Histoire du navire SAHEL pour la formation et l'entrainement aux feux de navires au BMPM.

Voici un petit aperçu de ce navire qui reste inscrit dans l’esprit des marins-pompiers de Marseille et de nombre de marins de la marine marchande et sapeurs pompiers.

Pour assurer la formation et l’entrainement des marins-pompiers de Marseille aux techniques d’investigation et lutte contre les feux, un Centre d’Instruction et de Sécurité (CIS), est créé par arrêté préfectoral le 28 mars 1948 au sein de la caserne d’ENDOUME, au centre ville.

En 1961, pour l’entraînement aux feux de navires, le centre dispose d’un navire d’exercices (le DRAGON). Ce dernier est amarré au poste 50 du Port Autonome de Marseille (PAM), juste à côté de la caserne portuaire de La BIGUE.

J'y ai fait mes premières armes de marin-pompier en 1974. Le chef d'instruction était un maître-principal que l'on surnommait "Lucifer". Toujours présent et organisant tous les exercices et après avoir inhalé tant de fumée, à l'issue de chaque exercice, il s'appuyait sur le bastinguage...et allumait un "bon papier maïs".
A l'issue de ma première évaluation, ce grand monsieur me dit : "t'es pas mauvais "minot"! tu veux venir ici après ton B.E.?...moi je te prends!". Un très grand honneur pour un tout petit matelot marin-pompier débutant ! Ceci a grandement gravé ma foi dans notre profession et je lui en suis très reconnaissant.

Suite aux nuisances et à la pollution dues aux exercices, le site d’ENDOUME est transféré au chemin de la Commanderie,  en 1974, dans les quartiers industriels. Le bail prenant fin en 1980, le CIS occupe alors la forme 10 du PAM, la plus grande forme de réparation navale de Méditerranée et la 3e plus grande au monde.

En 1982, de nouveaux locaux sont installés au poste 118, sur la digue du large,  avec l’arrivée du bâtiment SAHEL en remplacement du DRAGON.

Ancien ravitailleur, ce navire a servi pour le ravitaillement des Îles du Levant en eau douce et en gas-oil, repêchage de torpilles d’exercice, etc.
Il a été retiré du service en 1982 et mis à la disposition du Bataillon des Marins-Pompiers de Marseille pour la formation et l’entrainement aux feux de navires des pompiers et marins de la marine marchande, jusqu’en 2002 ; toujours amarré au poste 118 des bassins est du Grand port de Marseille.

Avant son utilisation pour les exercices, il subit quelques transformations : tout d’abord, son lestage en cale par une grande quantité de pavés ; puis mise en place de bacs à feu dans l’ensemble du navire (salle des machines, cales, etc.)

Voici ses caractéristiques :
Numéro de coque : A638
Déplacement 1450t
Longueur : 53m
Date de lancement : 1947
Propulsion : 2 moteur Sulzer de 700cv chacun
Energie : gas-oil

Retrait du service actif : 14 janvier 1982 et remis au BMPM sous le nom Q623.

Pour correspondre aux nouvelles normes de lutte contre la pollution, un Centre d’Entrainement aux Techniques d’Incendie et de Survie (CETIS) est ouvert en 2005, dans l’anse de Saumaty.

Le Sahel n’est plus utilisé. Il coule dans le port à l’été 2007 puis est démantelé après.

Ayant été instructeur, j’ai participé régulièrement, et avec toujours un grand plaisir,  à « endurcir le cuir » de nos bons petits marins-pompiers. J'ai été stagiaire aussi, à chaque échelon de la carrière, et j'ai toujours aimé ces périodes où l'on pouvait aller au bout de ses limites et s'évaluer personnellement, en plus de l'évaluation notée pour chaque examen. J'ai toujours pensé à ce maître-principal "Lucifer" qui disait toujours, avant chaque exercice : "Quand on "plonge" (terme pour l'investigation) on part à deux et on sort à deux! Compris!"

Voici quelques photos :

Le Sahel en service :
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Le Sahel navire pour la formation au BMPM :

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Le Sahel, coulé dans le port :

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Et quelques bons souvenirs :

Feu sous parquet :

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Feu de bac :

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Feu de superstructures et de plan d'eau :

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Merci Michel pour ces informations et bien alimentées par tes photos.
Maintenant je vais te dire que j'ai connu Lucifer, mais pas au travers du PM, mais lors d'une escale de mon BDC Argens à Cherbourg, après escale entre autre à Guernesey (un truc de fou) que je raconterai peut être un jour..âmes sensibles...etc. Bref, nous accostons à Cherbourg, pas que pour du plaisir.
Feuille du jour.... Exercice incendie.
Direction le Lucifer

Lui même (C) Net anciens cols bleus)
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Fenzi à post, direction les entrailles de la "vieille corvette" ( car c'était une corvette) dans une fumée de m...avec comme seul éclairage la "loupiote" du casque, pour aller récupérer un mannequin pesant environ, 80 kgs (poids normal d'un marin ),qu'il aura fallu remonter à l'air libre....
A cela j'ajoute, direction un "piaule", où là un instructeur te demande après avoir ''cassé'' quelques fioles de lacrymo.. te demande avec un grand sourire..interchangez vos cartouches de masque à gaz...
Je te dis pas la tronche des yeux lorsque nous sommes sortis de la pièce...
Bah cela reste un bon souvenir, c'était utile, car à bord qu'est qui est le plus stressant pour un marin?...ben c'est le feu. et ce n'est pas Michel, qui me dira le contraire.
Après ces exercices, nous reprimes la mer, direction la "grande bleu" et de souvenir avec un temps de curé.*
Le passage de Gibraltar fut de nuit et cocasse rapport à la communication entre Gaulois et Rosbeef, mais cela est une autre histoire, que je narrerai peut être un jour si vous est sages.

J'ai bien connu le LUCIFER au CIN Querqueville, le passage obligé pour obtenir le SECUSUP et pouvoir accéder au Brevet Supérieur ; stage d'un mois, dans le climat cherbourgeois, ce qui nous obligeait de commander pour la première fois la gabardine sur le sac, inconnue et inutile dans notre sac à Marseille.
Un moment que chacun de nous appréciait : aux postes de propreté du matin...être affecté au LUCIFER, où il n'y avait rien à nettoyer tant il était noir!

Merci Michel !

Je me suis permis d'en piquer un résumé pour ajouter le SAHEL dans la liste des navires. J'espère que tu ne m'en voudra pas...