AUPHAN Paul-Gabriel
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AUPHAN Paul-Gabriel
Situation de famille
Contre-Amiral Paul Gabriel AUPHAN
Fils de Jules et de Juliette Amélie CLOS
Né le 04 novembre 1894 à Alès (Gard)
Décédé à l’âge de 87 ans le 06 avril 1982 à Versailles et inhumé à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron)
Titres familiaux de noblesse : Seigneur de Salze et de Lanouvelle par son père, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis et descendant du Contre-Amiral et Maire de Toulon François Joachim Martin de Roquebrune par sa mère
Marié à Mademoiselle Vidal, fille de Gabriel Vidal, Chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem et membre de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier.
Carrière
Temps de Service dans la Royale 28 ans
Temps de Service à la mer 21 ans
Temps de Commandement + de 10 ans
Intègre l'École navale en octobre 1911
Enseigne de vaisseau en octobre 1914, affecté sur la Jeanne-d 'Arc au sein de l’Escadre du Nord.
En avril 1915, il rejoint la Méditerranée et participe aux opérations des Dardanelles.
A partir de septembre 1915, il affecté au Service des Renseignements de la Marine sur l'île de Rouad (Syrie). On lui doit l’organisation d’un réseau d'informateurs couvrant toute la région.
En août 1916, il devient Second de l’Aviso Laborieux puis rejoint l’île de Castellorizo (Grèce), toujours comme agent du renseignement.
En septembre 1917, il est Second sur le Sous-marin le Verrier, en Mer Adriatique. Poste qu’il conservera jusqu’à la fin des hostilités.
En janvier 1919, il retrouve le Renseignement de la Marine à Fiume, micro-état indépendant à l’époque, en Croatie de nos jours, puis l’Égypte et le Liban.
Lieutenant de vaisseau en juin 1919, il rejoint son ancien bâtiment le Sous-marin Le Verrier.
C’est à cette époque qu’il rédige deux études, l’une sur le rôle des Torpilleurs dans la Bataille du Jutland et l’autre sur l'emploi tactique des Sous-marins en meutes. Cette dernière inspira largement l’Amiral allemand Donitz qui l’a mis tristement en pratique durant le second conflit mondial.
En juin 1922, il est affecté à l'État-Major Général de la Marine et participe au lancement de la construction des Sous-marins de classe Requin.
En 1923-1924, il sera élève de l’Ecole de Guerre Navale.
Il prit le commandement du Sous-marin Fulton en 1925.
En novembre 1926, il intègre pour la 1ère fois un cabinet ministériel de la Marine, celui de Georges Leygues, où il sera l’un des rédacteurs du décret de réorganisation de la Royale du 22 avril 1927.
Il devient Capitaine de Corvette en janvier 1927.
Il prend le commandement du Torpilleur Palme en 1929.
Il est nommé au grade de Capitaine de Frégate en avril 1930 et dirige l'École d'application des Enseignes de Vaisseau de la 1re Division Légère et navigue des côtes d’Afrique aux Antilles.
Il prend le commandement du Contre-torpilleurs Guépard en 1931 puis du Contre-torpilleurs Jaguar en 1932.
Il devient brièvement en 1933 Directeur des études puis Commandant en Second de l'École navale de Brest.
En 1934/1935, il rejoint pour la seconde fois un cabinet ministériel de la Royale, celui de François Piétri.
Il prend le commandement du Croiseur Émile-Bertin puis est nommé Capitaine de Vaisseau en octobre 1936.
Il devient en octobre 1937 Commandant de la Jeanne-d 'Arc et de l'École d'Application des Enseignes de Vaisseau et effectue les campagnes 1937/1938 et 1938/1939.
En 1939, il est nommé à la Section d’Etudes de l’Etat-Major Général.
Il devient Sous-chef d'Etat-Major des Forces Maritimes en octobre 1939.
En août 1941, il est nommé Chef d'Etat-Major des Forces Maritimes.
En avril 1942, il devient Secrétaire d'État à la Marine.
Il démissionna de son poste le 18 novembre 1942.
Chargé de mission par le Maréchal Pétain auprès du Général de Gaulle en août 1944.
Condamné le 14 aout 1946 par la Haute Cour de Justice aux travaux forcés, à la dégradation nationale à vie et à la confiscation de ses biens. Peine ramenée le 20 juillet 1955 à 5 ans de prison avec sursis et 5 ans de dégradation nationale.
En 1956, par décision du Conseil d'État, on lui restitua son grade et ses droits.
Parcours.
Aristocrate catholique et érudit, il est issu d’une famille de la petit noblesse et l‘un de ses aïeuls fut Amiral et Maire de Toulon. Il fut considéré comme le plus brillant officier de Marine de sa génération et celui qui eut l’ascension la plus rapide.
Son trait de caractère le plus impressionnant, au delà d’une grande intelligence, était sans aucun doute sa parfaite connaissance et son amour des hommes.
Meneur d’hommes et organisateur d’une des plus performantes section du Renseignement de la Marine durant la 1ère Guerre Mondiale, il passa les 3/4 de sa carrière en « Service à la Mer », ce qui en dit long sur sa personnalité. Il fut l’un des Amiraux ayant commandé le plus de Bâtiments à la mer de son époque.
Il rentra pour la première fois à l’Etat-Major à l’âge de 28 ans, un exploit, et intégra un cabinet ministériel à seulement 32 ans. Déjà il avait une solide expérience de sous-marinier, le poste le plus dangereux à l’époque, et on lui doit dès 1920 d’avoir théorisé le combat en meutes des Sous-marins tel que le mit en pratique la Kriegsmarine de Hitler 19 ans plus tard.
Deux fois membre du cabinet au Ministère de la Marine sous Georges Leygues d’abord et François Piétri ensuite, il s’y montra toujours à son avantage, travaillant avec acharnement les dossiers qu’il se voyait confiés.
Très impliqué dans la formation des futurs cadres de la Royale, il fut Directeur des Etudes puis Commandant en second de l’Ecole Navale avant de devenir pour deux campagnes le pacha de la Jeanne, une consécration pour lui. En 1939, l’Amiral Auphan était avec l’Amiral Barzin, le plus jeune Amiral de la Flotte (45 ans).
Les postes de Sous-chef d’Etat-Major de la Marine en octobre 1939 puis de Chef d’Etat-major en août 1941 sont dans la logique des choses pour un homme proche à la fois de l’Amiral Darlan et du Maréchal Pétain. A la différence de ces derniers, l’Amiral Auphan refusa tout acte de collaboration avec l’occupant et que, spécialiste du renseignement qu’il avait été dans ses jeunes années de service, il continua à garder des contacts avec tous les alliés même si ce n’est qu’au travers des américains.
Devenu Secrétaire d’Etat à la Marine en avril 1942, il se démarqua sans cesse en refusant avec acharnement la politique de collaboration du gouvernement.
Lors du débarquement anglo-américain d’Afrique du Nord du 08 novembre 1942, il tenta de convaincre de la nécessité de mettre fin aux combats et de ne pas placer l’armée française au coté de l’armée allemande comme le préconisait l’Amiral Platon.
Avec les alliés sur les côtes nord-africaines, il était évident pour l’Amiral Auphan que les allemands allaient envahir le sud-est de la France et tenter de s’emparer de la Flotte à Toulon. L’ordre qu’il donna secrètement aux Amiraux de la Flotte Marquis et de Laborde le 11 novembre est suffisamment explicite :
1°) S'opposer, sans effusion de sang, à l'entrée des troupes étrangères dans les établissements, bases aériennes, ouvrages de la Marine.
2°) S'opposer de même à l'entrée des troupes étrangères à bord des bâtiments de la flotte et par des négociations locales, s'efforcer d'arriver à un accord.
3°) En cas d'impossibilité, saborder les bâtiments.
L’Amiral Auphan savait très bien comme ancien officier du renseignement qu’il était, qu’un message « secret » a peu de chance de le rester, même en prenant toutes les précautions d’usage, dans un pays occupé et dont le gouvernement est majoritairement collaborationniste. C’est à mon avis la seule raison de la présence des 2 premiers alinéas de son ordre. Dès le 11 novembre l’Amiral Auphan avait pris la décision de faire se saborder la Flotte à Toulon.
Sa démission du 18 novembre 1942 est d’une logique implacable. Il ne voulait plus cautionner par sa présence le gouvernement de Vichy et il avait la certitude que Marquis et de Laborde exécuteraient son ordre ultime. Sauver les bâtiments étant impossible, sauver les hommes s’imposait.
Pourquoi l’Amiral Auphan accepta-il en août 1944 la mission illusoire confiée par le Maréchal Pétain de rencontrer le Général de Gaulle pour tenter de négocier une passation de pouvoir honorable ?. Y croyait-il vraiment ou n’a t-il pas voulu refuser d’exaucer la dernière volonté politique du vieux Maréchal ?.
Catholique traditionaliste, l’Amiral Auphan fut caché par l’Eglise durant sa période plus ou moins clandestine entre 1944 et 1955. N’oublions pas qu’il fut condamnée par contumace (en son absence) par la Haute Cours.
Devenu après guerre historien et écrivain, l’Amiral Auphan publia notamment : La Lutte pour la vie 1940/1942 ou La Marine au service des Français (1947); Les Grimaces de l'histoire, L'histoire de mes trahisons (1951); Le Drame de la désunion européenne (1955); La Marine dans l'histoire de France (1955); La Marine française dans la Seconde Guerre mondiale (1958); Histoire de la Méditerranée (1962); Histoire élémentaire de Vichy (1971); Histoire de la décolonisation (1975); L'honneur de servir (1978) et Au service de l'Église (publié après sa mort).
Conclusion
Que peut-on reprocher à l’Amiral Auphan ? en un seul mot RIEN et surtout pas le sabordage de la Flotte à Toulon dans la nuit du 27 au 28 novembre 1942.
Pourquoi n’a t-il pas donné plutôt l’ordre à la Flotte d’appareiller et de rejoindre les alliés en Afrique du Nord ? Pourquoi les Amiraux Marquis et de Laborde ont-ils obéi à un ordre émanant d’un Secrétaire d’Etat qui n’était plus en exercice depuis le 18 novembre ?.
Que croyez-vous qu’il serait arrivé si la Flotte avait pu appareiller ? Vous pensez peut être que la Luftwaffe serait restée inactive ? que les U-boots en Méditerranée auraient regardé ailleurs ? que la puissante Regia Marina, la Marine italienne, serait demeurée dans ses ports ?. Bien sur que non. Si Hitler voulait s’emparer avant tout de la Flotte française, il n’aurait bien évidemment laissé aucune chance à celle-ci de rejoindre les alliés. Alliés qui au demeurant avaient bien d’autres soucis avec le débarquement en Afrique du Nord que de voler au secours d’une Marine dont ils doutaient du ralliement. De plus n’oublions pas que les conditions d’armistice avaient terriblement diminué les capacités opérationnelles de notre Flotte. En sous effectif, avec des combustibles limités et des dotations réduites en munitions, la Flotte aurait péri sans pratiquement pouvoir se défendre au milieu de la Méditerranée et avec elle plusieurs milliers de marins. Tout cela l’Amiral Auphan le savait, comme ses subordonnées Marquis et de Laborde, et chacun a fait la seule chose que l’honneur de la Royale dictait de faire, sauver des milliers de vie à défaut de pouvoir sauver les Bâtiments.
Certains parmi les historiens « modernes » constatent ou reprochent à Auphan sa proximité avec Darlan et le « clan » des Amiraux vichystes pour la plupart anciens subordonnés de celui-ci. C’est inévitable qu’un aussi petit nombres d’hommes, moins de 50 je le rappelle, quasiment de la même génération, exerçant dans la même arme et au niveau le plus élevé, fussent un jour les subordonnés et les supérieurs des uns ou des autres et se côtoient au sein des divers commandements tout au long de leurs carrières.
Ecrire et sous entendre que l’Amiral Auphan était proche de l’Action Française parce que son cousin était journaliste pour la presse de ce parti d’extrême droite tendance fasciste et antisémite, c’est tout simplement hallucinant. Tout autant d’ailleurs que d’argumenter sur l’antisémitisme de l’Amiral Auphan en utilisant pour le prouver le fait que l’un des officiers sous ses ordres à bord de la Jeanne d’Arc était le neveu d’un Amiral qui fut président d’une Ligue en 1930. Quand on est dans l’impossibilité de salir un homme par des preuves directes, on utilise sa généalogie familiale, et quand cela ne suffit pas, celle d’hommes qu’il a côtoyé. Espérons pour la mémoire de l’Amiral Auphan qu’il n’ait jamais croisé sur le pont d’un Bâtiment un marin dont l’aïeul aurait voté la mort de Louis XVI, sinon ... .
L’Amiral fut parmi les officiers qui n’hésitèrent pas à exprimer leur rejet de la démocratie parlementaire en juin 1940 y voyant l’une des causes principales de la défaite. Avec le recul, qui peut encore aujourd’hui lui donner tort ?. Il partageait d’ailleurs ce point de vue avec deux de ses contemporains, le Maréchal Pétain et ... le Général de Gaulle.
joel16- Permanent
- Messages : 4684
Date d'inscription : 18/11/2013
Age : 61
Re: AUPHAN Paul-Gabriel
un plaisir de te lire
cela comble bon nombre de trous dans nos connaissances de notre histoire
cela comble bon nombre de trous dans nos connaissances de notre histoire
latrube-jc- Permanent
- Messages : 6592
Date d'inscription : 18/05/2010
Age : 77
Re: AUPHAN Paul-Gabriel
Merci jc, cela fait toujours plaisir qu'un membre laisse un petit mot. Au moins on sait qu'on ne travaille pas pour rien
joel16- Permanent
- Messages : 4684
Date d'inscription : 18/11/2013
Age : 61
Re: AUPHAN Paul-Gabriel
On relit l'histoire d'une autre manière
negrel- Permanent
- Messages : 1186
Date d'inscription : 19/10/2011
Age : 72
Re: AUPHAN Paul-Gabriel
Il y aura toujours dans chaque épisode de notre histoire, des décisions qui feront polémique et plus le temps passe, plus il devient difficile d'être objectif tant les faits ont été commentés, décortiqués, analysés...
pingouin nostalgique- Permanent
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Date d'inscription : 18/05/2010
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