affectée à l’Escadre de la Méditerranée.
En 1907, l’Enseigne de vaisseau de 1ère classe (EV1), Charles Benjamin Ullmo est embarqué comme second sur le torpilleur Carabine, dans l’Escadre de Méditerranée.
Ullmo est condamné le 22 février 1908 par le premier Conseil de guerre maritime permanent de Toulon à la peine de la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation militaire pour le crime de trahison, crime prévu et puni par l’article 76 du Code pénal alors en vigueur, ayant été jugé « coupable d’avoir, pendant l’année 1907, à Toulon, à Paris, et en tout autre lieu, entretenu par correspondance et verbalement des intelligences avec un agent d’une puissance étrangère, pour lui procurer les moyens d’entreprendre la guerre contre la France en lui livrant des documents secrets sur lesquels [était] basée l’action offensive et défensive de la marine française. » – Conseil de guerre présidé par le capitaine de vaisseau François Léon Grosse.
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Voici cette histoire tristement célèbre :
Jeune officier de marine de confession israélite, né à Lyon le 15 février 1882, Charles Benjamin Ullmo avait de gros besoins d'argent.
D'une part opiomane et très dépendant, il entretenait par ailleurs, dans sa villa Gléglé à Toulon, une fort jolie femme.
L'entretien de sa belle et son besoin de drogue étant très importants, Ullmo, le portefeuille vide, eut l'idée d'aller dérober dans le coffre-fort du contre-torpilleur la Carabine à Toulon d'importants documents : les codes confidentiels des signaux de la Marine, l'état de la flotte en Méditerranée et de la défense de Toulon.
Selon le Petit Parisien du 20 février 1908 (numéro 11436) : « Depuis son incarcération, il a été soumis à une expertise médicale.
Les docteurs ont dû l'examiner et dire si réellement il avait fait, ainsi qu'il le prétend, une consommation d'opium assez grande pour amoindrir ses facultés mentales et diminuer sa responsabilité.
Leur réponse a été défavorable à ce système de défense. Ullmo n'a jamais fait, ont-ils déclaré, un abus du narcotique en question et encore moins à l'époque où se passaient les faits que nous venons de rappeler ».
Il semblerait donc que cette défense ne tienne guère la route bien qu'elle figure sur la majorité des sites internet et dans les romans défendant Ullmo.
Il put mettre en pratique son idée lorsque son supérieur, le commandant de la Carabine, partit en permission en lui laissant le commandement. Ullmo photographia les documents, puis tenta de les revendre à un agent allemand lors d'une permission en Belgique. La transaction ayant échoué, Ullmo envoya au ministre de la Marine, Gaston Thomson, une lettre anonyme lui proposant la restitution de ces photos contre un paiement de 150 000 francs, sans quoi les pièces seraient livrées à des agents étrangers.
Arrêté et poursuivi pour tentative de trahison. Il fut dégradé sur la place Saint-Roch à Toulon par le premier maître de mousqueterie Alexandre Morinet et condamné à la « déportation à vie ».
Le 17 juillet 1908, avec 514 forçats ou récidivistes relégués, embarque à l’Île d’Aix sur le transport La Loire pour être déporté au bagne de l’Île du Diable (Guyane).
Il passa par la suite les deux tiers de sa vie au bagne des îles du Salut, où il occupa la première année la case de Dreyfus à l'île du Diable. Il resta 8 ans seul sur l'ile qu'il ne quittera qu'en mai 1923, par décision du Gouverneur de la Guyane française, transféré de l’Île du Diable à Cayenne, demeurant néanmoins placé sous la surveillance de la police. (Le Temps, n° 22.556, Jeudi 10 mai 1923, p. 4, en rubrique « Nouvelles du jour »).
Il se convertit à la religion catholique grâce au curé de Cayenne, le père Fabre, et devint mystique. Relégué à Cayenne, il exerça toutes sortes de métier puis entra dans la Maison Quintry, établissement de commerce de Cayenne dont il devint chargé de pouvoir. Il fut gracié par le président Albert Lebrun en 1933 sur l'insistance de son employeur et d'une correspondante en France, Mlle Poirier. Il rentra en France en 1934 mais fut déçu de ce qu'il y trouva. Il repartit définitivement pour Cayenne où y mourut le 21 septembre 1957.
En novembre 1908 on retrouve le contre-torpilleur Carabine à Bizerte.
Au 1er janvier 1911, Station des torpilleurs de Bizerte.
En juin 1912 ce bâtiment est affecté à la 4ème escadrille de contre-torpilleurs de la 1ère Armée Navale.
Le Second-Maître Fourrier, Victor Pierre Le Hunsec, né le 31 mars 1883 à Ploemeur (Morbihan), tombe malade au début de 1916 à bord de la Carabine, il est décédé le 23 mars 1916 à l'Hôpital maritime de Saint-Mandrier (Var). [Dossier médical confidentiel]
1915-1918, La Carabine fait des patrouilles et des escortes en Méditerranée.
Le Matelot de 2ème classe Fusilier Jean-Michel Bloch, né le 11 janvier 1884 à Plogoff (Finistère), a disparu en mer dans la nuit du 11 au 12 janvier 1917 emporté par une lame en allant prendre son quart dans la tempête.
01/10/1918 : abordé par le Mentor qui est un cargo Anglais. La Carabine sera réparée à Palerme puis à Bizerte en décembre 1918.
26/07/1919 : vendue pour démolition à Bizerte.
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