Anecdote à l'oral du concours de major
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Anecdote à l'oral du concours de major
Anecdote à l’oral du concours de Major
Bonjour à tous ; je préviens ici tous nos amis lecteurs : en aucun cas, il y a une quelconque critique envers notre mère à tous « La Marine ».
Je vous livre une anecdote, survenue au cours de mon examen oral au concours de major.
Pour l’historique, je suis entré au BMPM par le concours d’entrée de l’époque (1974), et de matelot j’ai terminée ma carrière au grade de major ; ce qui est resté, jusqu’à mon départ de La Marine, le Corps des Majors que l’on pouvait intégrer par concours ou choix.
J’aurais aimé grandement être officier ; mais, malgré l’estime de ma hiérarchie et mes notations élogieuses, le fait d’avoir fait remarquer à un supérieur, de manière respectueuse mais claire et indubitable, qu’il avait à mon sens «une altération majeure des fonctions cognitives supérieures», je savais que la réalisation de mes ambitions devenait, dès lors, assez réduite.
De plus, mon accent provençal indéniable, que je n’ai jamais voulu modifier, provoquait parfois, pour ne pas dire souvent, un sourire sardonique de la part des jeunes officiers subalternes, voire de mes congénères issus du même rang que moi qui, eux, semblaient vouloir à toute force faire partie de ces élus.
Après avoir passé la majeure partie de ma carrière en compagnies opérationnelles, je l’ai terminée en état-major, à un poste dit « sensible », qui me valait d’être directement en contact avec « Le Pacha ». Ceci m’autorisait et m’imposait, sur ses directives, d’avoir porte ouverte à tous moments et immédiatement à son bureau ; ce qui, je ne le cache pas, me procurais une certaine satisfaction, un tantinet vengeresse, en passant devant les officiers attendant une « audience ».
Le « Pacha » m’appelait souvent « notre major provençal » et disait que j’illustrais parfaitement l’accent des personnages de Marcel Pagnol ; ceci notamment, au cours de "La Messe": comprenez la réunion quotidienne à 8h30 précises de tous les chefs de divisions et services.
Revenons à ce qui m’amène à vous conter.
Présentant le concours de major, il était conseillé à tout un chacun, à demi-mots, de polisser ce que, dans notre présentation, pourrait dénoter dans les états-majors ; donc, mon accent ne faisait pas partie de la nouvelle panoplie pour laquelle je postulais.
Malgré cela, je ne voyais pas pourquoi, à 44 ans, je devrais modifier ma personnalité et gommer mes origines provençales ; c’était comme renier ma culture et mon identité. Je continuais donc à préparer l’oral du concours, sans me poser de questions métaphysiques.
Vînt le jour attendu, au Fort Lamalgue à Toulon. J’y allais, décontracté, avec le sentiment d’avoir travaillé au mieux. De toute façon, je faisais cette démarche pour terminer ma carrière au plan moral personnel, uniquement. L’échec éventuel ne me gênait pas ; je pensais simplement que d’autres auraient été meilleurs que moi.
A l’appel de mon nom, je me présentais devant le jury : le président, capitaine de vaisseau, et ses quatre assesseurs, capitaines de frégate. Le président avait un regard perçant et impassible. Il m’invitât à présenter mes motivations pour intégrer le corps des majors. Il m’écoutât attentivement, sans sourciller. Puis il me posa une première question ; l’épreuve orale commençait et les interrogations des assesseurs s’enchaînèrent. Je répondais normalement, comme à mon habitude.
D’un coup, le président interrompît le flot des questions et réponses, et me dit :
- « vous êtes marseillais, maître-principal ? » ;
je répondis :
- « oui, commandant ! » ;
et il continua :
- « cela s’entend à votre accent ! » ;
ce à quoi je me permis :
- « oui, commandant, mais j’ai toujours eu cet accent et je ne vois pas pourquoi, aujourd’hui, je devrais en changer » ;
Le président me regarda droit dans les yeux et me dit alors :
- « vous avez entièrement raison, maître-principal…poursuivez ! »
Le flux des questions reprit ; puis le président me remercia avec, pour la première fois depuis mon entrée, un léger sourire.
Je quittais Toulon, avec le sentiment du devoir accompli, quelle qu’en soit l’issue future.
Les résultats arrivèrent juste avant les fêtes de Noël : j’étais admis dans le corps des majors…et parmi les premiers.
Comme quoi, l’accent ne gêne en rien nombre de hauts gradés.
Je vous livre une anecdote, survenue au cours de mon examen oral au concours de major.
Pour l’historique, je suis entré au BMPM par le concours d’entrée de l’époque (1974), et de matelot j’ai terminée ma carrière au grade de major ; ce qui est resté, jusqu’à mon départ de La Marine, le Corps des Majors que l’on pouvait intégrer par concours ou choix.
J’aurais aimé grandement être officier ; mais, malgré l’estime de ma hiérarchie et mes notations élogieuses, le fait d’avoir fait remarquer à un supérieur, de manière respectueuse mais claire et indubitable, qu’il avait à mon sens «une altération majeure des fonctions cognitives supérieures», je savais que la réalisation de mes ambitions devenait, dès lors, assez réduite.
De plus, mon accent provençal indéniable, que je n’ai jamais voulu modifier, provoquait parfois, pour ne pas dire souvent, un sourire sardonique de la part des jeunes officiers subalternes, voire de mes congénères issus du même rang que moi qui, eux, semblaient vouloir à toute force faire partie de ces élus.
Après avoir passé la majeure partie de ma carrière en compagnies opérationnelles, je l’ai terminée en état-major, à un poste dit « sensible », qui me valait d’être directement en contact avec « Le Pacha ». Ceci m’autorisait et m’imposait, sur ses directives, d’avoir porte ouverte à tous moments et immédiatement à son bureau ; ce qui, je ne le cache pas, me procurais une certaine satisfaction, un tantinet vengeresse, en passant devant les officiers attendant une « audience ».
Le « Pacha » m’appelait souvent « notre major provençal » et disait que j’illustrais parfaitement l’accent des personnages de Marcel Pagnol ; ceci notamment, au cours de "La Messe": comprenez la réunion quotidienne à 8h30 précises de tous les chefs de divisions et services.
Revenons à ce qui m’amène à vous conter.
Présentant le concours de major, il était conseillé à tout un chacun, à demi-mots, de polisser ce que, dans notre présentation, pourrait dénoter dans les états-majors ; donc, mon accent ne faisait pas partie de la nouvelle panoplie pour laquelle je postulais.
Malgré cela, je ne voyais pas pourquoi, à 44 ans, je devrais modifier ma personnalité et gommer mes origines provençales ; c’était comme renier ma culture et mon identité. Je continuais donc à préparer l’oral du concours, sans me poser de questions métaphysiques.
Vînt le jour attendu, au Fort Lamalgue à Toulon. J’y allais, décontracté, avec le sentiment d’avoir travaillé au mieux. De toute façon, je faisais cette démarche pour terminer ma carrière au plan moral personnel, uniquement. L’échec éventuel ne me gênait pas ; je pensais simplement que d’autres auraient été meilleurs que moi.
A l’appel de mon nom, je me présentais devant le jury : le président, capitaine de vaisseau, et ses quatre assesseurs, capitaines de frégate. Le président avait un regard perçant et impassible. Il m’invitât à présenter mes motivations pour intégrer le corps des majors. Il m’écoutât attentivement, sans sourciller. Puis il me posa une première question ; l’épreuve orale commençait et les interrogations des assesseurs s’enchaînèrent. Je répondais normalement, comme à mon habitude.
D’un coup, le président interrompît le flot des questions et réponses, et me dit :
- « vous êtes marseillais, maître-principal ? » ;
je répondis :
- « oui, commandant ! » ;
et il continua :
- « cela s’entend à votre accent ! » ;
ce à quoi je me permis :
- « oui, commandant, mais j’ai toujours eu cet accent et je ne vois pas pourquoi, aujourd’hui, je devrais en changer » ;
Le président me regarda droit dans les yeux et me dit alors :
- « vous avez entièrement raison, maître-principal…poursuivez ! »
Le flux des questions reprit ; puis le président me remercia avec, pour la première fois depuis mon entrée, un léger sourire.
Je quittais Toulon, avec le sentiment du devoir accompli, quelle qu’en soit l’issue future.
Les résultats arrivèrent juste avant les fêtes de Noël : j’étais admis dans le corps des majors…et parmi les premiers.
Comme quoi, l’accent ne gêne en rien nombre de hauts gradés.
Dernière édition par Mimar13 le Sam 19 Aoû 2017 - 19:01, édité 3 fois
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Re: Anecdote à l'oral du concours de major
Quant au problème (?), et c'est valable pour toutes les spés, il ne venait jamais des hautes sphères, mais de tout les échelons intermédiaires qui croient utile d'en rajouter une couche.
Et ça n'a pas changé dans le civil non plus d'ailleurs...
Patrick le SCOUARNEC- Administrateur - Responsable du foyer
- Messages : 41070
Date d'inscription : 18/05/2010
Age : 78
Re: Anecdote à l'oral du concours de major
Très juste ; merci à toi Patrick. Je n'en doute pas pour le civil où j'ai rencontré et cotoyé au plan professionnel des personnes de grande valeur.Patrick le SCOUARNEC a écrit:
Quant au problème (?), et c'est valable pour toutes les spés, il ne venait jamais des hautes sphères, mais de tout les échelons intermédiaires qui croient utile d'en rajouter une couche.
Et ça n'a pas changé dans le civil non plus d'ailleurs...
Invité- Invité
Re: Anecdote à l'oral du concours de major
Exemple personnel.
Nous n'étions qu'à deux (1 SM1 et 1 QMM) pour s'occuper de l'électronique du LR et des TLT. Quand mon SM était en perm et qu'il y avait réunion technique des cadres DSM et MIASM, fallait bien que j'y aille. Ca n'a jamais choqué le Chef de Service, ni même le CSD ou le Pacha quand ils y assistaient. Par contre, certains OM ou OMS faisaient la g....
Allez savoir pourquoi...
Nous n'étions qu'à deux (1 SM1 et 1 QMM) pour s'occuper de l'électronique du LR et des TLT. Quand mon SM était en perm et qu'il y avait réunion technique des cadres DSM et MIASM, fallait bien que j'y aille. Ca n'a jamais choqué le Chef de Service, ni même le CSD ou le Pacha quand ils y assistaient. Par contre, certains OM ou OMS faisaient la g....
Allez savoir pourquoi...
Patrick le SCOUARNEC- Administrateur - Responsable du foyer
- Messages : 41070
Date d'inscription : 18/05/2010
Age : 78
Re: Anecdote à l'oral du concours de major
Patrick le SCOUARNEC a écrit:Exemple personnel.
Nous n'étions qu'à deux (1 SM1 et 1 QMM) pour s'occuper de l'électronique du LR et des TLT. Quand mon SM était en perm et qu'il y avait réunion technique des cadres DSM et MIASM, fallait bien que j'y aille. Ca n'a jamais choqué le Chef de Service, ni même le CSD ou le Pacha quand ils y assistaient. Par contre, certains OM ou OMS faisaient la g....
Allez savoir pourquoi...
Ben tiens!
Invité- Invité
jean-paul- Fondateur et Administrateur
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Date d'inscription : 17/05/2010
Age : 71
Re: Anecdote à l'oral du concours de major
TRÈS FORT .....
BELLE CARRIÈRE .....
ET C'EST PLAISANT POUR NOUS DE L'ENTENDRE , MÊME SANS ACCENT .......
BELLE CARRIÈRE .....
ET C'EST PLAISANT POUR NOUS DE L'ENTENDRE , MÊME SANS ACCENT .......
cmale- Permanent
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Age : 75
Re: Anecdote à l'oral du concours de major
Bravo et merci pour ce partage Galinette !!
JJMM- Permanent
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Date d'inscription : 24/03/2017
Age : 75
Re: Anecdote à l'oral du concours de major
cmale a écrit:TRÈS FORT .....
BELLE CARRIÈRE .....
ET C'EST PLAISANT POUR NOUS DE L'ENTENDRE , MÊME SANS ACCENT .......
Merci beaucoup pour tous ces mots!
Invité- Invité
Re: Anecdote à l'oral du concours de major
JJMM a écrit:Bravo et merci pour ce partage Galinette !!
Merci à toi
Invité- Invité
Re: Anecdote à l'oral du concours de major
Mimar13 a écrit:Jean-Paul a écrit:Excellent.
Merci Jean-Paul
De rien c'est normal. On se régale. J’espère que tu en d'autres encore.
jean-paul- Fondateur et Administrateur
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Date d'inscription : 17/05/2010
Age : 71
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