FRESNEL (1909-1915)

- "Maxime LAUBEUF le père du sous-marin moderne" par Gérald Boisrayon (IGA)
MARINES Editions - Marines & Forces Navales HS n° 2 de 11/1999 "100 ans de sous-marins"

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Fresnel, Sous-marin de haute mer type Pluviôse (1911-1915)

Construit à Rochefort. Commencé en 1906.
Mis à flot le 16/08/1908. Mis en service le 22/02/1911.

Caractéristiques : 398 t ; 550 t.pl ; 700 cv ; 51,12 x 4,97 x 3,12 m ; 2 moteurs électriques 225 cv ; 2 chaudières à vapeur 360 cv.
Armement : V TLT de 450 + II TLT de 450 Drzewiecki + I de 37 + VIII torpilleurs. Tube d’étrave débarqué suite accident Fresnel (DM du 18.01.1909)
Symbole de coque : FR.

26/08/1905 : construction ordonnée.
06/10/1908 : échoué et coulé sur la jetée du port de La Pallice au cours des essais.

Relation de l’accident du Fresnel, extrait de « La Vie Maritime »du 25 octobre 1908 :

Un accident qui n’est pas sans causer une certaine surprise est celui qu’a subi le submersible neuf Fresnel au moment où il allait entrer dans le port de La Pallice.
Ce submersible, commandé par le LV Maurras et qui a été construit à Rochefort, avait quitté ce port hier matin 5 octobre 1908 pour se rendre à La Pallice où existe la station de sous-marins dans laquelle il devait effectuer ses essais.
Dans la circonstance, le personnel à bord était plus nombreux car des ouvriers de l’arsenal de Rochefort devaient suivre les essais.
Le submersible arrivait à l’entrée du port à six heures, par beau temps ; en voulant doubler la jetée sud de l’avant-port, il toucha cette jetée et se fit des avaries telles qu’il coula immédiatement.
L’équipage, dont la plus grande partie était sur le pont, se jeta à la mer où il fût immédiatement secouru par un petit bateau à vapeur, le Nénuphar, qui fait le trajet entre La Pallice et l’Ile de Ré et qui, en raison de ses fréquentes traversées, est toujours sous pression ; ce vapeur stationne dans l’avant-port. Le Fresnel a coulé par 8 m de fond ; les travaux de renflouage ont été immédiatement commencés.
Fort heureusement, il n’y eut aucun accident de personne, mais les avaries peuvent être importantes et dès maintenant il faut considérer la batterie des accumulateurs comme perdue, ce qui est un gros dommage pécuniaire.
Le devis estimatif du Fresnel s’élève à 1 653 209 F.
C’est à la suite de cet accident, qui parut démontrer la fragilité du tube d’étrave, que la décision fut prise pour supprimer ce dispositif sur les sous-marins de ce type, et similaires.
Seuls, les Vendémiaire, Ventôse, Germinal, Floréal et Prairial le conserveront.

Le Fresnel sera renfloué le 09 novembre 1908 et remis en état.
22/02/1911 : armé pour la première fois.
01/07/1912, le LV Guéguen est le Commandant du sous-marin Fresnel, versé à la 1ère escadrille de sous-marins de la 1ère Armée navale basée à Toulon. Idem au 1er janvier 1914.
1914 : patrouilles en Adriatique.
26/10/1914 : canonné sans dégâts par une batterie de la pointe d’Ostro.
Juillet 1915 : opérations autour de l’ile de Pelagosa.
Du 16/01/1914 au 05/12/1915, le LV Jouen est le Commandant du sous-marin Fresnel. Cité à l'ordre de l'Armée navale :
« Commandant le Fresnel. Son bâtiment s'étant échoué, a pris judicieusement toutes les mesures que comportait la situation, a su inspirer à ses hommes le sang-froid et le courage les plus parfaits et n'a rendu à l'ennemi qu'un bâtiment inutilisable ». Déjà cité cet Officier sera fait prisonnier (voir ci-dessous). Chevalier de la Légion d'Honneur.
05/12/1915 : échoué à l’entrée de la Bojana, les hommes évacuent et se réfugient à terre, le sous-marin est alors détruit au canon par le contre-torpilleur autrichien Waradisner.
Après une brève résistance, (1 tué, 1 blessé), les hommes se rendent et sont fait prisonniers.
• Marin tué le 5/12/1915 : Ducarme Augustin Jean Pierre Emmanuel, né le 22 mars 1889 à Saint-Estèphe (Gironde), Quartier-Maître Électricien.
• Marin blessé le 5/12/1915 : Protat Georges, né le 12 décembre 1890 à Marseille (Bouches-du-Rhône), Matelot de 3ème classe Cuisinier étant en captivité en Autriche, décédé des suites de ses blessures le 07/12/1915.
Ce même jour du 7 Décembre 1915 à 21h30
L’Amirauté Française reçoit un Communiqué autrichien qui annonce que des torpilleurs autrichiens ont détruit le sous-marin Fresnel et que le Commandant, l’officier en second et 26 hommes d’équipage sont prisonniers.
Le 27e homme de l’équipage, le quartier-maître mécanicien Roumeguere était resté malade à l’hôpital de Brindisi. (Voir tableau d’équipage).
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Tableau d'équipage

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L’Écho d’Alger, n° 2.435, Samedi 23 novembre 1918, p. 1.

Voici le récit sur la perte du sous-marin Fresnel telle que relatée dans l’ouvrage de Gérard Garier, « l’Odyssée technique et humaine du sous-marin en France, Tome III, A l’épreuve de la Grande Guerre » :

Les 4 et 5 décembre 1915, le Fresnel (Lieutenant de Vaisseau Jouen, commandant) appareille de Brindisi à 16 heures pour relever le Gay Lussac à Saint Jean de Médua.
Le 5/12/1915, à 5 heures le bâtiment se trouvant sur la côte albanaise et cherchant à rallier le point jugé favorable pour prendre la plongée, s’échoue à l’embouchure de la Bojana sur le tiers de sa longueur à partir de l’avant.
Au cours de manœuvres faites pour tenter le déséchouage, 2 petits torpilleurs ennemis viennent stopper à 2 000 mètres du Fresnel vers 7h30.
A 7h45, le sous-marin est survolé par un avion qu’il canonne.
Les tentatives de déséchouages sont poursuivies, mais la mer baisse visiblement.
A 8h30, le contre-torpilleur autrichien Waradisner rallie et stoppe à 1 000 m. Le commandant du Fresnel, après avoir fait ouvrir toutes les prises d’eau, ordonne l’évacuation sur un îlot de sable très proche où il compte faire quelques résistances, les hommes étant armés de mousquetons. Il espère que la flottille alliée qu’il sait dans les parages puisse intervenir. Puis il envoie 4 hommes dans un Berthon (1) pour prévenir la terre et tenter de faire télégraphier la situation à Brindisi.
Le Waradisner envoie une embarcation vers l’îlot. Un officier autrichien demande à l’équipage du Fresnel de se rendre. En réponse, celui-ci manifeste son intention de riposter s’il est attaqué. L’embarcation s’éloigne. Le Waradisner ouvre alors le feu sur le Berthon, de même qu’un hydravion avec sa mitrailleuse. Un occupant du Berthon est tué, un autre, blessé, meurt peu après. (Voir plus haut).
Le Waradisner fait alors feu sur la petite troupe du Fresnel, à 500 m de distance, avec des fusils et une mitrailleuse, tandis qu’il canonne le Fresnel dont les torpilles explosent. L’avion fait également éclater une bombe sur le sous-marin, puis le feu est dirigé sur les occupants de l’îlot. Un croiseur léger et une douzaine de torpilleurs sont au large, le commandant du Fresnel juge la résistance impossible et se rend. Les deux officiers de l’équipage du Fresnel sont recueillis par les embarcations du croiseur Novara (2) et du Waradisner. Celui-ci tire encore une centaine de coups de canon sur la coque du Fresnel, puis la flottille autrichienne rentre sur Cattaro (3).
Le 13 décembre 1915, Podgoritza télégraphie que le détachement français envoyé au Fresnel l’a trouvé criblé de projectiles et en a rapporté le canon de 37 mm et 7 mousquetons.

(1) Le canot Berthon ou berthon est un petit canot pliable en toile imperméable, créé comme canot de sauvetage, et utilisé pour équiper les sous-marins, torpilleurs et contre-torpilleurs, sur lesquels l’espace était très réduit. (Voir illustration)
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(2) Novara : croiseur léger tout neuf, frère de l’Helgoland qui a éperonné le Monge, type de navire éclaireur ou "Scout" qui nous faisait cruellement défaut. Au moment du partage de la flotte de la double monarchie, nous hériterons de ce croiseur, que nous allons baptiser Thionville. De la même façon nous récupérerons un de ces excellents destroyers, du type Tatra, le Dukla que nous appellerons Matelot Leblanc et qui finira sa carrière en 1935.

(3) Le compte-rendu autrichien porte qu’une batterie à terre canonne longuement le Waradisner sans l’atteindre.


Sources :
« Dictionnaire des bâtiments de guerre… Tome II », du CF J-M. Roche
« L’Odyssée technique et humaine du sous-marin en France, Tome II », de Gérard Garier
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