Re: généralités militaires sur Brest

par **BRAI Alain** Dim 7 Nov 2010 - 7:15

Comme le Golden Gate dans les années 1930

par Invité Dim 7 Nov 2010 - 9:43

Le plus important des ports militaires sur l’Atlantique possède une rade vaste de 15.000 ha, profonde, bien abritée et protégée par un goulet d’environ 1500 m de large (entre les pointes du Portzic et celle des Espagnols ; 3000 m entre les Capucins et Toulbroc’h) et 6000 m de long. Vers 1875 on envisagera de placer pour sa protection jusqu’à 24 canons sous tourelles, mais ces dernières reviendraient à elles seules plus cher que les 344 autres bouches à feu prévues en même temps pour la défense du front de mer et on décida de s’en passer. La défense terrestre ne comportait que de vieux édifices dus à Charles-Claude Andrault, Marquis de Langeron (1720- ????) tels les forts de terre du Portzic, de Penfeld, de Montbarey(on l'a pas fait Jean-paul) et de Keranroux ainsi que la redoute du Questel. Vers 1875 encore, nous relèverons aussi le désintérêt des autorités militaires pour l’ouvrage des Fédérés (OSO du fort de Guelmeur), la redoute de Kéroriou (simple masse informe de terres au SO du fort de Guelmeur), la redoute de Pen ar Créach et le fort de Guelmeur, tous ayant tendance à se perdre dans le tissu urbain. Le château de Brest, à l’embouchure de la Penfeld, bien que déclassé seulement le 10 janvier 1921 de la liste des places de guerre, ne jouera aucun rôle actif durant la période intéressant cet index, sinon pour abriter une prison, une caserne et des magasins divers et, entre 1915 et 1916, un projecteur de 90 cm sera placé sur ses remparts. La défense maritime est complexe à restituer du fait que les positions les plus propices ont été bardées de fortifications dont la construction et l’occupation couvrent plus de 2 siècles. En 1879, la commission de révision de l’état d’armement proposa d’occuper par des ouvrages importants la courbe allant de Guilers à Guipavas en passant par Gouesnou, proposition restant sans suite. En 1900, la défense maritime du port de Brest, non comprises les défenses extérieures, reposent sur 316 bouches à feu. Au 26 janvier 1911, se trouvaient disponibles à Brest, 26 canons de 155 L, 7 de 155 C, 30 de 120 L, 38 de 95 mm, 77 de 90 mm, 26 de 80 mm, 6 de 80 mm de Marine, 8 de 37 mm T.R., 13 canons-revolvers, 5 canons de 12 culasse et 24 mortiers lisses de 15 c. L’essentiel de ces pièces devait être placé dans les ouvrages soit permanents, soit à construire à la mobilisation, de la défense terrestre de Brest et de la presqu’île de Crozon. C’est ainsi qu’à Brest ville, 4 x 90 c étaient désignés pour le bastion 9, 4 x 120 L pour le bastion 13, les trois bastions (15, 16 & 17) de l’ouvrage du Bouguen devaient recevoir respectivement 4 x 90 c, 4 x 120 L et 4 x 155 L ; le bastion 19 quant à lui se voyait octroyer 4 x 90 C tout comme le cavalier de Quéliverzan (8 x 16 c en1901), et 2 canons-revolvers devaient protéger le tunnel de Lanninon. Pour mémoire nous citerons encore 4 x 95 c à la redoute des Fédérés, canons succédant aux 4 x 16 c prévus par les plans d’armement de 1901 et 1905. En 1911, on avait aussi supprimé l’armement (4 mortiers de 270 mm) de la courtine 16-17 prévus en 1901 et 1905, ainsi que les 4 canons de 5 du bastion 1 et les 4 x 16 c de la redoute de Kéroriou prévus seulement à l’état d’armement de 1901, tout comme les 4 x 16 c du bastion 24 prévus, eux, seulement à l’état d’armement de 1905. En 1914, la place de Brest dispose pour l’armement du front de terre, de 260 canons de tous calibres dont 178 affectés à des ouvrages et 82 disponibles dans des magasins. Pour information, signalons que des torpilles sous-marines avaient été disposées à hauteur de la pointe de Cornouaille entre la rive sud du goulet et la roche Mengam. La passe au nord de cette roche ne pouvait, pour des raisons de profondeur, être défendue de la sorte. En 1911, on mouilla une ligne de 200 mines flottantes entre les pointes du Toulinguet et du Créac’h Meur et on supprima celles de Cornouailles. Entre temps, trois batteries lance-torpilles avaient été pressenties au Mengant, au fort Robert et à la pointe de Cornouailles, ces deux dernières seulement vers 1915. Le rapport sur la révision de l’armement, daté du 04 février1879 évoque la place de Brest-Quélern et, plus tard, il sera question de la place de Brest-Quélern-Ouessant. Le programme de fortification/armement de 1876 a été révisé en 1888, 1904 et 1913. Des fortifications du goulet il subsiste de superbes vestiges, mais, en revanche, des nombreuses batteries installées entre le Portzic et l’actuel Océanopolis, hormis la batterie de la Rose et la batterie Inutile (actuel jardin des explorateurs), bien présentes, nous craignons que plus rien ne soit visible. La pointe de Recouvrance a bien changé et le port a été reconstruit sans s’embarrasser de ces batteries devenues gênantes, à une époque où il était vital d’aller vite pour reconstruire la ville et ses installations portuaires, après les tragiques bombardements de 1944. L'examen attentif d'une carte récente à l'échelle 1/25.000, ne laisse rien deviner au sujet de ces batteries. Pour la période intéressant cet index, du port en lui-même, nous pouvons avancer qu’il verra de nombreux aménagements se concrétiser entre 1900 et 1916, tels la construction du quai d’armement, du quai des flottilles, des grandes formes de Lanninon et du port des torpilleurs. Par ailleurs les énormes stocks de poudres et projectiles que nécessitaient ces batteries ainsi que la flotte, seront établis sur les rives de la rivière Elorn, au lieu-dit Saint-Nicolas. La place de Brest présente encore aujourd’hui (2003-04) un bel assortiment des différents types de batteries côtières couvrant tout le XIXème siècle. Au sein de ce large panel, les éléments les plus intéressants de la place sont sans conteste les cinq batteries de rupture casematées encore accessibles (toutes au sud du goulet). Le vestibule est bordé de positions extrêmement puissantes telles celles de Toulbroch, du Minou, du Portzic, de la presqu'île de Roscanvel,… Si de nombreux sites sont interdits car occupés par la Marine, il en reste suffisamment de libres pour satisfaire la soif de l’amateur de fortifications qui fera dans cette place quelques uns des plus beaux clichés de sa collection. Citons entre autres sites particulièrement photogéniques, l’îlot des Capucins, les projecteurs du Créac’h Meur, la position de Bertheaume, la batterie de Cornouailles, la position du Mengant, etc.