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WALDECK ROUSSEAU (1911-1940)

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WALDECK ROUSSEAU (1911-1940) Empty WALDECK ROUSSEAU (1911-1940)

Message par Patrick le SCOUARNEC Mar 18 Aoû 2015 - 17:52

- "Les croiseurs français en images" par Jean MOULIN
MARINES Editions - 2007

- "100 ans de croiseurs" par Luc FERON
MARINES Editions - Marines Magazine HS n° 2 de 09/2002 "100 ans de Marine Française - croiseurs, garde-côtes"

- "La renaissance de la Marine française 1922-1939 - 1ère partie 1920-1930" par Patrick HOUY-BEZAUX et Jacques DUCROS
LELA Presse - Navires et Histoire HS n° 12 de 12/2010

- "Les croiseurs français en Indochine" par Jean MOULIN
Marines Editions   -   Marines & Forces Navales 160 de 12/2015-01/2016
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WALDECK ROUSSEAU (1911-1940) Empty Waldeck Rousseau, Croiseur cuirassé du type Ernest Renan (1910-1936)

Message par Carriere Jean Dim 14 Fév 2021 - 8:27

Waldeck Rousseau, Croiseur cuirassé du type Ernest Renan (1910-1936)

Construit à Lorient. Commencé le 31/07/1905. Mis à flot le 04/03/1908.
Mis en service le 01/12/1910.

Caractéristiques : 13 650t. 37 000cv. 158,2m x 21,5m x 8,3m. 6 cheminées. 3 machines. 40 chaudières Niclausse. 3 hélices. 23 nœuds. 900 hommes.
Armement : 16 canons de 194mm + 8 canons de 163mm + 4 canons de 100mm + 16 canons AA de 47mm + 2 tubes LT de 450mm.

01/12/1910 : armé pour ses essais.
02/11/1911 : hélice brisée aux Glénan lors des essais de vitesse.
22/11/1914 : surpris par un ouragan à Golfe Juan, le croiseur s’échoue (voici la copie d’un article de la revue Armée et Marine du 07/03/1914 : Le lundi 23 février, le croiseur cuirassé Waldeck Rousseau mouillé avec le reste de l'escadre légère au Golfe Juan, chassa sur ses ancres et dériva vers la plage de Juan-les-Pins. Les machines, mises en marche trop tardivement sans doute, ou peut-être engorgées par de la vase et du sable amené par des lames de fond qui auraient embarqué, comme le prétend le rapport officiel, n'actionnèrent pas et le bateau s'échouait sur un banc de sable par sept, mètres de fond. Au matin, l’Ernest Renan essaya en vain de déséchouer le navire qui semblait ensablé à plus d'un mètre de profondeur. Il fallut procéder à un allégement rendu très difficile par l'état de la mer. Le croiseur, heureusement, portait mille tonnes de charbon. Pendant, deux jours et deux nuits, les grosses chaloupes de l'escadre et deux remorqueurs travaillèrent péniblement à le décharger de son charbon. Le jeudi matin, le vent ayant molli, la tâche devint plus facile et le Waldeck Rousseau ayant gagné 60 centimètres d’eau par suite de cet allégement, put être dégagé par les remorqueurs du port de Toulon. Il a repris son mouillage et a rembarqué son charbon. Une visite de scaphandriers n'a révélé aucune avarie sérieuse de la coque. Les hélices sont indemnes. Le bâtiment va être conduit à Toulon, mis ou bassin sec et examiné à fond. Une commission composée du Contre-amiral GUEPRATTE, des Capitaines de vaisseau MORNET, du Voltaire et FOURNIER, du Danton, a été nommée pour rechercher les causes de l'accident. Le Waldeck Rousseau est commandé par le Capitaine de vaisseau BERNARD. C'est avec l’Edgar Quinet le meilleur croiseur cuirassé de notre flotte.)

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18/10/1914 : combat devant Cattaro contre des avions et contre le sous-marin U14 qui sera touché.
1915 : croise en Mer Egée et en Méditerranée Orientale.
Août 1916 : combat contre un sous-marin devant Pentellaria.
Décembre 1916 : participe aux évènements d’Athènes.
1917-1918 : croise en Mer Ionienne.
26 au 28/04/1919 : Mutinerie devant Sébastopol. (1)

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1920-1923 : croise devant Constantinople, Beyrouth et Toulon.
1924-1928 : mis en réserve à Toulon.

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Avril 1929 à 1931 : FMEO (Forces Maritimes en Extrême-Orient) pour remplacer le croiseur Jules Michelet.

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1932-1936 : en réserve à Brest.
14/06/1936 : condamné.
Septembre-Novembre 1939 : utilisé comme ponton à Landévennec (voir photo en rapport).

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1944 : détruit pendant l’occupation allemande.

(1) Pour éclairer l’histoire à propos de cette mutinerie, voici des extraits du livre « La Marine française et la Mer Noire (1918-1919) » Philippe Masson, Edition de La Sorbonne – SH de la Marine – 1982, p349 à 368.
L'affaire du Waldeck Rousseau, qui se produit du 26 au 28 avril [1919], confirme certains facteurs qui se sont dégagés lors des mutineries de Sébastopol : la répugnance à mener la guerre en Russie, le rôle de la propagande française, ainsi que la place déterminante tenue par les jeunes matelots. Mais elle jette un éclairage original sur l'existence et les méthodes d'un centre d'action subversif à bord d'un grand bâtiment. Elle pose à nouveau la question de la préméditation.
En elle-même, l'affaire est des plus simples. Le croiseur-cuirassé se trouve alors en surveillance devant Odessa. Il porte la marque du contre-amiral Caubet chargé depuis le 9 avril d'assurer la protection du flanc droit des armées alliées repliées derrière le Dniestr. Un début d'agitation se manifeste le 23 avril, quand l'équipage apprend que l'on vient d'embarquer un officier mécanicien accusé d'avoir fomenté un complot révolutionnaire à bord du torpilleur Protet. Les choses en sont là, quand le 25, le ravitailleur Suippe arrive de Sébastopol. Quelques matelots de ce bâtiment informent aussitôt leurs camarades du Waldeck Rousseau des incidents qui se sont produits à bord de la 2ème escadre. Deux bâtiments auraient hissé le pavillon rouge et seraient rentrés en France. Des groupes se forment à l'avant du croiseur. On entend chanter l'Internationale. Le 26 au matin, un quartier-maître découvre un placard invitant l'équipage à la révolte. Il le lacère et le jette à l'eau. Le libellé en aurait été le suivant : « Nous marchons la main dans la main avec nos frères du Jean Bart et de la France pour la révolution sociale… ». La journée s'écoule calmement. Toutefois, les hommes tiennent des conciliabules par petits groupes et se taisent au passage des officiers. Le lendemain, dimanche 27, on trouve deux nouvelles affiches, une dans chaque batterie, invitant l'équipage à suivre l'exemple des marins de Sébastopol : « Camarades, secouons cette discipline de fer. Marchons avec nos frères du Jean Bart et rentrons en France ». C'est alors que l'amiral Caubet revient à Sébastopol, à bord du Fauconneau. Déjà averti par TSF de l'effervescence qui règne à bord du bâtiment, il décide de faire débarquer Marty immédiatement. L'opération s'effectue facilement. Par un sabord de charge, Marty se retrouve à bord du Protet qui part aussitôt pour Constantinople.
Le calme semble tout à fait revenu à bord du Waldeck Rousseau. C'est après le déjeuner, que les premiers incidents sérieux se produisent. Une centaine d'hommes, massés sur l'avant, procèdent à l'élection d'un véritable soviet. Vers 13 heures, une délégation demande à être reçue par le commandant. En dépit de sa répugnance et sur les conseils pressants de l'amiral, celui-ci accepte de se rendre dans la salle d'armes où se trouvent une vingtaine de matelots. Celui qui paraît le chef de la délégation lit une note dont le ton apparaît fort « convenable » et qui proteste même des sentiments respectueux de l'équipage vis-à-vis du commandant et des officiers. Le texte n'en comprend pas moins plusieurs revendications dont la parenté est évidente avec celles des mutins de Sébastopol. On y retrouve le couplage habituel des revendications matérielles et revendications politiques :
1. Incompréhension du rôle que joue la Marine française en mer Noire, sans qu'il y ait état de guerre avec le gouvernement bolchevik.
2. Conditions d'existence pénibles après quatre années de guerre, pas de descente à terre, trop d'inspections, sévérité du maître d'armes. Démobilisation des hommes des classes 1909-1910.
3. Privation de nouvelles, par suite du manque de courrier.
4. Demande de rentrer en France.
Devant l'amiral, qui a tenu absolument à les recevoir, les délégués maintiennent leurs doléances. Ils en ont assez d'être loin de la France. Ils souffrent de l'existence à bord et de l'absence de courrier. L'amiral et le commandant tentent alors de les raisonner. L'armistice ne signifie pas la fin de la guerre. Si la Marine intervient en mer Noire, c'est parce que les Alliés sont d'accord pour empêcher l'extension d'un mouvement qui retarde la signature de la paix. Les hommes des classes 1909-1910 ne sont pas concernés par les mesures de démobilisation prises par le gouvernement. La demande de rentrer en France est inconcevable. Seul, le commandant en chef peut modifier la répartition des bâtiments sous ses ordres, en conformité avec les instructions qu'il reçoit du gouvernement. Ces propos sont vains. Les matelots restent inébranlables. Avant de partir, ils déclarent que si l'équipage ne reçoit pas satisfaction avant le lendemain, il se rendra maître du bâtiment.
L'amiral doute encore que cette démarche soit la manifestation des sentiments profonds de l'équipage. Décidé à « prendre la direction des opérations », il fait sonner l'assemblée. Les hommes en tenues disparates se rendent aux postes de compagnie avec une mauvaise volonté évidente. La plupart, malgré les exhortations des officiers, se massent à l'avant, sur les tourelles, sur les radeaux. Des cris, des huées fusent de tous côtés. La plupart des officiers mariniers préfèrent rester dans leurs postes. C'est alors que l'amiral paraît, accueilli par « une explosion de cris et de remarques malveillants ». Manifestement « très déconcerté et très ému », il s'adresse à l'équipage. « J'ai vu vos délégués, sont-ils bien envoyés par vous ? » Un « oui » énorme, unanime retentit. Presque toutes les mains se lèvent. Il tente alors de faire appel à leur fierté, à leur honneur, il rappelle les sacrifices consentis pendant la guerre. En vain. L'amiral promet de satisfaire les demandes dans la mesure du possible, il s'engage à obtenir le retour en France, dans les plus brefs délais. Aucune sanction ne sera prise contre les mutins. Peine perdue, le vacarme est continu. L'équipage exige le retour immédiat. Comme à Sébastopol, à bord de la France, un vent de folie semble souffler, même chez les meilleurs ».
Les mutins sont alors complètement les maîtres et la situation paraît sans issue. Sur l'heure, il n'existe aucune force, aucun élément sûr pour rétablir l'ordre. Une tentative improvisée peut aboutir à une catastrophe. La crainte de l'amiral Caubet, partagée par tous les officiers, est que l'écho de la manifestation ne soit entendu à Odessa et ne provoque une initiative des bolcheviks. Tout le monde s'inquiète d'une déclaration d'un des délégués. « Nous rentrerons à Toulon et si on ne peut pas, nous accosterons à quai à Odessa ! ». Dans l'état de surexcitation où se trouve l'équipage, on peut redouter de voir le Waldeck Rousseau livré aux bolcheviks !
L'amiral se résout à ne rien brusquer, à gagner du temps, à multiplier les concessions. Il annonce l'appareillage pour le lendemain à Constantinople et il emploie les officiers à rallier petit à petit les meilleurs éléments. Cette tactique se révèle payante. L'équipage se calme, les groupes se dispersent. La vie à bord continue normalement. Les consignes et le service intérieur s'exécutent, les factionnaires sont à leur place et les chauffeurs et mécaniciens de service sont en bas. On relève, cependant, deux incidents symptomatiques. Un chauffeur s'introduit dans le poste de TSF et surveille l'expédition des télégrammes. On signale, en même temps, qu'un des pavillons rouges à disparu d'un des coffres. Après une nuit calme, l'appareillage s'effectue normalement. L'équipage paraît dégrisé. Les délégués prennent progressivement conscience de la gravité de leur geste. Ils redoutent même de se rendre à Constantinople et ils se demandent quel sera l'accueil du général Franchet d'Esperey. Finalement, ils acceptent presque avec soulagement l'idée d'une relâche à Tendra, et ils promettent de s'employer désormais à rétablir l'ordre et le calme. Le commandant fait alors changer de route et l'amiral Caubet se présente à nouveau devant l'équipage rassemblé par les délégués. Il est accueilli par quelques cris de « Vive l'amiral ».
Le Waldeck Rousseau mouille le 18 à 16 heures, en rade de Tendra. On peut croire l'affaire terminée. On vient même de retrouver à sa place le pavillon rouge qui avait disparu du coffre. C'est alors que la crise rebondit. Le croiseur Bruix se trouve lui aussi en rade de Tendra et une « grande fermentation » règne à bord. En fin de journée, il envoie au Waldeck Rousseau une soixantaine d'hommes venus de Sébastopol et qui lui sont destinés. L'arrivée malencontreuse de ces nouveaux venus relance l'agitation. Un quartier-maître réussit à s'emparer d'un papier qu'un homme du vapeur du Bruix remet à un marin du bord. Ce « factum » appelle l'équipage à la révolte. En même temps, on apprend qu'une centaine d'hommes réunis à l'avant procèdent à l'élection d'une nouvelle délégation plus énergique que la première. L'amiral Caubet et le commandant Chopard décident de réagir immédiatement. Ils constituent à l'arrière du bâtiment une forte garde armée avec les officiers, les officiers mariniers et tous les hommes décidés au maintien de l'ordre. A la tête de cette troupe, ils s'avancent vers l'avant du Waldeck Rousseau. Impressionnés, la plupart des matelots acceptent de se rallier et passent derrière la garde armée. Il ne reste bientôt plus qu'une trentaine d'irréductibles qui finissent par se disperser à leur tour, un par un.
Cette fois, tout est terminé.
Voici donc un éclairage sur la première vague d'indiscipline dans laquelle le Waldeck Rousseau est impliqué. Un second mouvement de mutineries aura lieu à partir de juin suivant, avec des incidents en Métropole, des manifestations dans les ports, la révolte de la Provence, des incidents sur le Voltaire, et, bien entendu, la mutinerie du Guichen et sur bien d'autres bâtiments, évènements détaillés dans l'ouvrage précité.

Sources :
« Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, Tome II », 1870-2006, CF Jean-Michel Roche
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