SURCOUF - D621 (1954-1972)
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SURCOUF - D621 (1954-1972)
Tout le monde sait que nous sommes le 06 juin et que nous commémorons le débarquement des troupes alliées sur nos plages Normandes , ce afin de libérer notre Pays du joug Nazi.
Mais est-ce que vous vous souvenez que jour pour jour 27 ans plus tard, un autre drame se produisait ?
En effet au large de Carthagéne (port Ibérique), notre Escorteur d'Escadre N° de coque D 621 baptisé SURCOUF, était éperonné par un pétrolier soviétique du nom de Général Boucharov.
Résultat: 09 marins décédés et un très gravement blessé.
Par ce post, je voudrai que nous ayons une pensée, pour ces marins disparus, mais aussi pour les rescapés et plus particulièrement pour celui qui était à la barre au moment de l'accident...Je le connais personnellement, j'ai toujours des relations avec lui, nous avons la même spé, nous sommes du même BE, nous avons fais le même métier et je puis vous dire que 40 ans après, il ne s'en est toujours pas remis...alors qu'il n'y était pour rien dans ce drame.
Je vous demande donc d'avoir une pensée pour ces marins disparus, alors qu'ils ne faisaient que le boulot.
J'en profite pour vous mettre en garde en ce qui concerne vos réponses.... en un mot " pas de polémique"..merci de votre compréhension.
Mais est-ce que vous vous souvenez que jour pour jour 27 ans plus tard, un autre drame se produisait ?
En effet au large de Carthagéne (port Ibérique), notre Escorteur d'Escadre N° de coque D 621 baptisé SURCOUF, était éperonné par un pétrolier soviétique du nom de Général Boucharov.
Résultat: 09 marins décédés et un très gravement blessé.
Par ce post, je voudrai que nous ayons une pensée, pour ces marins disparus, mais aussi pour les rescapés et plus particulièrement pour celui qui était à la barre au moment de l'accident...Je le connais personnellement, j'ai toujours des relations avec lui, nous avons la même spé, nous sommes du même BE, nous avons fais le même métier et je puis vous dire que 40 ans après, il ne s'en est toujours pas remis...alors qu'il n'y était pour rien dans ce drame.
Je vous demande donc d'avoir une pensée pour ces marins disparus, alors qu'ils ne faisaient que le boulot.
J'en profite pour vous mettre en garde en ce qui concerne vos réponses.... en un mot " pas de polémique"..merci de votre compréhension.
Dernière édition par Jean-Paul le Lun 6 Juin 2011 - 20:03, édité 1 fois
jean-paul- Fondateur et Administrateur
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joel16- Permanent
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SURCOUF - D621 (1954-1972) : ce qu'il faut avoir lu ou vu
- "Les escorteurs d'escadre" par Jean MOULIN et Robert DUMAS
MARINES Editions - 1997
- "100 ans de torpilleurs" par Luc FERON
MARINES Editions - Marines Magazine HS n° 1 de 04/2002 "100 ans de Marine Française - torpilleurs, contre-torpilleurs, escorteurs, cuirassés"
- "La Marine à Brest : Escadre Légère 1958-1965" par Robert DUMAS
LELA PRESSE - Navires & Histoire HS n° 7 de 06/2007
- "Suez 1956 : de "Télescope" au "Cessez-le-feu"" par Frédéric STAHL
LELA Presse - Navires & Histoire n° 40 de 02/2007
- http://www.netmarine.net/bat/ee/surcouf/index.htm
- http://www.alabordache.fr/marine/espacemarine/desarme/escorteurdescadre/surcouf-ee/
MARINES Editions - 1997
- "100 ans de torpilleurs" par Luc FERON
MARINES Editions - Marines Magazine HS n° 1 de 04/2002 "100 ans de Marine Française - torpilleurs, contre-torpilleurs, escorteurs, cuirassés"
- "La Marine à Brest : Escadre Légère 1958-1965" par Robert DUMAS
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- "Suez 1956 : de "Télescope" au "Cessez-le-feu"" par Frédéric STAHL
LELA Presse - Navires & Histoire n° 40 de 02/2007
- http://www.netmarine.net/bat/ee/surcouf/index.htm
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Patrick le SCOUARNEC- Administrateur - Responsable du foyer
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BRAI Alain- Permanent
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Re: SURCOUF - D621 (1954-1972)
Version origine...
Patrick le SCOUARNEC- Administrateur - Responsable du foyer
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Re: SURCOUF - D621 (1954-1972)
et juste derrière c'est un liberty chip?
jean-paul- Fondateur et Administrateur
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Re: SURCOUF - D621 (1954-1972)
Farpaitement !
Patrick le SCOUARNEC- Administrateur - Responsable du foyer
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Re: SURCOUF - D621 (1954-1972)
merci d'avoir mis cette vidéo, malgré le temps écoulé, je suis toujours effrayé de ce quart à la passerelle et savoir que des marins ont vécu ce déroulement tragique
marienneau jean-michel- Sur le bord
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Re: SURCOUF - D621 (1954-1972)
Merci.
Un camarde de mon BE était à la barre lors de la collision.
Nous nous sommes retrouvés et continuons à mous coutoyer. Je puis vous dire qu'il est toujours traumatisé culpabilisant, encore.
Lorsque nous nous voyons, nous évitons de parler de ce drame.
Je puis vous dire que la marine ne lui a pas fait de cadeau, suite à l'enquête qui suivit, où il a témoigné. Lui sait exactement ce qui c'est passé en passerelle......
Alors que je me trouvais à bord du BDC ARGENS, nous avons eu pour mission de nous rendre à Cartagéna afin de récurer toutes les munitions du Surcouf et ce qui restait de mazout.
Un camarde de mon BE était à la barre lors de la collision.
Nous nous sommes retrouvés et continuons à mous coutoyer. Je puis vous dire qu'il est toujours traumatisé culpabilisant, encore.
Lorsque nous nous voyons, nous évitons de parler de ce drame.
Je puis vous dire que la marine ne lui a pas fait de cadeau, suite à l'enquête qui suivit, où il a témoigné. Lui sait exactement ce qui c'est passé en passerelle......
Alors que je me trouvais à bord du BDC ARGENS, nous avons eu pour mission de nous rendre à Cartagéna afin de récurer toutes les munitions du Surcouf et ce qui restait de mazout.
jean-paul- Fondateur et Administrateur
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jean-paul- Fondateur et Administrateur
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marienneau jean-michel aime ce message
Re: SURCOUF - D621 (1954-1972)
Je mets à suivre les témoignages "poignants", de quelques rescapés, que m'a fait parvenir notre bon Pampi.
Ayons une pensée pour nos camardes disparus dans ce drame.
Bien triste souvenir pour notre Marine.
Pour ceux qui le connaissent, Le QM Radio Yvon Priou était à bord à cette époque.
>
>
Pour ne pas oublier. Il y a 50 ans le 6 juin 1971.
J'étais présent le 06 juin 1971 sur le Surcouf, au moment de la collision J'étais donc de quart de 4 h 00 à 8 h 00. Après avoir fait mes classes à Hourtin, le matelot MAUDUIT daniel a embarqué le 4 septembre 1970 comme marin appelé comme mécanicien au service extérieur entretien et secrétariat à la machine arrière en mer.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1971, à 4 h. 07, l'escorteur d'escadre Surcouf de la marine nationale entrait en collision avec un pétrolier soviétique, le Général l Boucharov au large de Carthagène, en Méditerranée occidentale
Des témoignages d'anciens marins du EE SURCOUF, EE TARTU, l'ARROMANCHES et Pétrolier ravitailleur d'escadre La Saône. Sources Net Marine, Wikipedia, Alabordache, Copains d'avant et Anciens Cols Bleus, Pompons Rouges et site Youtube.
Dans notre malheur, il a percuté l'endroit où il y avait le moins de monde et je n'ose imaginer s'il avait touché la soute à torpilles ????
"Le commandant du Surcouf était le CF Accary.
Ce que qui est sûr c'est que l'officier de quart, un LV canonnier (qui était sur le "Clem" avant) était un alcoolo invétéré. (Je ne le nommerais pas, par pudeur) Il a commencé par virer l'officier de quart en second. Et d'après le barreur, présent au procès. Il se serait endormi dans son fauteuil... peu avant la collision. (Il se serait d'ailleurs saisi d'une arme et a voulu se flinguer.. notre ami bosco l'a empêché.) .Je lui ai parlé à Toulon. Il a assumé et a reconnu les faits. Il a été viré de la marine. IL a dû avoir des remords toute sa vie.
Une autre anecdote : un officier de l'état-major a vu l'étrave du bateau russe, au moment du choc, s'avancer vers sa bannette, il a eu la présence d'esprit de sauter sur l'autre navire... et, quand celui-ci a reculé, on le voyait, en pyjama, faire des signes. (Il s'est précipité à la passerelle et aurait été accueilli par des hommes armés. Qui l'en ont empêché.) Ce brise -glace russe n'était pas là par hasard... "P'tit Louis"
Un autre témoignage:
Cela sûrement déjà été dit mais le SURCOUF naviguait cette nuit-là en formation avec d'autres escorteurs dont le TARTU et l'ARROMANCHES en direction de TOULON.
Au CO le service DET était en régime NAVIGATION c'est à dire que nous marchions par DIVISION et par quart de deux heures : 20/22, 22/24, 00/02, 02/04, 04/06, 06/08.
Au sein de la formation le SURCOUF était de GARDE HÔTEL c'est à dire qu'il devait assurer une veille de surface pour toute la formation.
Cette mission supplémentaire nous obligeait à mettre en œuvre la table traçante et à reporter les positions des échos radars.
Cela peut faire sourire, mais je vous l'assure c'est vrai.
J'étais donc de quart de 0 à 2 avec Alain Roy QM 2 et un appelé GRAVIER qu'il me pardonne je ne me souviens pas son prénom et avant de quitter le quart vers 01h50 nous avons détecté ce bateau à environ 16 nautiques, il était déjà en CPA nul avec nous (c'est à dire ne route de collision) et l'information a été transmise à la passerelle mais aussi à tous les bâtiments de la formation.
Nous avons donc quitté notre quart à 02h00 et à 04h05 un choc effroyable, entrainant le Surcouf à la fois dans un gite sur bâbord et l'enfonçant dans la mer pas beaucoup mais nous avons senti le bateau s'enfoncer d'un à deux mètres...
Il n'y a bien sur plus de courant, la coursive avant est irrespirable, il y a de la vapeur, une odeur âcre de vapeur de fuel gagne rapidement toute le partie avant.
Je sors nu comme un vers par la trappe des sanitaires avant, l'équipage sort et afflue sur la plage avant.
Nous sommes tous hébétés, hagards, on cherche à voir, à savoir...
Le Boucharov est à une cinquantaine de mètres sur tribord, mais on ne distingue que ses feux, j'essaye de voir l'arrière du SURCOUF, il fait noir je ne m'imagine pas la gravité de ce qui nous arrive.
Le premier-maitre ELARME me renvoie m'habiller et je redescends donc au poste 2, je retrouve mon treillis et m'habille.
Lorsque le remonte sur la plage avant un groupe s'occupe du boulanger, je vois la bonbonne de tafia sur le pont en libre-service, je m'avance sur les coursives extérieure tribord, là où sont les tangons, je vois l'arrière du SURCOUF qui oscille au gré de la houle, je n'ose pas m'avancer jusqu’à la brèche.
Les mouvements du bateau par la mer provoquent un bruit de tôles qui s'entrechoquent et se plient à l'endroit de la fracture.
Puis comme les copains nous rejoignons la plage arrière d'où nous sommes évacués vers le TARTU. La tentative de remorquage échoue nous assistons à la rupture entre la partie avant et l'arrière.
L'étrave se relève vers le ciel et s'enfonce inexorablement, puis disparait en une vingtaine de minutes.
Tous les équipages des autres bateaux assistent à cette agonie comme s'ils rendaient un dernier hommage à leur ancien bateau ou à une partie de leur flotte.
Dans un silence de mort quelques-uns d'entre nous pleurent, les autres contemplent impuissants...
Pour la petite histoire et ayant tout perdu, mes affaires perso, ma dotation l'année suivante "la prime de sac" nous a été supprimée exactement comme si j'avais perdu mon sac sur le quai d'une gare. "Lolo56"
N'oublions pas les victimes...:
SM Jean MARTY Ouessant.
SM Gabriel BOUCHER Brest.
QM Gustave L'HOSTIS Brest.
QM Patrick SEMOISE Epernay.
QM Yves BARBE Massy Palaiseau.
Matelot Jean Pierre LAIR Narbonne.
Matelot Roger RUMERER Bâle.
Matelot Serge MAURICE Florange.
Tous dans les machines.
Matelot Jean Jacques GOUDON Chalette Sur Loing. Sécurité
Et le :
QM GREFFIN La Boulange de Brest, décédé à Lyon, suite de brulures.
PETIT LOUIS
Pas de problème pour vous éclairer.
Je vais faire bref, car il faudrait des pages et des pages pour tout raconter.
J'étais de quart au radar (de minuit à quatre), classique. Cela faisait un moment que j'avais repéré un navire qui faisait route de collision avec nous. J’ai signalé cela à la passerelle, comme d'habitude. Ils avaient pris bonne note de ce fait. Vers 4h00 du mat, j'appelle une dernière fois la passerelle. Ils me répondent qu'ils ont vu le navire et qu'ils passent en veille optique. Je descends au poste voir si mon remplaçant est bien réveillé. Son retard nous a sauvés la vie à tous les deux. Car, vers 4h05, il y a eu cette collision, et l'endroit où se faisait le quart radar (le CO) : suspect: a été broyé, tout comme la chaufferie où se trouvaient les mécanos de quart.
Coup de chance, si l'on peut dire, c'est à ce point d'impact qu'il y avait le moins de monde. La chaufferie, la boulangerie. Et le Central OPS déserté. S'il avait touché un des postes d'équipage, avant ou arrière, il y aurait eu beaucoup plus de victimes.
La faute vient de l'officier de quart ( un LV canonnier que je ne nommerai pas) qui n'a pas donner la bonne consigne pour dévier la route ( l'autre était en pilote automatique) Il ne s'est pas dérobé et n'a pas caché son erreur. Je crois qu'il a été viré de la marine.
En tout cas, ils m'ont fait des misères et voulait me condamner pour abandon de poste. J'ai finalement été innocenté.
Cela reste un souvenir très pénible. Même 36 ans plus tard. : Suspect:
Je confirme que l'accident a eu lieu le 6 juin 1971.
Nous étions assez nombreux à bord (près de 300) je ne me rappelle plus de tous les noms.
C'est vrai que cette histoire n'a pas fait beaucoup de bruits. Quelques entrefilets dans les journaux locaux. On en parlerait beaucoup plus aujourd'hui.
Rendez- vous compte ! Un escorteur d'escadre qui coule en méditerranée, en pleine paix, par beau temps. Par la faute d'un officier véreux (on a dit qu'il était bourré.. je ne peux pas le confirmer..). Avec des morts et des blessés ! La honte pour la Marine.
Quant à moi, j'ai longtemps culpabilisé. Et je culpabilise encore. Je me disais qu'il suffisait de monter à la passerelle et de faire moi-même la manœuvre d'évitement. Enfin, j'ai fait confiance, il y avait l'homme de barre, qui, lui, ne voit rien. L’officier de quart, et deux veilleurs.
En fait le bateau russe venait de bâbord, il suffisait de mettre la barre légèrement à droite et il passait derrière.
Mais si on pouvait tout savoir, et tout prévoir....
Merci les gars pour les photos. Merci à Fanch pour les liens, mais, comme tu as pu le constater... je suis inscrit sur ce site, j'ai retrouvé 3 anciens : Verbregue, Basone et Caudal, un détecteur, qui habite Vannes... et que je vois de temps en temps.
3 sur 300. C’est peu. Il en reste.
En tous cas, pas un n'a oublié cette tragédie... On voit nettement sur les photos, l'importance du choc.
J'ai toujours des pensées pour les camarades mécanos qui sont restés dans les tôles broyées, ainsi que pour mon ami, le Chouf Boulanger (qui était avec moi sur le Clem, en 68 à Mururoa) brûlé au troisième degré, à qui j'ai tenu compagnie jusqu'à son évacuation, par hélicoptère, et qui est décédé quelques jours plus tard...
Le temps passe. On n'oublie pas
Merci à Tinto et bidel pour ces photos que je n'avais jamais vues.
Que de souvenirs remontent à surface! Oui j'ai connu un mécano qui s'appelait Sermoise et qui a disparu.
Je revois toute cette agitation sur le pont, au moment de l'embarque ment dans les canots de La Saône et de l'Arromanche (nous étions en convoi).
Je revois la queue des officiers avec leurs brassières, attendant sans rien faire, leur évacuation en hélicoptère. Le seul officier que j'ai vu s'activer et participer au sauvetage des blessés fut le commandant en second, le capitaine de corvette Lecointre. Je lui rends ici hommage. (Tous les autres ne pensaient qu'à quitter rapidement le navire qui se disloquait.) Il est resté jusqu'au dernier moment, juste avant que l'avant ne détache et commence à couler, nous n'étions plus que trois à bord (de la partie AV) Moi, le CC Lecointre et un appelé du poste AV dont j'ai oublié le nom, mais pas le visage.
Seuls les hommes d'équipage et les officiers mariniers se sont montrés dignes. Aucune panique, aucune plainte.
Je nous revois ce petit matin, vers 08H00, dans les canots, en train de regarder la partie avant se détacher nettement, couler lentement d'abord. Puis se mettre à la verticale et couler rapidement. À pic. Une grande gerbe d'eau. Puis le silence un silence de mort. Tous les rescapés regardaient cela, sans rien dire. Une tristesse infinie dans les regards.
Et, tout à coup la mer s'est recouverte d'une foule d'objets flottants, bouts de bois, papiers, livres, vêtements. Tout ce qu'il avait dans ses entrailles et qu'il recrachait au grand jour. Tous nos souvenirs, nos affaires. Que nous n'avions pas pu sauver s'étalaient là, sous nos yeux ébahis.
C'était vraiment très impressionnant !
Je répondrais à Yann 62, que nous étions bien 2 de quart au CO : un chef de quart et un matelot (souvent un appelé). En tout cas, en navigation "classique". Bien sûr, en exercice, il y avait beaucoup de monde.
Moi, j'étais parti voir si la relève était réveillée, l'autre de quart était aux toilettes. Celui qui me remplaçait arrivait au CO et a été légèrement blessé. Il était présent au procès qui a suivi.
Quant au "Sacos", je ne les ai jamais vus contrôler la relève. Sur aucun de mes embarquements, d'ailleurs.
Au procès, tous ont confirmé que le CO avait transmis depuis longtemps et régulièrement l'information classique : "bâtiment tel azimut, tel distance, CPA nul, c'est à dire route de collision. (Nous suivions ce bateau depuis plus de 32 miles environ, soit 2 heures) C'était à la passerelle de faire le nécessaire ensuite et de modifier la route ou la vitesse (d’après le barreur, présent au moment des faits, 10 degré à droite aurait suffi.
Comme quoi ça tient à peu de chose
Après avoir suivi des commissions d'enquêtes et le procès, je peux dire que beaucoup de témoignages se sont confirmés et recoupés. Mais comme le dit Joel Chandelier, rien n'est jamais sûr.
Il y a eu tout un concours de circonstances qui ont provoqué cette catastrophe.
Que faisait ce bâtiment soviétique, brise-glace, en méditerranée ? Ce qui est sûr, c'est qu'il était hérissé d'antennes et qu'il avait plusieurs fois coupé la route de l'escadre, confirmé par le commandant du Tartu.
L'officier supérieur qui s'est retrouvé sur le "Général Boucharov" a confirmé qu'on lui a interdit l'accès à la passerelle par des hommes armés de PM.
Il y a prescription maintenant, mais il faut savoir que nous étions en pleine guerre froide.
Bien sûr, ils ne voulaient pas nous éperonner, (il était depuis un bon moment en machine arrière toute.. heureusement, car le choc aurait été beaucoup plus important.) Il pensait passer devant. Et la faute en incombe à notre officier de quart. Qui a été défaillant. Et n'a pas fait tout ce qu'il fallait.
L'homme de barre, lui, ne voyait rien et j'ai appris par la suite que le veilleur optique était daltonien. . Tout ceci est exact.
Je confirme que j'ai connu Spenlihauer, un DSM, qui était, comme moi, à l'avant.
Bien sûr, nous avons perdu beaucoup de choses dans ce naufrage, mais il faut relativiser, nous avons eu la vie sauve. Et j'ai une pensée pour tous ces amis innocents qui ont perdu la vie en pleine force de l'âge.
J'ai correspondu récemment avec Annick Sermoise, la sœur de Patrick, un de nos camarades disparus et qui cherchait des témoignages de l'époque.
Dans notre malheur, il a percuté l'endroit où il y avait le moins de monde et je n'ose imaginer s'il avait touché la soute à torpilles.
LE RIPAL
J’étais présent sur l'Arromanches au moment des faits, et il nous a fallu mettre les zodiacs à l'eau pour intervention, au cas où. L’équipage a été recueilli à bord, mais combien fut longue la fin de l'étrave (elle a coulée vers 10 h AM) et nous pensions à ces malheureux prisonniers qui allaient sombrer sans rien pouvoir faire pour eux.
Hommage à ces valeureux
JEAN FRAYSSINNES
Bonjour à tous,
Je viens de découvrir ce site qui me concerne aussi, car c'est un pan de mon histoire personnelle. J’étais QM2 Radio de l'Etat-major ALESCLANT, et j'étais à bord du Surcouf, alors navire Amiral, lors de la catastrophe qui survint dans la nuit du samedi au dimanche 6 juin 1971, le jour de la fête des mères, à 4h06, peu de temps après avoir passé le détroit de Gibraltar. Opérateur radio, je venais de terminer mon quart de 00h00 à 04h00, où tout s'était bien passé, et où nous n'avions pas eu de messages particuliers. J'étais couché dans ma bannette depuis 2 minutes, nu tant il faisait chaud, lorsque j'ai entendu des craquements et senti des soubresauts. J'ai eu l'impression que le bâtiment raclait le fond de la mer. Sans réfléchir, j'ai bondi de ma bannette supérieure, le mazout m'arrivait déjà à hauteur de la taille (les cuves se trouvaient dans ma chambrée et sous le choc s'étaient ouvertes) et toujours instinctivement, je suis monté par les escaliers dans le noir absolu, en tournant toujours à gauche et me suis retrouvé sur le spardeck. Si j'avais tourné à droite, c'était la boulangerie, le lieu du choc, et je ne serais peut-être plus là pour témoigner.
Cinq minutes après moi, qui vois-je arriver sur le spardeck ? L’Amiral DAILLE (4* tout de même) en short. Le caucasse de la situation, moi à poil devant l'Amiral, ne m'est apparu immédiatement car nous avions d'autres soucis. Comme nous naviguions en escadre, les différents bâtiments étaient distants de plusieurs miles. Le Surcouf ayant été coupé en deux à 90%, il n'y avait plus d'alimentation électrique et nous ne pouvions pas envoyer de message de détresse ! Sur le Spardek, il y avait une boîte à fusées. Hélas, elles étaient toutes VERTES ! Aucune de rouge. Ce n'est qu'après de longues minutes que nous avons pu trouver une lampe torche pour faire du Scott. C'est ainsi, grâce à des signaux lumineux que nous avons pu être secourus environ 4 heures après le choc. Après, je vous passe les détails, descendre par une échelle de corde dans la mer, monter dans un canoé pneumatique, et ramer jusqu'au bâtiment qui venait nous porter secours l’Arromanches et rentrer à Toulon à petite allure car on remorquait le Surcouf. Puis soudain, l'avant s'est désolidarisé est a coulé. Le SUR avait disparu, il ne restait que le COUF (blague de l'époque)
Je suis heureux de vous faire partager mon histoire car c'est ainsi que je l'ai vécue, et, depuis 36 ans, elle reste présente à ma mémoire.
Au plaisir de lire vos commentaires
GASTON AVRILLER DCD
Bonjour à tous
En recherchant des photos du EE Surcouf, j’ai découvert le site des anciens cols -bleus avec des témoignages émouvants qui retracent le terrible accident du 6 juin 1971 entre le EE Surcouf et le brise-glace soviétique Boucharov qui a eu lieu dans le détroit de Gibraltar
Etant présent au moment de l’accident je veux vous faire part de mon témoignage.
Affecté sur le Surcouf en octobre 1970 pour mon service militaire je découvrais pour la 1ère fois un vrai bateau militaire. Ma spécialité était mécanicien BE1 service machine avant (contrôle des températures et pressions des turbines)
Le 29/041971 nous appareillons pour une croisière aux Antilles.
Au retour, le 6 juin 1971 à 4h du matin, il faisait beau, la mer était peu agitée et l’on devait arriver à Toulon dans quelques jours, de ce fait, grande forme pour prendre mon quart à 4h du matin avec 5 minutes d’avance !!Je devais apporter le registre des températures à la chaufferie avant .Au moment de m’engager sur l’échelle qui mène à la chaufferie, un mécano arrivait pour faire son quart (un Martiniquais dont j’ai oublié le nom) et m’a proposé de prendre le registre Content de l’entraide entre marins, je retournais à la“ machine avant“ sans savoir que ce geste m’a sauvé la vie.
Arrivé à mon poste ce fût le choc brutal et interminable, j’ai été “éjecté en long et en large’’ derrière les armoires électriques qui crépitaient d’étincelles. Des gros dossiers d’archives tombaient de tous les côtés ce qui m’a valu une bosse sur la tête. Légèrement choqué j’ai entendu l’ordre d’évacuation. Au court du choc une vague d’eau à envahit la salle des machines par les écoutilles du pont qui étaient ouvertes et les escaliers (ça été aussi impressionnant que le choc).
Sur le pont, l’avant du Boucharov commençait à se dégager et l’on apercevait l’énorme brèche causée par son étrave (il faisait nuit).Le Surcouf avait une gîte inquiétante et l’on était à prêt à sauter sur le pont du Boucharov. Après avoir été rassuré par un officier, j’ai été Hélitroyé sur l’Arromanches et j’ai retrouvé mes camarades qui étaient persuadés que j’étais descendu à la chaufferie avant
Que de tristes évènements, malgré tout je garde un bon souvenir du temps passé sur le Surcouf et surtout une sympathie profonde pour l’équipage, les officiers mécaniciens et autres.
Christian PACRAUD
Bonjour,
Je me nomme Christian PACRAUD, j'étais QM1 électricien d'armes sur le SURCOUF cette nuit du 6 juin, j'étais de veille optique et j'ai quitté mon quart passé minuit. Déjà le bateau Russe avait été signalé avec un CPA nul par le PC radar.
L'officier de quart au moment de l'accident était l'officier artillerie, je le connaissais bien (ce ne fut pas le meilleur que j'ai connu en 5 ans, je lui donne le nom de X). Cette nuit-là, il y a eu une fête au carré des officiers. J'ai vu la prise de quart de X, il est monté à la passerelle avec l'officier mécanicien (je crois), b****é, il est allé direct dans le fauteuil du Pacha.
J'ai quitté la passerelle pour rejoindre le poste sous la plage arrière vers les minuits 30. Je n'étais pas avec les choufs, qui eux ont failli se noyer dans le fuel lourd, il y avait les bondes en laiton des cuves, qui sous la pression de l'étrave du pétrolier ont fusées comme des bouchons de champagne, remplissant le poste de ce liquide visqueux.
J'ai retrouvé des potes qui jouaient aux tarots, j'ai fait le cinquième durant 1 ou 2 heures, nous sommes allés aux bannettes, étant chef de poste et ayant le bidel souvent sur mes fesses, j'ai trouvé qu'il était temps de faire dodo.
Je ne sais plus ce qui m'a réveillé, le bruit du choc surement, mais c'est le silence brutal surement qui m'a intrigué. J'étais le premier du poste sur le pont et j'ai vu le Russe battre arrière.
Ma première pensée, "putain en plein dans les machines" je m'en souviens comme d'hier.
Je suis redescendu dans le poste, j'ai gueulé tout le monde sur le pont avec les brassières. Je suis passé de bannettes en bannettes, certains dormaient encore, y'a pas eu de mouvement de panique.
La mer était belle, bonne visibilité. Plus rien ne fonctionnait à bord. ET de notre plage arrière nous apercevions les feux du reste de l'escadre qui continuait sa route, y'a eu un moment assez long moment d'angoisse.
C'est la première fois que je parle de ça sur un forum et je m'aperçois que peu d'anciens l'ayant vécu se manifestent.
J'ai vu la boulange brulé gravement (il est décédé à Lyon) et j'ai été à l'enterrement du maître Jean MARTY à Ouessant, je faisais partie de la garde d'honneur. Je n'ai pu retourner dans cette ile que l'année dernière.
Dès que le reste de l'escadre a été au fait de ce qui se passait, je dois dire que les secours furent bien organisés.
Une anecdote, nous étions sur l'Arromanches en route vers Carthagène. Nous dormions sur l'avant, à son arrivée en rade et lorsqu’il a mouillé, le bruit des maillons nous a réveillés en sursaut et nous étions quelques-uns à courir dans les coursives, la trouille....
Je parle de tout ça avec beaucoup d'émotions encore aujourd'hui.
Christian
Deneu Jean-Claude
Bonjour à tous,
J'étais QM1 missilier sur le Surcouf d’avril 1970 à août 1971, et présent le jour de l'accident. J'étais de quart à la veille de 20h à 24h, et si mes souvenirs sont bons c'est Urvoas (dit Tonton) qui me relevait jusqu'à 4h. C'est effectivement mon chef de service qui était de quart à la passerelle, je ne me souviens plus de son nom (mais je ne tiens pas à me le rappeler). Je me souviens très bien du moment. Je dormais au poste des choufs à l'avant, réveillé en sursaut, ce qui m'a marqué en premier c'est le silence total et le noir. En remontant du poste en arrivant dans la coursive centrale, j'ai voulu, avec d'autres copains, me diriger vers l'arrière du bateau, mais un nuage de poussière suivi de vapeur nous a fait fuir vers l'avant, c'était la panique. Certains étaient déjà dans les sanitaires avant, pour ouvrir la trappe d'accès au pont, j'ai foncé dans le poste 1, et certains essayaient d'ouvrir le trou d'homme du panneau d'accès du pont, mais impossible, le volant était bloqué, avec un autre missilier on est passé par le relais 1 de la tourelle 127mm et on a atterri sur le pont et on a ouvert les taquets du panneau avant. On c'est tous groupés sur la plage avant sans savoir ce qui se passait. Certains étaient à moitié à poil et complètement choqués, en particulier le pm canonnier qui dormait dans le petit poste dans la salle à manger des OMS, qui réveillé en sursaut a vu son caisson arraché par le Boukarof, je ne me souviens plus de son nom, il habitait à Pont Croix, il ne s'en est jamais remis.
Un officier est apparu sur le toit de la passerelle et nous a expliqué vaguement ce qui se passait en nous demandant de vérifier s'il ne manquait pas quelqu'un, et nous a demandé d'aller chercher des couvertures. On est redescendu à 2 chercher des couvertures pour les blessés.
Nous avons évacués vers l'arrière par bâbord. Je me souviens que le pont milieu était très glissant, on ne tenait pas debout, c'est l'amiral Daille qui nous aidait à passer. Personnellement j'ai été évacué par embarcation sur le Tartu, et ensuite sur l'Arromanche, direction Toulon. Après être passé aux HCC pour avoir des fringues, permissions pour tout le monde, escorté jusqu'à la gare avec interdiction formelle de communiquer. Un bureau militaire et administratif a été ouvert sur le Foch, et nous avons attendu nos nouvelles affectations. J'ai une trentaine de photos de l'accident que je voudrais bien mettre sur le forum, mais pour l'instant je ne sais pas comment faire.
Deneu Jean-Claude
Bonjour à tous ceux qui étaient à bord du SURCOUF le 6 Juin 1971.
Le SURCOUF a été mon 1er embarquement à la sortie de Maistrance, début 71.J'étais jeune QM Maistrancier (19 ans) et le souvenir que j'ai de cette date est comme beaucoup d'entre nous, marquée à vie dans ma mémoire. J'étais de quart de 00h00 à 4h00 à la machine AR, où tout s'était bien passé, puisque nous faisions route vers Toulon pour participer à la revue navale. A la fin de mon quart, je suis remonté sur le pont pour aller vers l'avant où se trouvait le poste des choufs (sur le SURCOUF, nous ne pouvions nous rendre de l'avant vers l'arrière par la coursive, il fallait passer par le pont extérieur; seul par gros temps nous pouvions passer par la machine AV).
Il y avait à peine 2 ou 3 minutes que j'étais allongé que le bâtiment a pris une gite énorme, dans un craquement assourdissant, et tout le monde s'est fait virer des bannettes... S'ensuivi un calme impressionnant, puis une ruée quasiment dans le noir vers l'avant du bateau où nous nous sommes retrouvés sur la plage AV. Je me souviens que l'équipage de l'état-major avait ses quartiers tout à l'avant, et que les trappes d'accès donnaient sur le pont avant avait été soudée, car non étanche par gros temps !!
Je ne me souviens plus comment je me suis retrouvé dehors, mais je garde le souvenir d'un chouf canonnier qui dormait au-dessus de ma bannette, un gars très corpulent dont je ne me souviens plus le nom, et qui faisait avaler des rasades de rhum ramené des Antilles d'où nous venions, à ceux qui lui semblaient un peu pâlot... je revois cette image un peu décalée assez souvent, quand il m'arrive d'aborder cet accident...
Puis, nous sommes passés par bâbord pour rejoindre l'arrière du SURCOUF, avant d'être transférés, du moins pour moi, vers le TARTU, puis sur l'ARROMANCHES une fois arrivés à Carthagène.
Faisant partie des choufs célibataires, je suis resté à Carthagène 1 mois pour préparer le remorquage vers Toulon, et surtout après y avoir désincarcéré les corps de nos camarades qui étaient enchevêtrés dans l'amas de ferraille. Il en restait 7 sur les 9 coincés dans la chaufferie Av, 2 étant partis avec la partie avant qui a sombré. De mémoire, je crois me souvenir que les 2 dont les corps n'ont pu être récupérés étaient le SM MARTY et QM L'HOSTIS.
Puis le GUEPRATE est venu à Carthagène récupérer les corps désincarcérés et remorquer le SURCOUF sur Toulon.
Parmi les disparus dans cet accident, dont il n'est plus important de chercher aujourd'hui à en connaître les circonstances précises, j'avais un très bon copain, il était chouf mécano et s'appelait Patrick SEMOISE.
Voilà, des anciens du SURCOUF, je ne me souviens (malheureusement) que de 2 noms :
- Marc BOUGOIN (QM Mécano) qui était de la région de Tours (me semble-t-il).
- Alain MOISO (QM Elarm), qui était d'ETHEL et qui est le parrain de mon 1er fils.
Pour ce dernier, nous nous sommes perdus de vue il y a plusieurs années maintenant.
Il était directeur commercial chez ALLIBERT (salons de jardin en plastique) et habitait dans la vallée de Chevreuse (78) à DAMPIERRE.
Pour terminer là mes bavardages, j'ai embarqué par la suite sur l'EE MAILLE BREZE, puis sur le PA FOCH, avant de retourner à la vie civile en Juillet 75.
J'étais sur le Surcouf quand il y a eu cet accident, je venais de terminer mon quart de 0 à 4 à la machine AR; j'ai dû passer au niveau du point d'impact 2 à 3 mn avant l'abordage, pour rejoindre le poste des choufs situé à l'avant.
J'ai été transféré d'abord sur le TARTU en mer, puis sur l'Arromanches déjà à quai à Carthagène.
Etant célibataire il m'a été demandé, comme plusieurs camarades des différents services de rejoindre le SURCOUF pour préparer son retour à Toulon.
Nous sommes restés 1 mois à Carthagène avant de revenir à Toulon, la partie arrière remorquée par le Guéprate.
Je n'avais pas 20ans, je sortais de Maistrance et c'était mon premier embarquement ; cet épisode de ma vie est resté intact dans ma mémoire.
Je me souviens parfaitement bien de Patrick SERMOISE qui était également un de mes copains.
Sans vouloir être morbide, mais c’est une image que j'ai toujours en tête, Patrick avait toujours au poignet une énorme montre, Rolex ou autre, et du fait d'être retourné à bord pour préparer le bateau afin de le ramener à Toulon, j'ai pu voir de très près dans l'amas de ferraille qui avait été la chaufferie avant, la montre de Patrick toujours attachée à son bras dépassant de la ferraille. J'ai toujours cette image dans la tête et le fait d'en parler ce soir me fait revivre ces moments douloureux
DOMINIQUE LONCLE
Bonsoir à tous,
Je me manifeste tardivement, mais moi aussi j'étais à bord du SURCOUF le 06 juin 71.
J'étais QM1 Fusco et j'ai embarqué sur ce beau bateau le 27 avril 71, juste avant notre appareillage pour les Antilles, je venais faire mon temps d'embarquement avant d'aller au CS.
C'est le QM1 miss URVOAS, pistard du poste 3 (poste des choufs) qui m'a accueilli à la coupée et accompagné jusqu'à ce poste.
J'ai tout de suite été adopté et je me rappelle de beaucoup de noms : DENEU, ULYSSE (Ménard), MEFORT et CAUDAL avec qui j'avais fait une partie de l'école des Mousses, MALGORN, HOUDEBERT, PRAT, SPENLIHAUER, KERJEAN, JOUAN, le patron bosco LE GOFF, le patron MIASM DIVERRES (cocotier) etc...
Et malheureusement ceux qui ont disparu et qui étaient au poste des choufs : SERMOISE, BARBE, GREFFIN.
Les Fusiliers nous faisions partie du Service ART., avec comme chef celui qui était de quart cette nuit du 06 juin ; l'adjudant était le PM ELARM REYNAUD, surnommé Fernand... forcément... les fusiliers du bord étaient : MTRE CHAUDY (Capitaine d'armes) absent le jour de l'accident pour participation au championnat de France de tir, SM BOUGER, CS BOURDEAUX, CS LAINE, QM2 DIMITROFF (Willy), QM2 CHRÉTIEN.
J'ai participé au désarmement du SURCOUF à Toulon.
Vu le peu de temps passé à bord et le nombre que nous étions (320 à peu prés...) je ne peux me souvenir de tout le monde...
La nuit du 06 juin 71 j'étais de quart au BSI de 00h00 à 02h00, donc couché au moment de l'accident... réveillé par un gros bruit de ferraille sans savoir ce qui pouvait bien être arrivé...
Je me revois dans la coursive centrale, être aux côtés de GREFFIN à l'infirmerie... participé à faire l'appel avec le SM BOUGER (capitaine d'armes par intérim) puis barcasse vers le TARTU et plus tard L'ARROMANCHES.
Le hasard dans la suite de ma carrière ; j'étais PM Fusco, a fait que lors de l'oral d'un concours c'est le LV DE LA FOREST D'ARMAILLES (officier DEASM) je crois ?) qui m'a accueilli dans la salle où on prenait 3 sujets à traité par la suite devant un jury, il m'a dit :
- "LONCLE on se connait je crois" ?
Réponse :
- "Oui".
Alors il m'a mis tout de suite à l'aise et en confiance... sympa de faire allusion au SURCOUF moi qui n'était que chouf à l'époque.
Amitié.
TONTON
GUIHENEUF
Je me rappelle de tout ce qui s'est passé depuis la fin de mon quart à 4 heures du matin, la descente à ma bannette et tout de suite couché cet énorme bruit de tôles broyées derrière mon dos, la sensation première qu'on venait de heurter les rochers, la lumière qui s'éteint, la vapeur qui envahit notre poste et nos pieds qui pataugeaient dans de l'eau???non du mazout...le sas du poste, en haut de l'escalier qui mène à la coursive principale fermé et tout le monde bloqué là dans le noir et la vapeur brûlante qui nous étouffait au bout d'une dizaine de minutes, la porte s'ouvre enfin, tout le monde remonte vers le pont en quatrième vitesse, nos visages nous brûlaient, il était temps de respirer l'air frais, et notre première vision d'horreur c'est le QM Greffin tenu dans la coursive par l'officier mécanicien, il est brûlé de la tête aux pieds, toute sa peau était décollée. Nous avons tous paniqué en bas en attendant que la porte s'ouvre, on croyait vraiment que le bateau coulait et que nous vivions nos derniers instants...je n'oublierais jamais. Nous sommes ensuite montés vers la passerelle, l’officier radio d'Alesclant hurlait des ordres au P.C. Trans, et le haut le télépointeur de 127 se balançait dans tous les sens au gré de la houle. De là-haut nous avons enfin compris ce qui venait de se passer, le Boucharov était là à côté, nous voyions l'arrière du Surcouf se tordre, désarticulé J’ai été évacué, en slip et couvert de mazout dans une chaloupe vers la Saône ou j'ai assisté avec les autres à l'engloutissement de la partie avant du Surcouf.
C'était il y a 38 ans mais tout est intact dans mon esprit. Yves Sermoise, Gabriel Brichet, le Maitre Jean Marty, le QM Greffin, Jean-Pierre Laire (camarade de poste avec qui j'avais joué aux cartes la veille au soir)...et les autres, j’ai toujours une pensée pour vous. Ce jour-là, si le Boucharov n'avait pas fait machine arrière au dernier moment, nous y serions tous passés... m
Hervé BLANCKAERT
Je me nomme Hervé BLANCKAERT, QM2 Radio à cette époque, mon 1er embarquement, poste 5.
Je finissais mon quart au Pc radio.
J'ai lu les différents témoignages et c'est très émouvant. Je pense très souvent à ce jour maudit, mais que dire si ce navire russe n'avait pas battu en arrière, une grande partie de nous ne serait plus. Comment cela peut-il arriver?
Je pense que le LV de quart, un nom qui ne sera jamais effacé de ma mémoire, est responsable de ce gâchis.
Je ne vais pas en rajouter, mais je sais qu'au carré, c’était un peu la fête.
Si quelqu'un est intéressé, le nom de l'officier qui s'est retrouvé sur le Russe se nommait GRANIER (CC je crois, une terreur pour les Trans), il était officier Trans à l'état-major embarqué Alesclant.
De mémoire, voici quelques noms (certains étaient sans doute débarqués avant l'accident).
AMIRAL DAILLE
CF ACHARY
CC LECOINTRE (a été pacha ou second d’un SNLE)
CC GRANIER OFFICIER TRANS ALESCLANT (s’était retrouvé sur la plage AV du Russe)
OFFICIER ART LE POLLES
OFFICIER TRANS
L.V. DE LA FOREST D’ARMAILLE
RADIO
MT CAPITAINE - SM LAINE
QM1 GUIHENEUF -QM2 PICQ – QM1 TINI – MOT OU QM2 SEITE – QM1 PRIOUX – QM1 MATHEU
TRANSMETTEUR
QM1 LODEVIS
QM1 QUEGUINEUR
TRANSFILISTE
MT BOUCHER – QM1 PETIT
TIMONIER
QM1 LHEUREUX
QM2 JOUAN
ELECTRICIEN
QM1 MONGE
MECANICIEN
MT MARTI (décédé dans l’accident)
SECU
QM1 PRAT
CANONIER
QM1 ULYSE MENARD
BOSCO
QM1 HOUDEBERT – QM1 MALGORN
FUSILIER :
MTRE CHAUDY - SM DENIS (je ne sais pas s’il était à bord) - SM BOUGER (si j’ai bonne mémoire il s’était blessé à la tête aux Saintes je crois en plongeant, je me souviens de son bandage autour de la tête)
ELARM
PM REYNAUD
DETECTEUR
QM1 QUENIN
DANIEL EBERLE
De Toulon, à bord du Guépratte, nous étions venus à la rencontre de l'Escadre de l'Atlantique qui avait été conviée à la revue navale qui devait avoir lieu au large. En attendant, nous devions faire des exercices jusqu'à l'arrivée au Port, lorsque cette tragédie est arrivée.
Nous avons accompagné l'arrière du Surcouf jusqu'à Carthagène où les autorités nous ont assigné le quai "à charbon" au fond du port pour assurer la surveillance de cette pauvre coque où parmi les tôles tordues il y avait les dépouilles mortelles de nos camarades. Une bâche a été tendue de haut en bas pour les épargner à la vue dans l'attente de pouvoir découper les tôles qui les emprisonnaient. Opération qui n'a pu se dérouler qu'après le débarquement des munitions notamment des torpilles et du mazout - il me semble 2 à 3 jours - Enfin, nos camarades ont pu être dégagés pour recevoir les soins de conservation appropriés à la morgue locale. Les cercueils ont été disposés sur la plage arrière du Guépratte avec la présence permanente d'une garde d'honneur. Le convoi formé par le Surcouf en remorque s'est ébranlé le lendemain matin de très bonne heure et c'est très tard le soir que nous sommes arrivés à TOULON;
Triste souvenir et mes pensées vont une fois encore vers nos camarades, qui reposent en paix depuis 36 ans déjà.
Je me rappelle assez bien ce matin du 6 juin 1971, vers 04h15, lorsque mon camarade HPB vint me réveiller en me secouant, et me disant :" Yvon debout, le Surcouf est en train de sombrer".
Nous étions à bord de l'Arro, revenant d'une mission dans les caraïbes, qui nous avait menés de Guyane à FDF en passant par les Saintes, et Basse-Terre.
En partant de métropole, nous avions embarqué une palanquée de gendarmes, qui allaient en renfort, pour cause de manif assez violentes dans les iles.
Le 6 juin nous étions en train de passer Gibraltar, lorsque mon camarade me secoua.
Au début, j'ai commencé par l'envoyer paître, mais comme il insistait, je me suis quand même levé lorsqu'il a précisé :" magnes-toi on décolle dans 10 minutes on nous attend pour le briefing en salle d'alerte."
Effectivement le pacha était en salle d'alerte avec une tête de circonstance. Le briefing fût rapide, vous décollez, allez sur zone et récupérez le plus de monde.........
J'ai rejoint le pont d'envol, en compagnie des PM M et O, les pilotes, et nous avons décollé. Nous avons treuillez plage avant, le personnel qui s'était trouvé isolé après la collision. trois rotations de 7, soit 21 hommes, le dernier étant un corvettard avec une sacoche que je supposais être les DC. La sarabande a duré 1.2heure. Puis nous nous sommes posés pour refaire les plein et nous avons embarqué un photographe. Nous sommes allé photographier et filmer le russe, et alors que nous allions regagner l'Arro, l'avant du Surcouf s'est séparée de l'arrière, l'étrave est montée vers le ciel, et s'est tranquillement enfoncée dans les flots. Image indélébile..........
On a logé les rescapés dans les lits des gendarmes qui avaient été dressés dans le hangar avant, et on a fait route vers Carthagène. Un peu plus tard dans la journée, un hélico a décollé vers Carthagène avec à son bord un grand brulé, qui devait être le QM1 boulanger (là je n'en suis pas sûr).
Cela m'a marqué profondément, d'autant que j'avais été embarqué sur le Surcouf en 69, pour un stage embarqué avec justement mon camarade HPB cité plus haut, et que j'avais passé du bon temps (quand je n'étais pas malade.......).
marathon
Ancien de l'arromanches, je me souviens bien de ce dimanche matin jour de "fête des mères", ou le Surcouf a été coupé en deux. Jamais les helicots n'ont été mis en l'air aussi rapidement. J'ai souvenir de 2 gars sévèrement brulé que les helicots ont ramené. Je crois aussi que le Surcouf était navire amiral à ce moment.
ettori
Vrai que cela pour toi et bien d'autres sur place l'agonie du Surcouf a dû être terrible.
Même mon père à ce moment-là rageait je m'en souviens très bien, mais de plus cet escorteur d'escadre avait eu une vie hors du commun et d'exception pour un tel bâtiment que ce soit par le bâtiment lui-même mais également pour le commandement reçu notamment en 62 car c'est un fait rare dans toutes marines.
Le Surcouf engagé alors dans la guerre d’Algérie était commandé à ce moment-là par le capitaine de Frégate PICARD-DESTELON.
Et ce dernier a fait un refus d'obéissance et cela en temps de guerre !
En effet ayant reçu l'ordre de pilonner tout le quartier de Bab-El-Oued qu'il juge meurtrier, ignoble vis à vis d'une population civile, il donne l'ordre de tourner les canons vers le large !
Quand je dis que cet escorteur a eu une vie hors du commun c'est également le fait des abordages successifs qu'il a subit.
En mars 60 au sud de GROIS il est abordé par un cargo de chez nous le LEOGNAN plus de peur que de mal mais de très sérieux dégâts.
La malchance le suit à la trace dix ans après cette fois c'est le pétrolier russe Le Gal BOUCHAROV qui l'aborde et le coupe quasiment en deux, cela se passait au large de Carthagène, beaucoup de polémiques sur cet abordage à l'époque bilan lourd 9 disparus, 1 blessé grave, on a tenté le tout pour le tout afin de le remorquer c'est le Tartu qui en est chargé mais malheureusement l'avant du navire se détache cette fois et coule en ne laissant que l'arrière.
C'est donc l'arrière qui rejoint son port de base Toulon mais à quoi bon ! Le 5 mai 72 il devient le Q495
Alors il ne partira pas pour le cimetière des navires, il ne sera pas ferraillé, la marine nationale a telles voulu lui rendre une fin plus noble celle du guerrier qui tombe au combat ? Je ne sais ce que vous en pensez-vous même, mais il sert finalement de cible et c'est un exocet qui aura mis fin à son existence
Juannes Chauvin
Bonjour, ... J'étais également présent sur l'Escorteur d'Escadre le SURCOUF, ce 6 juin 1971, ... jour de la collision, avec le pétrolier Boucharov !. (4H07). Simple appelé (matricule 71 3051), je travaillais seul ... à la "buanderie" !. (Je lavai tout le linge à bord. vareuses, pantalons, T short rayés, ... et même quelques "effets perso", de certains matelots) et ... j'étais très Heureux, car je n'étais JAMAIS de "quart" ! (en mer et à quai !). J'ai mille anecdotes ... qui me reviennent en tête ! .... C'était trop beau !
Il y a 1 an
Merci et Bravo pour ce reportage.... très intéressant !
J'arrive à bientôt 70 ans, pour découvrir, que ... de telles photos existent. (Des photos inconnues pour moi, bien sûr, ... mais surtout d'une qualité rare !) (Merci Claude KECH et JC DENEU)
J'effectuais mon SNM (Service National Militaire), et j'étais présent sur l'escorteur le SURCOUF ce jour du 6 juin 1971. (Jour de la collision)
Nous revenions d'un "merveilleux voyage" ! (Porto-Rico - Fort De France - Les Saintes - St Martin - St Barthélémy) et ... notre voyage se termina ainsi !
Personnellement, J'ai ensuite été "récupéré" (en canot) sur l'escorteur Le Tartu, ... puis, en fin de matinée, direction Carthagène (Espagne), en tractant l’arrière du Surcouf, ... puis Toulon !
"" Quel Souvenir .......... !"" . Bilan, ... = 9 morts, + 1 très grand brulé ! (de mémoire, il s'appelait Griffin ! C'était le "boulanger" du bord ! ... ce matin-là, il s'était levé plus tôt, pour faire des "croissants" pour tout l’équipage, ... car le 6 juin 1971... C’était le jour de la "fête des mères !».
Quels ont été les responsables de cette catastrophe .... ??
Aujourd'hui, sommes-nous encore nombreux à pouvoir témoigner ?
Bonjour,
Des témoignages d'anciens marins:
"Le commandant du Surcouf était le CF Accary.
Ce que qui est sûr c'est que l'officier de quart, un LV canonnier (qui était sur le "Clem" avant) était un alcoolo invétéré. (Je ne le nommerais pas, par pudeur) Il a commencé par virer l'officier de quart en second. Et d'après le barreur, présent au procès. Il se serait endormi dans son fauteuil... peu avant la collision. (Il se serait d'ailleurs saisi d'une arme et a voulu se flinguer.. notre ami bosco l'a empêché.) .Je lui ai parlé à Toulon. Il a assumé et a reconnu les faits. Il a été viré de la marine. IL a dû avoir des remords toute sa vie.
Une autre anecdote : un officier de l'état-major a vu l'étrave du bateau russe, au moment du choc, s'avancer vers sa bannette, il a eu la présence d'esprit de sauter sur l'autre navire... et, quand celui-ci a reculé, on le voyait, en pyjama, faire des signes. (Il s'est précipité à la passerelle et aurait été accueilli par des hommes armés. qui l'en ont empêché.) Ce brise -glace russe n'était pas là par hasard... "P'tit Louis"
Un autre témoignage:
Cela sûrement déjà été dit mais le SURCOUF naviguait cette nuit-là en formation avec d'autres escorteurs dont le TARTU et l'ARROMANCHES en direction de TOULON.
Au CO le service DET était en régime NAVIGATION c'est à dire que nous marchions par DIVISION et par quart de deux heures : 20/22, 22/24, 00/02, 02/04, 04/06, 06/08.
Au sein de la formation le SURCOUF était de GARDE HÔTEL c'est à dire qu'il devait assurer une veille de surface pour toute la formation.
Cette mission supplémentaire nous obligeait à mettre en œuvre la table traçante et à reporter les positions des échos radars.
Cela peut faire sourire, mais je vous l'assure c'est vrai.
J'étais donc de quart de 0 à 2 avec Alain Roy QM 2 et un appelé GRAVIER qu'il me pardonne je ne me souviens pas son prénom et avant de quitter le quart vers 01h50 nous avons détecté ce bateau à environ 16 nautiques, il était déjà en CPA nul avec nous (c'est à dire ne route de collision) et l'information a été transmise à la passerelle mais aussi à tous les bâtiments de la formation.
Nous avons donc quitté notre quart à 02h00 et à 04h05 un choc effroyable, entrainant le Surcouf à la fois dans un gite sur bâbord et l'enfonçant dans la mer pas beaucoup mais nous avons senti le bateau s'enfoncer d'un à deux mètres...
Il n'y a bien sur plus de courant, la coursive avant est irrespirable, il y a de la vapeur, une odeur âcre de vapeur de fuel gagne rapidement toute le partie avant.
Je sors nu comme un vers par la trappe des sanitaires avant, l'équipage sort et afflue sur la plage avant.
Nous sommes tous hébétés, hagards, on cherche à voir, à savoir...
Le Boucharov est à une cinquantaine de mètres sur tribord, mais on ne distingue que ses feux, j'essaye de voir l'arrière du SURCOUF, il fait noir je ne m'imagine pas la gravité de ce qui nous arrive.
Le premier-maitre ELARME me renvoie m'habiller et je redescends donc au poste 2, je retrouve mon treillis et m'habille.
Lorsque le remonte sur la plage avant un groupe s'occupe du boulanger, je vois la bonbonne de tafia sur le pont en libre-service, je m'avance sur les coursives extérieure tribord, là où sont les tangons, je vois l'arrière du SURCOUF qui oscille au gré de la houle, je n'ose pas m'avancer jusqu’à la brèche.
Les mouvements du bateau par la mer provoquent un bruit de tôles qui s'entrechoquent et se plient à l'endroit de la fracture.
Puis comme les copains nous rejoignons la plage arrière d'où nous sommes évacués vers le TARTU. La tentative de remorquage échoue nous assistons à la rupture entre la partie avant et l'arrière.
L'étrave se relève vers le ciel et s'enfonce inexorablement, puis disparait en une vingtaine de minutes.
Tous les équipages des autres bateaux assistent à cette agonie comme s'ils rendaient un dernier hommage à leur ancien bateau ou à une partie de leur flotte.
Dans un silence de mort quelques-uns d'entre nous pleurent, les autres contemplent impuissants...
Pour la petite histoire et ayant tout perdu, mes affaires perso, ma dotation l'année suivante "la prime de sac" nous a été supprimée exactement comme si j'avais perdu mon sac sur le quai d'une gare. "Lolo56"
N'oublions pas les victimes...:
SM Jean MARTY Ouessant.
SM Gabriel BOUCHER Brest.
QM Gustave L'HOSTIS Brest.
QM Partick SEMOISE Epernay.
QM Yves BARBE Massy Palaiseau.
Matelot Jean Pierre LAIR Narbonne.
Matelot Jean Jacques GOUDON Chalette Sur Loing.
Matelot Roger RUMERER Bâle.
Matelot Serge MAURICE Florange.
Tous dans les machines.
Et le :
QM GREFFIN La Boulange de Brest, décédé à Lyon, suite de brulures.8
ARCHIVES
Le commandant du " Surcoût " et son officier de quart comparaissent devant le tribunal des forces armées Une grave crise de recrutement
Dans la nuit du 5 au 6 juin, à 4 h. 7, l'escorteur d'escadre Surcouf de la marine nationale entrait en collision avec un pétrolier soviétique, le Général - Bocharov, au large de Carthagène, en Méditerranée occidentale. Le temps était clair. Commandé par le capitaine de frégate Accary, le Surcouf, un bâtiment de 3 800 tonnes en pleine charge, vieux de seize ans, avait à son bord le vice-amiral d'escadre DAILLE
, commandant l'escadre de l'Atlantique, qui se rendait à la revue navale du 19 juin à Toulon, sous la présidence de M. Georges Pompidou. Le lieutenant de vaisseau Le Polès était de quart. L’abordage a eu lieu dans un secteur où la navigation est intense. Le Général-Bocharov, avec son étrave renforcée comme celle d'un brise-glace soviétique, a abordé l'escorteur français, par le travers bâbord, à la vitesse de 16 nœuds environ. Il a déchiré la proue du Surcouf, pénétrant jusqu'au centre du navire, le sectionnant en deux. Neuf marins du bâtiment français, surpris aux abords de la chaufferie, ont trouvé la mort dans la collision. Un dixième, grièvement brûlé, est décédé quatre jours après dans un hôpital de Lyon où il avait dû être transporté. Après avoir proposé son assistance, le Général-Bocharov, qui a eu une voie d'eau à la hauteur de la ligne de flottaison, a pu continuer sa route en direction de Gibraltar. Le Surcouf est irrécupérable. Le 5 août, M. Michel Debré, ministre d'Etat chargé de la défense nationale, décidait de déférer le capitaine de frégate Accary et le lieutenant de vaisseau Le Polès au tribunal permanent des forces armées de Rennes, qui se réunit à huis clos ce lundi 20 décembre pour juger les responsabilités des deux officiers après le dépôt des conclusions de la commission d'enquête.
-michel joubert
Il y a 2 semaines
En ce mois de juin71, j'étais embarqué sur le Guépratte et je me souviens très bien de cet épisode car nous avons été missionner pour aller sur place et escorter ce qui restais du Surcouf jusqu'au port de Carthagène ou il fut mis en cale sèche afin de retrouver des corps coincés dans cet amas de ferraille, après avoir récupérer sept cercueils nous avons fait route sur Toulon ou nous étions attendus pour une cérémonie en l'honneur de ceux disparu, puis nous avons fait route sur Carthagène afin d'escorter le reste du Surcouf tirer par un remorqueur jusqu'à Toulon, ce sont des images que l'on ne peut pas oublier......
Les marteaux étaient dans l’eau et la faucille dans la coque du Surcouf. Triste affaire.
Il y a 1 an
Bizarrement c'est la station radio de Marine Papeete en Polynésie française (FUM) à plus de 15 000 km de Carthagène qui reçut, seule, le message de détresse du Surcouf sur le réseau fréquence FUA. Les voies de la propagation radio sont parfois impénétrables! Et j'étais l'opérateur radio FUM de service qui reçut ce message! Je me souviens bien de l'ambiance tendue dans la salle à l'arrivée de ce message Z... Nommé à mon retour de Tahiti à la direction du port de Toulon j'eu la surprise de découvrir l'arrière du Surcouf amarré devant le bâtiment de la DP. Je crois me souvenir que l'épave était remorquée en mer de temps en temps pour servir de cible aux apprentis canonniers. Entre nous nous appelions l'épave le "Couf"...
Patrick Aubouin
Il y a 1 an
AUBOUIN PATRICK BP mécanicien chaufferie AR le 06 juin 1971a 4 heures 07 j’étais ce jour la chaufferie arrière. Et de cérémonie à Toulon avec les familles.
Juannes Chauvin
Il y a 1 an
A @Patrick Aubouin. Idem. CHAUVIN Juannès (Jean). J'étais présent le 06 juin 1971 sur le Surcouf, au moment de la collision. Je dormais dans ma "bannette", dans un poste dortoir-arrière du bâtiment, et ... mon réveil fut plutôt "mouvementé" ! ... Simple matelot, la journée, je travaillais à la "buanderie"! Je me souviens très bien de deux gars ! - le premier était coiffeur à bord = TRIBOTE Robert (décédé en avril 1990), - le deuxième s'appelait = GOUDOU Jean-Jacques, décédé ... le jour même ! (le 06 juin 1971). Quelques semaines après cet "accident", ... la Marine m'a "détaché" pour aller à son enterrement + cérémonie Militaire, à ... Chalette (Montargis) (Souvenirs Pénibles !!)
- Bien amicalement à tous !
Daniel Mauduit
Il y a 3 mois
Je garde un très bon souvenir du temps passé sur le EE SURCOUF, j’ai bien connu certains matelots disparus le SM Jean MARTY, le QM Gustave LHOSTHIS, Yves BARBE qui nous avait présenté sa famille lors de notre escale à Fort de France et Jean J
et Jean Jacques GOUDOU matelot appelé chargé de le sécurité, enterré à Châlette sur Loing dans le 45 .Je faisais partie de la garde d’honneur lors de ses obsèques à Châlette sur Loing avec le Lieutenant BEAUVALOT et un marin de la région de Marseille. Quand je passe dans la région de Montargis je n’oublie pas d’aller me recueillir sur la tombe de notre ancien camarade. Je suis resté de nombreuses années en contact avec sa famille.
Jacques Rottner
il y a 8 mois
Émouvante rétrospective à l'aube du 50 éme anniversaire de cette collision pour un ancien du Surcouf , jeune officier présent à bord , moment a jamais gravé dans la mémoire d'un rescapé et souvenir pour nos camarades disparus .
Merci à cette grande famille des gens de la Mer et à ce témoignage pleins d'émotions
Erwan Lheureux
Il y a 4 jours
Après une soirée calme et fin de quart à la passerelle en tant que timonier, bien endormi dans ma bannette, me voilà réveillé par un bruit énorme de raclements...
Tout de suite debout, dans le noir, le mazout déjà au niveau des chevilles (les soutes étaient sous notre poste, les bouchons ont sautés), sans me poser de questions, au milieu des cris et des mouvements de mes compagnons de poste, je me précité à tâtons, échelles après échelles vers la passerelle. Et ô stupéfactions de voir cette étrave encastrée entre la première cheminée et la passerelle, la plage avant du pétrolier au niveau de celle-ci. (Silence impressionnant soudain)
Je tente de sauter sur le pétrolier à la suite d'un officier qui lui, réussit. Pour moi, trop tard, le Boucharov fait marche arrière (mal m'en aurait pris d'essayer vu le vide...)
Enfin nous voilà rassemblés sur la plage avant pour passer en file indienne sur l'arrière du Surcouf avant que l'avant ne se détache. Une fois à l'arrière, ne pouvant mettre les canots à la mer (treuils endommagés, etc...), les hélicos étant en priorité pour les blessés et les gradés, ce sont les barcasses du Tartu viennent à notre rescousse.
Les filets sont lancés le long du bord et nous embarquons par petits groupes.
Heureusement la mer était relativement calme.
Une fois sur le Tartu, réchauffés et revêtis (quand nous étions pour la plupart en sous-vêtements et sans gilets de sauvetages), direction Carthagène sur l'Arromanche puis par la suite Toulon....
Alain Lheureux - Timonier sur le Surcouf la nuit (Pensée à mes collegues disparus)
Hyacinthe LOUIS
Il y a 9 mois
Bonsoir Claude, je découvre votre témoignage ce soir accompagné de mon papa présent sur le Surcouf le 06 juin 1971. Louis Raymond SM2 Mécano chef de quart machines arrières. Nous aimerions retrouver des personnes présentes à ce moment-là sur le Surcouf et connaissant mon papa. Amicalement.
Branle-bas et sirènes un peu après 4h du matin, j’étais sur La Saône. Nous avions une équipe de nageurs de combat à bord, nous sommes restes derrière pour ramasser tours les papiers qui flottaient partout. Quelques jours plus tard nous devions participer Avec Le reste de l’escadre a la revue du 14 Juillet au large de Toulon devant Le président Pompidou. Apres deux mois de mer passés à faire des transferts de mazout et kérosène avec le reste de l’escadre, La Saône était plutôt sale, nous n’avons eu le temps que de nettoyer et repeindre la cote tribord du Navire pour la revue.
Moins
J'étais sur le PRE "La Saône". 3h30, réveil par le planton pour le quart de 4 à 8. 3h50, arrivé passerelle, aileron tribord, transmission des consignes, nous étions en formation de navigation. Dans mes jumelles, je regarde le trafic, nous avions passé le détroit de Gibraltar. Et puis, tout s'accélère, je vois le pétrolier "Général Boucharov" percuter le "Surcouf", j'alerte l'officier de quart. Il me semble voir des appels "en scot", l'EV m'ordonne d'aller réveiller le timonier de service, le Cdt et le Second arrivent en passerelle. Le "branle-bas" est sonné. Le Cdt constatant la gravité de la situation ordonne le rappel "au poste de combat".... la suite vous la connaissez. Je conserve ces moments en mémoire, comme si c'était hier. Le plus sombre de mon engagement dans la Royale.
Jean Claude HUE
Mon poste était machine ar. Je couchais dans le poste ar. Au dessus de moi couchait le matelot Jean Jacques Goudou,disparu dans la collision du 6juin71.Il occupait le pc sécurité au niveau du pont à l'endroit du choc.Il était libérable en juillet.
Ayons une pensée pour nos camardes disparus dans ce drame.
Bien triste souvenir pour notre Marine.
Pour ceux qui le connaissent, Le QM Radio Yvon Priou était à bord à cette époque.
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Pour ne pas oublier. Il y a 50 ans le 6 juin 1971.
J'étais présent le 06 juin 1971 sur le Surcouf, au moment de la collision J'étais donc de quart de 4 h 00 à 8 h 00. Après avoir fait mes classes à Hourtin, le matelot MAUDUIT daniel a embarqué le 4 septembre 1970 comme marin appelé comme mécanicien au service extérieur entretien et secrétariat à la machine arrière en mer.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1971, à 4 h. 07, l'escorteur d'escadre Surcouf de la marine nationale entrait en collision avec un pétrolier soviétique, le Général l Boucharov au large de Carthagène, en Méditerranée occidentale
Des témoignages d'anciens marins du EE SURCOUF, EE TARTU, l'ARROMANCHES et Pétrolier ravitailleur d'escadre La Saône. Sources Net Marine, Wikipedia, Alabordache, Copains d'avant et Anciens Cols Bleus, Pompons Rouges et site Youtube.
Dans notre malheur, il a percuté l'endroit où il y avait le moins de monde et je n'ose imaginer s'il avait touché la soute à torpilles ????
"Le commandant du Surcouf était le CF Accary.
Ce que qui est sûr c'est que l'officier de quart, un LV canonnier (qui était sur le "Clem" avant) était un alcoolo invétéré. (Je ne le nommerais pas, par pudeur) Il a commencé par virer l'officier de quart en second. Et d'après le barreur, présent au procès. Il se serait endormi dans son fauteuil... peu avant la collision. (Il se serait d'ailleurs saisi d'une arme et a voulu se flinguer.. notre ami bosco l'a empêché.) .Je lui ai parlé à Toulon. Il a assumé et a reconnu les faits. Il a été viré de la marine. IL a dû avoir des remords toute sa vie.
Une autre anecdote : un officier de l'état-major a vu l'étrave du bateau russe, au moment du choc, s'avancer vers sa bannette, il a eu la présence d'esprit de sauter sur l'autre navire... et, quand celui-ci a reculé, on le voyait, en pyjama, faire des signes. (Il s'est précipité à la passerelle et aurait été accueilli par des hommes armés. Qui l'en ont empêché.) Ce brise -glace russe n'était pas là par hasard... "P'tit Louis"
Un autre témoignage:
Cela sûrement déjà été dit mais le SURCOUF naviguait cette nuit-là en formation avec d'autres escorteurs dont le TARTU et l'ARROMANCHES en direction de TOULON.
Au CO le service DET était en régime NAVIGATION c'est à dire que nous marchions par DIVISION et par quart de deux heures : 20/22, 22/24, 00/02, 02/04, 04/06, 06/08.
Au sein de la formation le SURCOUF était de GARDE HÔTEL c'est à dire qu'il devait assurer une veille de surface pour toute la formation.
Cette mission supplémentaire nous obligeait à mettre en œuvre la table traçante et à reporter les positions des échos radars.
Cela peut faire sourire, mais je vous l'assure c'est vrai.
J'étais donc de quart de 0 à 2 avec Alain Roy QM 2 et un appelé GRAVIER qu'il me pardonne je ne me souviens pas son prénom et avant de quitter le quart vers 01h50 nous avons détecté ce bateau à environ 16 nautiques, il était déjà en CPA nul avec nous (c'est à dire ne route de collision) et l'information a été transmise à la passerelle mais aussi à tous les bâtiments de la formation.
Nous avons donc quitté notre quart à 02h00 et à 04h05 un choc effroyable, entrainant le Surcouf à la fois dans un gite sur bâbord et l'enfonçant dans la mer pas beaucoup mais nous avons senti le bateau s'enfoncer d'un à deux mètres...
Il n'y a bien sur plus de courant, la coursive avant est irrespirable, il y a de la vapeur, une odeur âcre de vapeur de fuel gagne rapidement toute le partie avant.
Je sors nu comme un vers par la trappe des sanitaires avant, l'équipage sort et afflue sur la plage avant.
Nous sommes tous hébétés, hagards, on cherche à voir, à savoir...
Le Boucharov est à une cinquantaine de mètres sur tribord, mais on ne distingue que ses feux, j'essaye de voir l'arrière du SURCOUF, il fait noir je ne m'imagine pas la gravité de ce qui nous arrive.
Le premier-maitre ELARME me renvoie m'habiller et je redescends donc au poste 2, je retrouve mon treillis et m'habille.
Lorsque le remonte sur la plage avant un groupe s'occupe du boulanger, je vois la bonbonne de tafia sur le pont en libre-service, je m'avance sur les coursives extérieure tribord, là où sont les tangons, je vois l'arrière du SURCOUF qui oscille au gré de la houle, je n'ose pas m'avancer jusqu’à la brèche.
Les mouvements du bateau par la mer provoquent un bruit de tôles qui s'entrechoquent et se plient à l'endroit de la fracture.
Puis comme les copains nous rejoignons la plage arrière d'où nous sommes évacués vers le TARTU. La tentative de remorquage échoue nous assistons à la rupture entre la partie avant et l'arrière.
L'étrave se relève vers le ciel et s'enfonce inexorablement, puis disparait en une vingtaine de minutes.
Tous les équipages des autres bateaux assistent à cette agonie comme s'ils rendaient un dernier hommage à leur ancien bateau ou à une partie de leur flotte.
Dans un silence de mort quelques-uns d'entre nous pleurent, les autres contemplent impuissants...
Pour la petite histoire et ayant tout perdu, mes affaires perso, ma dotation l'année suivante "la prime de sac" nous a été supprimée exactement comme si j'avais perdu mon sac sur le quai d'une gare. "Lolo56"
N'oublions pas les victimes...:
SM Jean MARTY Ouessant.
SM Gabriel BOUCHER Brest.
QM Gustave L'HOSTIS Brest.
QM Patrick SEMOISE Epernay.
QM Yves BARBE Massy Palaiseau.
Matelot Jean Pierre LAIR Narbonne.
Matelot Roger RUMERER Bâle.
Matelot Serge MAURICE Florange.
Tous dans les machines.
Matelot Jean Jacques GOUDON Chalette Sur Loing. Sécurité
Et le :
QM GREFFIN La Boulange de Brest, décédé à Lyon, suite de brulures.
PETIT LOUIS
Pas de problème pour vous éclairer.
Je vais faire bref, car il faudrait des pages et des pages pour tout raconter.
J'étais de quart au radar (de minuit à quatre), classique. Cela faisait un moment que j'avais repéré un navire qui faisait route de collision avec nous. J’ai signalé cela à la passerelle, comme d'habitude. Ils avaient pris bonne note de ce fait. Vers 4h00 du mat, j'appelle une dernière fois la passerelle. Ils me répondent qu'ils ont vu le navire et qu'ils passent en veille optique. Je descends au poste voir si mon remplaçant est bien réveillé. Son retard nous a sauvés la vie à tous les deux. Car, vers 4h05, il y a eu cette collision, et l'endroit où se faisait le quart radar (le CO) : suspect: a été broyé, tout comme la chaufferie où se trouvaient les mécanos de quart.
Coup de chance, si l'on peut dire, c'est à ce point d'impact qu'il y avait le moins de monde. La chaufferie, la boulangerie. Et le Central OPS déserté. S'il avait touché un des postes d'équipage, avant ou arrière, il y aurait eu beaucoup plus de victimes.
La faute vient de l'officier de quart ( un LV canonnier que je ne nommerai pas) qui n'a pas donner la bonne consigne pour dévier la route ( l'autre était en pilote automatique) Il ne s'est pas dérobé et n'a pas caché son erreur. Je crois qu'il a été viré de la marine.
En tout cas, ils m'ont fait des misères et voulait me condamner pour abandon de poste. J'ai finalement été innocenté.
Cela reste un souvenir très pénible. Même 36 ans plus tard. : Suspect:
Je confirme que l'accident a eu lieu le 6 juin 1971.
Nous étions assez nombreux à bord (près de 300) je ne me rappelle plus de tous les noms.
C'est vrai que cette histoire n'a pas fait beaucoup de bruits. Quelques entrefilets dans les journaux locaux. On en parlerait beaucoup plus aujourd'hui.
Rendez- vous compte ! Un escorteur d'escadre qui coule en méditerranée, en pleine paix, par beau temps. Par la faute d'un officier véreux (on a dit qu'il était bourré.. je ne peux pas le confirmer..). Avec des morts et des blessés ! La honte pour la Marine.
Quant à moi, j'ai longtemps culpabilisé. Et je culpabilise encore. Je me disais qu'il suffisait de monter à la passerelle et de faire moi-même la manœuvre d'évitement. Enfin, j'ai fait confiance, il y avait l'homme de barre, qui, lui, ne voit rien. L’officier de quart, et deux veilleurs.
En fait le bateau russe venait de bâbord, il suffisait de mettre la barre légèrement à droite et il passait derrière.
Mais si on pouvait tout savoir, et tout prévoir....
Merci les gars pour les photos. Merci à Fanch pour les liens, mais, comme tu as pu le constater... je suis inscrit sur ce site, j'ai retrouvé 3 anciens : Verbregue, Basone et Caudal, un détecteur, qui habite Vannes... et que je vois de temps en temps.
3 sur 300. C’est peu. Il en reste.
En tous cas, pas un n'a oublié cette tragédie... On voit nettement sur les photos, l'importance du choc.
J'ai toujours des pensées pour les camarades mécanos qui sont restés dans les tôles broyées, ainsi que pour mon ami, le Chouf Boulanger (qui était avec moi sur le Clem, en 68 à Mururoa) brûlé au troisième degré, à qui j'ai tenu compagnie jusqu'à son évacuation, par hélicoptère, et qui est décédé quelques jours plus tard...
Le temps passe. On n'oublie pas
Merci à Tinto et bidel pour ces photos que je n'avais jamais vues.
Que de souvenirs remontent à surface! Oui j'ai connu un mécano qui s'appelait Sermoise et qui a disparu.
Je revois toute cette agitation sur le pont, au moment de l'embarque ment dans les canots de La Saône et de l'Arromanche (nous étions en convoi).
Je revois la queue des officiers avec leurs brassières, attendant sans rien faire, leur évacuation en hélicoptère. Le seul officier que j'ai vu s'activer et participer au sauvetage des blessés fut le commandant en second, le capitaine de corvette Lecointre. Je lui rends ici hommage. (Tous les autres ne pensaient qu'à quitter rapidement le navire qui se disloquait.) Il est resté jusqu'au dernier moment, juste avant que l'avant ne détache et commence à couler, nous n'étions plus que trois à bord (de la partie AV) Moi, le CC Lecointre et un appelé du poste AV dont j'ai oublié le nom, mais pas le visage.
Seuls les hommes d'équipage et les officiers mariniers se sont montrés dignes. Aucune panique, aucune plainte.
Je nous revois ce petit matin, vers 08H00, dans les canots, en train de regarder la partie avant se détacher nettement, couler lentement d'abord. Puis se mettre à la verticale et couler rapidement. À pic. Une grande gerbe d'eau. Puis le silence un silence de mort. Tous les rescapés regardaient cela, sans rien dire. Une tristesse infinie dans les regards.
Et, tout à coup la mer s'est recouverte d'une foule d'objets flottants, bouts de bois, papiers, livres, vêtements. Tout ce qu'il avait dans ses entrailles et qu'il recrachait au grand jour. Tous nos souvenirs, nos affaires. Que nous n'avions pas pu sauver s'étalaient là, sous nos yeux ébahis.
C'était vraiment très impressionnant !
Je répondrais à Yann 62, que nous étions bien 2 de quart au CO : un chef de quart et un matelot (souvent un appelé). En tout cas, en navigation "classique". Bien sûr, en exercice, il y avait beaucoup de monde.
Moi, j'étais parti voir si la relève était réveillée, l'autre de quart était aux toilettes. Celui qui me remplaçait arrivait au CO et a été légèrement blessé. Il était présent au procès qui a suivi.
Quant au "Sacos", je ne les ai jamais vus contrôler la relève. Sur aucun de mes embarquements, d'ailleurs.
Au procès, tous ont confirmé que le CO avait transmis depuis longtemps et régulièrement l'information classique : "bâtiment tel azimut, tel distance, CPA nul, c'est à dire route de collision. (Nous suivions ce bateau depuis plus de 32 miles environ, soit 2 heures) C'était à la passerelle de faire le nécessaire ensuite et de modifier la route ou la vitesse (d’après le barreur, présent au moment des faits, 10 degré à droite aurait suffi.
Comme quoi ça tient à peu de chose
Après avoir suivi des commissions d'enquêtes et le procès, je peux dire que beaucoup de témoignages se sont confirmés et recoupés. Mais comme le dit Joel Chandelier, rien n'est jamais sûr.
Il y a eu tout un concours de circonstances qui ont provoqué cette catastrophe.
Que faisait ce bâtiment soviétique, brise-glace, en méditerranée ? Ce qui est sûr, c'est qu'il était hérissé d'antennes et qu'il avait plusieurs fois coupé la route de l'escadre, confirmé par le commandant du Tartu.
L'officier supérieur qui s'est retrouvé sur le "Général Boucharov" a confirmé qu'on lui a interdit l'accès à la passerelle par des hommes armés de PM.
Il y a prescription maintenant, mais il faut savoir que nous étions en pleine guerre froide.
Bien sûr, ils ne voulaient pas nous éperonner, (il était depuis un bon moment en machine arrière toute.. heureusement, car le choc aurait été beaucoup plus important.) Il pensait passer devant. Et la faute en incombe à notre officier de quart. Qui a été défaillant. Et n'a pas fait tout ce qu'il fallait.
L'homme de barre, lui, ne voyait rien et j'ai appris par la suite que le veilleur optique était daltonien. . Tout ceci est exact.
Je confirme que j'ai connu Spenlihauer, un DSM, qui était, comme moi, à l'avant.
Bien sûr, nous avons perdu beaucoup de choses dans ce naufrage, mais il faut relativiser, nous avons eu la vie sauve. Et j'ai une pensée pour tous ces amis innocents qui ont perdu la vie en pleine force de l'âge.
J'ai correspondu récemment avec Annick Sermoise, la sœur de Patrick, un de nos camarades disparus et qui cherchait des témoignages de l'époque.
Dans notre malheur, il a percuté l'endroit où il y avait le moins de monde et je n'ose imaginer s'il avait touché la soute à torpilles.
LE RIPAL
J’étais présent sur l'Arromanches au moment des faits, et il nous a fallu mettre les zodiacs à l'eau pour intervention, au cas où. L’équipage a été recueilli à bord, mais combien fut longue la fin de l'étrave (elle a coulée vers 10 h AM) et nous pensions à ces malheureux prisonniers qui allaient sombrer sans rien pouvoir faire pour eux.
Hommage à ces valeureux
JEAN FRAYSSINNES
Bonjour à tous,
Je viens de découvrir ce site qui me concerne aussi, car c'est un pan de mon histoire personnelle. J’étais QM2 Radio de l'Etat-major ALESCLANT, et j'étais à bord du Surcouf, alors navire Amiral, lors de la catastrophe qui survint dans la nuit du samedi au dimanche 6 juin 1971, le jour de la fête des mères, à 4h06, peu de temps après avoir passé le détroit de Gibraltar. Opérateur radio, je venais de terminer mon quart de 00h00 à 04h00, où tout s'était bien passé, et où nous n'avions pas eu de messages particuliers. J'étais couché dans ma bannette depuis 2 minutes, nu tant il faisait chaud, lorsque j'ai entendu des craquements et senti des soubresauts. J'ai eu l'impression que le bâtiment raclait le fond de la mer. Sans réfléchir, j'ai bondi de ma bannette supérieure, le mazout m'arrivait déjà à hauteur de la taille (les cuves se trouvaient dans ma chambrée et sous le choc s'étaient ouvertes) et toujours instinctivement, je suis monté par les escaliers dans le noir absolu, en tournant toujours à gauche et me suis retrouvé sur le spardeck. Si j'avais tourné à droite, c'était la boulangerie, le lieu du choc, et je ne serais peut-être plus là pour témoigner.
Cinq minutes après moi, qui vois-je arriver sur le spardeck ? L’Amiral DAILLE (4* tout de même) en short. Le caucasse de la situation, moi à poil devant l'Amiral, ne m'est apparu immédiatement car nous avions d'autres soucis. Comme nous naviguions en escadre, les différents bâtiments étaient distants de plusieurs miles. Le Surcouf ayant été coupé en deux à 90%, il n'y avait plus d'alimentation électrique et nous ne pouvions pas envoyer de message de détresse ! Sur le Spardek, il y avait une boîte à fusées. Hélas, elles étaient toutes VERTES ! Aucune de rouge. Ce n'est qu'après de longues minutes que nous avons pu trouver une lampe torche pour faire du Scott. C'est ainsi, grâce à des signaux lumineux que nous avons pu être secourus environ 4 heures après le choc. Après, je vous passe les détails, descendre par une échelle de corde dans la mer, monter dans un canoé pneumatique, et ramer jusqu'au bâtiment qui venait nous porter secours l’Arromanches et rentrer à Toulon à petite allure car on remorquait le Surcouf. Puis soudain, l'avant s'est désolidarisé est a coulé. Le SUR avait disparu, il ne restait que le COUF (blague de l'époque)
Je suis heureux de vous faire partager mon histoire car c'est ainsi que je l'ai vécue, et, depuis 36 ans, elle reste présente à ma mémoire.
Au plaisir de lire vos commentaires
GASTON AVRILLER DCD
Bonjour à tous
En recherchant des photos du EE Surcouf, j’ai découvert le site des anciens cols -bleus avec des témoignages émouvants qui retracent le terrible accident du 6 juin 1971 entre le EE Surcouf et le brise-glace soviétique Boucharov qui a eu lieu dans le détroit de Gibraltar
Etant présent au moment de l’accident je veux vous faire part de mon témoignage.
Affecté sur le Surcouf en octobre 1970 pour mon service militaire je découvrais pour la 1ère fois un vrai bateau militaire. Ma spécialité était mécanicien BE1 service machine avant (contrôle des températures et pressions des turbines)
Le 29/041971 nous appareillons pour une croisière aux Antilles.
Au retour, le 6 juin 1971 à 4h du matin, il faisait beau, la mer était peu agitée et l’on devait arriver à Toulon dans quelques jours, de ce fait, grande forme pour prendre mon quart à 4h du matin avec 5 minutes d’avance !!Je devais apporter le registre des températures à la chaufferie avant .Au moment de m’engager sur l’échelle qui mène à la chaufferie, un mécano arrivait pour faire son quart (un Martiniquais dont j’ai oublié le nom) et m’a proposé de prendre le registre Content de l’entraide entre marins, je retournais à la“ machine avant“ sans savoir que ce geste m’a sauvé la vie.
Arrivé à mon poste ce fût le choc brutal et interminable, j’ai été “éjecté en long et en large’’ derrière les armoires électriques qui crépitaient d’étincelles. Des gros dossiers d’archives tombaient de tous les côtés ce qui m’a valu une bosse sur la tête. Légèrement choqué j’ai entendu l’ordre d’évacuation. Au court du choc une vague d’eau à envahit la salle des machines par les écoutilles du pont qui étaient ouvertes et les escaliers (ça été aussi impressionnant que le choc).
Sur le pont, l’avant du Boucharov commençait à se dégager et l’on apercevait l’énorme brèche causée par son étrave (il faisait nuit).Le Surcouf avait une gîte inquiétante et l’on était à prêt à sauter sur le pont du Boucharov. Après avoir été rassuré par un officier, j’ai été Hélitroyé sur l’Arromanches et j’ai retrouvé mes camarades qui étaient persuadés que j’étais descendu à la chaufferie avant
Que de tristes évènements, malgré tout je garde un bon souvenir du temps passé sur le Surcouf et surtout une sympathie profonde pour l’équipage, les officiers mécaniciens et autres.
Christian PACRAUD
Bonjour,
Je me nomme Christian PACRAUD, j'étais QM1 électricien d'armes sur le SURCOUF cette nuit du 6 juin, j'étais de veille optique et j'ai quitté mon quart passé minuit. Déjà le bateau Russe avait été signalé avec un CPA nul par le PC radar.
L'officier de quart au moment de l'accident était l'officier artillerie, je le connaissais bien (ce ne fut pas le meilleur que j'ai connu en 5 ans, je lui donne le nom de X). Cette nuit-là, il y a eu une fête au carré des officiers. J'ai vu la prise de quart de X, il est monté à la passerelle avec l'officier mécanicien (je crois), b****é, il est allé direct dans le fauteuil du Pacha.
J'ai quitté la passerelle pour rejoindre le poste sous la plage arrière vers les minuits 30. Je n'étais pas avec les choufs, qui eux ont failli se noyer dans le fuel lourd, il y avait les bondes en laiton des cuves, qui sous la pression de l'étrave du pétrolier ont fusées comme des bouchons de champagne, remplissant le poste de ce liquide visqueux.
J'ai retrouvé des potes qui jouaient aux tarots, j'ai fait le cinquième durant 1 ou 2 heures, nous sommes allés aux bannettes, étant chef de poste et ayant le bidel souvent sur mes fesses, j'ai trouvé qu'il était temps de faire dodo.
Je ne sais plus ce qui m'a réveillé, le bruit du choc surement, mais c'est le silence brutal surement qui m'a intrigué. J'étais le premier du poste sur le pont et j'ai vu le Russe battre arrière.
Ma première pensée, "putain en plein dans les machines" je m'en souviens comme d'hier.
Je suis redescendu dans le poste, j'ai gueulé tout le monde sur le pont avec les brassières. Je suis passé de bannettes en bannettes, certains dormaient encore, y'a pas eu de mouvement de panique.
La mer était belle, bonne visibilité. Plus rien ne fonctionnait à bord. ET de notre plage arrière nous apercevions les feux du reste de l'escadre qui continuait sa route, y'a eu un moment assez long moment d'angoisse.
C'est la première fois que je parle de ça sur un forum et je m'aperçois que peu d'anciens l'ayant vécu se manifestent.
J'ai vu la boulange brulé gravement (il est décédé à Lyon) et j'ai été à l'enterrement du maître Jean MARTY à Ouessant, je faisais partie de la garde d'honneur. Je n'ai pu retourner dans cette ile que l'année dernière.
Dès que le reste de l'escadre a été au fait de ce qui se passait, je dois dire que les secours furent bien organisés.
Une anecdote, nous étions sur l'Arromanches en route vers Carthagène. Nous dormions sur l'avant, à son arrivée en rade et lorsqu’il a mouillé, le bruit des maillons nous a réveillés en sursaut et nous étions quelques-uns à courir dans les coursives, la trouille....
Je parle de tout ça avec beaucoup d'émotions encore aujourd'hui.
Christian
Deneu Jean-Claude
Bonjour à tous,
J'étais QM1 missilier sur le Surcouf d’avril 1970 à août 1971, et présent le jour de l'accident. J'étais de quart à la veille de 20h à 24h, et si mes souvenirs sont bons c'est Urvoas (dit Tonton) qui me relevait jusqu'à 4h. C'est effectivement mon chef de service qui était de quart à la passerelle, je ne me souviens plus de son nom (mais je ne tiens pas à me le rappeler). Je me souviens très bien du moment. Je dormais au poste des choufs à l'avant, réveillé en sursaut, ce qui m'a marqué en premier c'est le silence total et le noir. En remontant du poste en arrivant dans la coursive centrale, j'ai voulu, avec d'autres copains, me diriger vers l'arrière du bateau, mais un nuage de poussière suivi de vapeur nous a fait fuir vers l'avant, c'était la panique. Certains étaient déjà dans les sanitaires avant, pour ouvrir la trappe d'accès au pont, j'ai foncé dans le poste 1, et certains essayaient d'ouvrir le trou d'homme du panneau d'accès du pont, mais impossible, le volant était bloqué, avec un autre missilier on est passé par le relais 1 de la tourelle 127mm et on a atterri sur le pont et on a ouvert les taquets du panneau avant. On c'est tous groupés sur la plage avant sans savoir ce qui se passait. Certains étaient à moitié à poil et complètement choqués, en particulier le pm canonnier qui dormait dans le petit poste dans la salle à manger des OMS, qui réveillé en sursaut a vu son caisson arraché par le Boukarof, je ne me souviens plus de son nom, il habitait à Pont Croix, il ne s'en est jamais remis.
Un officier est apparu sur le toit de la passerelle et nous a expliqué vaguement ce qui se passait en nous demandant de vérifier s'il ne manquait pas quelqu'un, et nous a demandé d'aller chercher des couvertures. On est redescendu à 2 chercher des couvertures pour les blessés.
Nous avons évacués vers l'arrière par bâbord. Je me souviens que le pont milieu était très glissant, on ne tenait pas debout, c'est l'amiral Daille qui nous aidait à passer. Personnellement j'ai été évacué par embarcation sur le Tartu, et ensuite sur l'Arromanche, direction Toulon. Après être passé aux HCC pour avoir des fringues, permissions pour tout le monde, escorté jusqu'à la gare avec interdiction formelle de communiquer. Un bureau militaire et administratif a été ouvert sur le Foch, et nous avons attendu nos nouvelles affectations. J'ai une trentaine de photos de l'accident que je voudrais bien mettre sur le forum, mais pour l'instant je ne sais pas comment faire.
Deneu Jean-Claude
Bonjour à tous ceux qui étaient à bord du SURCOUF le 6 Juin 1971.
Le SURCOUF a été mon 1er embarquement à la sortie de Maistrance, début 71.J'étais jeune QM Maistrancier (19 ans) et le souvenir que j'ai de cette date est comme beaucoup d'entre nous, marquée à vie dans ma mémoire. J'étais de quart de 00h00 à 4h00 à la machine AR, où tout s'était bien passé, puisque nous faisions route vers Toulon pour participer à la revue navale. A la fin de mon quart, je suis remonté sur le pont pour aller vers l'avant où se trouvait le poste des choufs (sur le SURCOUF, nous ne pouvions nous rendre de l'avant vers l'arrière par la coursive, il fallait passer par le pont extérieur; seul par gros temps nous pouvions passer par la machine AV).
Il y avait à peine 2 ou 3 minutes que j'étais allongé que le bâtiment a pris une gite énorme, dans un craquement assourdissant, et tout le monde s'est fait virer des bannettes... S'ensuivi un calme impressionnant, puis une ruée quasiment dans le noir vers l'avant du bateau où nous nous sommes retrouvés sur la plage AV. Je me souviens que l'équipage de l'état-major avait ses quartiers tout à l'avant, et que les trappes d'accès donnaient sur le pont avant avait été soudée, car non étanche par gros temps !!
Je ne me souviens plus comment je me suis retrouvé dehors, mais je garde le souvenir d'un chouf canonnier qui dormait au-dessus de ma bannette, un gars très corpulent dont je ne me souviens plus le nom, et qui faisait avaler des rasades de rhum ramené des Antilles d'où nous venions, à ceux qui lui semblaient un peu pâlot... je revois cette image un peu décalée assez souvent, quand il m'arrive d'aborder cet accident...
Puis, nous sommes passés par bâbord pour rejoindre l'arrière du SURCOUF, avant d'être transférés, du moins pour moi, vers le TARTU, puis sur l'ARROMANCHES une fois arrivés à Carthagène.
Faisant partie des choufs célibataires, je suis resté à Carthagène 1 mois pour préparer le remorquage vers Toulon, et surtout après y avoir désincarcéré les corps de nos camarades qui étaient enchevêtrés dans l'amas de ferraille. Il en restait 7 sur les 9 coincés dans la chaufferie Av, 2 étant partis avec la partie avant qui a sombré. De mémoire, je crois me souvenir que les 2 dont les corps n'ont pu être récupérés étaient le SM MARTY et QM L'HOSTIS.
Puis le GUEPRATE est venu à Carthagène récupérer les corps désincarcérés et remorquer le SURCOUF sur Toulon.
Parmi les disparus dans cet accident, dont il n'est plus important de chercher aujourd'hui à en connaître les circonstances précises, j'avais un très bon copain, il était chouf mécano et s'appelait Patrick SEMOISE.
Voilà, des anciens du SURCOUF, je ne me souviens (malheureusement) que de 2 noms :
- Marc BOUGOIN (QM Mécano) qui était de la région de Tours (me semble-t-il).
- Alain MOISO (QM Elarm), qui était d'ETHEL et qui est le parrain de mon 1er fils.
Pour ce dernier, nous nous sommes perdus de vue il y a plusieurs années maintenant.
Il était directeur commercial chez ALLIBERT (salons de jardin en plastique) et habitait dans la vallée de Chevreuse (78) à DAMPIERRE.
Pour terminer là mes bavardages, j'ai embarqué par la suite sur l'EE MAILLE BREZE, puis sur le PA FOCH, avant de retourner à la vie civile en Juillet 75.
J'étais sur le Surcouf quand il y a eu cet accident, je venais de terminer mon quart de 0 à 4 à la machine AR; j'ai dû passer au niveau du point d'impact 2 à 3 mn avant l'abordage, pour rejoindre le poste des choufs situé à l'avant.
J'ai été transféré d'abord sur le TARTU en mer, puis sur l'Arromanches déjà à quai à Carthagène.
Etant célibataire il m'a été demandé, comme plusieurs camarades des différents services de rejoindre le SURCOUF pour préparer son retour à Toulon.
Nous sommes restés 1 mois à Carthagène avant de revenir à Toulon, la partie arrière remorquée par le Guéprate.
Je n'avais pas 20ans, je sortais de Maistrance et c'était mon premier embarquement ; cet épisode de ma vie est resté intact dans ma mémoire.
Je me souviens parfaitement bien de Patrick SERMOISE qui était également un de mes copains.
Sans vouloir être morbide, mais c’est une image que j'ai toujours en tête, Patrick avait toujours au poignet une énorme montre, Rolex ou autre, et du fait d'être retourné à bord pour préparer le bateau afin de le ramener à Toulon, j'ai pu voir de très près dans l'amas de ferraille qui avait été la chaufferie avant, la montre de Patrick toujours attachée à son bras dépassant de la ferraille. J'ai toujours cette image dans la tête et le fait d'en parler ce soir me fait revivre ces moments douloureux
DOMINIQUE LONCLE
Bonsoir à tous,
Je me manifeste tardivement, mais moi aussi j'étais à bord du SURCOUF le 06 juin 71.
J'étais QM1 Fusco et j'ai embarqué sur ce beau bateau le 27 avril 71, juste avant notre appareillage pour les Antilles, je venais faire mon temps d'embarquement avant d'aller au CS.
C'est le QM1 miss URVOAS, pistard du poste 3 (poste des choufs) qui m'a accueilli à la coupée et accompagné jusqu'à ce poste.
J'ai tout de suite été adopté et je me rappelle de beaucoup de noms : DENEU, ULYSSE (Ménard), MEFORT et CAUDAL avec qui j'avais fait une partie de l'école des Mousses, MALGORN, HOUDEBERT, PRAT, SPENLIHAUER, KERJEAN, JOUAN, le patron bosco LE GOFF, le patron MIASM DIVERRES (cocotier) etc...
Et malheureusement ceux qui ont disparu et qui étaient au poste des choufs : SERMOISE, BARBE, GREFFIN.
Les Fusiliers nous faisions partie du Service ART., avec comme chef celui qui était de quart cette nuit du 06 juin ; l'adjudant était le PM ELARM REYNAUD, surnommé Fernand... forcément... les fusiliers du bord étaient : MTRE CHAUDY (Capitaine d'armes) absent le jour de l'accident pour participation au championnat de France de tir, SM BOUGER, CS BOURDEAUX, CS LAINE, QM2 DIMITROFF (Willy), QM2 CHRÉTIEN.
J'ai participé au désarmement du SURCOUF à Toulon.
Vu le peu de temps passé à bord et le nombre que nous étions (320 à peu prés...) je ne peux me souvenir de tout le monde...
La nuit du 06 juin 71 j'étais de quart au BSI de 00h00 à 02h00, donc couché au moment de l'accident... réveillé par un gros bruit de ferraille sans savoir ce qui pouvait bien être arrivé...
Je me revois dans la coursive centrale, être aux côtés de GREFFIN à l'infirmerie... participé à faire l'appel avec le SM BOUGER (capitaine d'armes par intérim) puis barcasse vers le TARTU et plus tard L'ARROMANCHES.
Le hasard dans la suite de ma carrière ; j'étais PM Fusco, a fait que lors de l'oral d'un concours c'est le LV DE LA FOREST D'ARMAILLES (officier DEASM) je crois ?) qui m'a accueilli dans la salle où on prenait 3 sujets à traité par la suite devant un jury, il m'a dit :
- "LONCLE on se connait je crois" ?
Réponse :
- "Oui".
Alors il m'a mis tout de suite à l'aise et en confiance... sympa de faire allusion au SURCOUF moi qui n'était que chouf à l'époque.
Amitié.
TONTON
GUIHENEUF
Je me rappelle de tout ce qui s'est passé depuis la fin de mon quart à 4 heures du matin, la descente à ma bannette et tout de suite couché cet énorme bruit de tôles broyées derrière mon dos, la sensation première qu'on venait de heurter les rochers, la lumière qui s'éteint, la vapeur qui envahit notre poste et nos pieds qui pataugeaient dans de l'eau???non du mazout...le sas du poste, en haut de l'escalier qui mène à la coursive principale fermé et tout le monde bloqué là dans le noir et la vapeur brûlante qui nous étouffait au bout d'une dizaine de minutes, la porte s'ouvre enfin, tout le monde remonte vers le pont en quatrième vitesse, nos visages nous brûlaient, il était temps de respirer l'air frais, et notre première vision d'horreur c'est le QM Greffin tenu dans la coursive par l'officier mécanicien, il est brûlé de la tête aux pieds, toute sa peau était décollée. Nous avons tous paniqué en bas en attendant que la porte s'ouvre, on croyait vraiment que le bateau coulait et que nous vivions nos derniers instants...je n'oublierais jamais. Nous sommes ensuite montés vers la passerelle, l’officier radio d'Alesclant hurlait des ordres au P.C. Trans, et le haut le télépointeur de 127 se balançait dans tous les sens au gré de la houle. De là-haut nous avons enfin compris ce qui venait de se passer, le Boucharov était là à côté, nous voyions l'arrière du Surcouf se tordre, désarticulé J’ai été évacué, en slip et couvert de mazout dans une chaloupe vers la Saône ou j'ai assisté avec les autres à l'engloutissement de la partie avant du Surcouf.
C'était il y a 38 ans mais tout est intact dans mon esprit. Yves Sermoise, Gabriel Brichet, le Maitre Jean Marty, le QM Greffin, Jean-Pierre Laire (camarade de poste avec qui j'avais joué aux cartes la veille au soir)...et les autres, j’ai toujours une pensée pour vous. Ce jour-là, si le Boucharov n'avait pas fait machine arrière au dernier moment, nous y serions tous passés... m
Hervé BLANCKAERT
Je me nomme Hervé BLANCKAERT, QM2 Radio à cette époque, mon 1er embarquement, poste 5.
Je finissais mon quart au Pc radio.
J'ai lu les différents témoignages et c'est très émouvant. Je pense très souvent à ce jour maudit, mais que dire si ce navire russe n'avait pas battu en arrière, une grande partie de nous ne serait plus. Comment cela peut-il arriver?
Je pense que le LV de quart, un nom qui ne sera jamais effacé de ma mémoire, est responsable de ce gâchis.
Je ne vais pas en rajouter, mais je sais qu'au carré, c’était un peu la fête.
Si quelqu'un est intéressé, le nom de l'officier qui s'est retrouvé sur le Russe se nommait GRANIER (CC je crois, une terreur pour les Trans), il était officier Trans à l'état-major embarqué Alesclant.
De mémoire, voici quelques noms (certains étaient sans doute débarqués avant l'accident).
AMIRAL DAILLE
CF ACHARY
CC LECOINTRE (a été pacha ou second d’un SNLE)
CC GRANIER OFFICIER TRANS ALESCLANT (s’était retrouvé sur la plage AV du Russe)
OFFICIER ART LE POLLES
OFFICIER TRANS
L.V. DE LA FOREST D’ARMAILLE
RADIO
MT CAPITAINE - SM LAINE
QM1 GUIHENEUF -QM2 PICQ – QM1 TINI – MOT OU QM2 SEITE – QM1 PRIOUX – QM1 MATHEU
TRANSMETTEUR
QM1 LODEVIS
QM1 QUEGUINEUR
TRANSFILISTE
MT BOUCHER – QM1 PETIT
TIMONIER
QM1 LHEUREUX
QM2 JOUAN
ELECTRICIEN
QM1 MONGE
MECANICIEN
MT MARTI (décédé dans l’accident)
SECU
QM1 PRAT
CANONIER
QM1 ULYSE MENARD
BOSCO
QM1 HOUDEBERT – QM1 MALGORN
FUSILIER :
MTRE CHAUDY - SM DENIS (je ne sais pas s’il était à bord) - SM BOUGER (si j’ai bonne mémoire il s’était blessé à la tête aux Saintes je crois en plongeant, je me souviens de son bandage autour de la tête)
ELARM
PM REYNAUD
DETECTEUR
QM1 QUENIN
DANIEL EBERLE
De Toulon, à bord du Guépratte, nous étions venus à la rencontre de l'Escadre de l'Atlantique qui avait été conviée à la revue navale qui devait avoir lieu au large. En attendant, nous devions faire des exercices jusqu'à l'arrivée au Port, lorsque cette tragédie est arrivée.
Nous avons accompagné l'arrière du Surcouf jusqu'à Carthagène où les autorités nous ont assigné le quai "à charbon" au fond du port pour assurer la surveillance de cette pauvre coque où parmi les tôles tordues il y avait les dépouilles mortelles de nos camarades. Une bâche a été tendue de haut en bas pour les épargner à la vue dans l'attente de pouvoir découper les tôles qui les emprisonnaient. Opération qui n'a pu se dérouler qu'après le débarquement des munitions notamment des torpilles et du mazout - il me semble 2 à 3 jours - Enfin, nos camarades ont pu être dégagés pour recevoir les soins de conservation appropriés à la morgue locale. Les cercueils ont été disposés sur la plage arrière du Guépratte avec la présence permanente d'une garde d'honneur. Le convoi formé par le Surcouf en remorque s'est ébranlé le lendemain matin de très bonne heure et c'est très tard le soir que nous sommes arrivés à TOULON;
Triste souvenir et mes pensées vont une fois encore vers nos camarades, qui reposent en paix depuis 36 ans déjà.
Je me rappelle assez bien ce matin du 6 juin 1971, vers 04h15, lorsque mon camarade HPB vint me réveiller en me secouant, et me disant :" Yvon debout, le Surcouf est en train de sombrer".
Nous étions à bord de l'Arro, revenant d'une mission dans les caraïbes, qui nous avait menés de Guyane à FDF en passant par les Saintes, et Basse-Terre.
En partant de métropole, nous avions embarqué une palanquée de gendarmes, qui allaient en renfort, pour cause de manif assez violentes dans les iles.
Le 6 juin nous étions en train de passer Gibraltar, lorsque mon camarade me secoua.
Au début, j'ai commencé par l'envoyer paître, mais comme il insistait, je me suis quand même levé lorsqu'il a précisé :" magnes-toi on décolle dans 10 minutes on nous attend pour le briefing en salle d'alerte."
Effectivement le pacha était en salle d'alerte avec une tête de circonstance. Le briefing fût rapide, vous décollez, allez sur zone et récupérez le plus de monde.........
J'ai rejoint le pont d'envol, en compagnie des PM M et O, les pilotes, et nous avons décollé. Nous avons treuillez plage avant, le personnel qui s'était trouvé isolé après la collision. trois rotations de 7, soit 21 hommes, le dernier étant un corvettard avec une sacoche que je supposais être les DC. La sarabande a duré 1.2heure. Puis nous nous sommes posés pour refaire les plein et nous avons embarqué un photographe. Nous sommes allé photographier et filmer le russe, et alors que nous allions regagner l'Arro, l'avant du Surcouf s'est séparée de l'arrière, l'étrave est montée vers le ciel, et s'est tranquillement enfoncée dans les flots. Image indélébile..........
On a logé les rescapés dans les lits des gendarmes qui avaient été dressés dans le hangar avant, et on a fait route vers Carthagène. Un peu plus tard dans la journée, un hélico a décollé vers Carthagène avec à son bord un grand brulé, qui devait être le QM1 boulanger (là je n'en suis pas sûr).
Cela m'a marqué profondément, d'autant que j'avais été embarqué sur le Surcouf en 69, pour un stage embarqué avec justement mon camarade HPB cité plus haut, et que j'avais passé du bon temps (quand je n'étais pas malade.......).
marathon
Ancien de l'arromanches, je me souviens bien de ce dimanche matin jour de "fête des mères", ou le Surcouf a été coupé en deux. Jamais les helicots n'ont été mis en l'air aussi rapidement. J'ai souvenir de 2 gars sévèrement brulé que les helicots ont ramené. Je crois aussi que le Surcouf était navire amiral à ce moment.
ettori
Vrai que cela pour toi et bien d'autres sur place l'agonie du Surcouf a dû être terrible.
Même mon père à ce moment-là rageait je m'en souviens très bien, mais de plus cet escorteur d'escadre avait eu une vie hors du commun et d'exception pour un tel bâtiment que ce soit par le bâtiment lui-même mais également pour le commandement reçu notamment en 62 car c'est un fait rare dans toutes marines.
Le Surcouf engagé alors dans la guerre d’Algérie était commandé à ce moment-là par le capitaine de Frégate PICARD-DESTELON.
Et ce dernier a fait un refus d'obéissance et cela en temps de guerre !
En effet ayant reçu l'ordre de pilonner tout le quartier de Bab-El-Oued qu'il juge meurtrier, ignoble vis à vis d'une population civile, il donne l'ordre de tourner les canons vers le large !
Quand je dis que cet escorteur a eu une vie hors du commun c'est également le fait des abordages successifs qu'il a subit.
En mars 60 au sud de GROIS il est abordé par un cargo de chez nous le LEOGNAN plus de peur que de mal mais de très sérieux dégâts.
La malchance le suit à la trace dix ans après cette fois c'est le pétrolier russe Le Gal BOUCHAROV qui l'aborde et le coupe quasiment en deux, cela se passait au large de Carthagène, beaucoup de polémiques sur cet abordage à l'époque bilan lourd 9 disparus, 1 blessé grave, on a tenté le tout pour le tout afin de le remorquer c'est le Tartu qui en est chargé mais malheureusement l'avant du navire se détache cette fois et coule en ne laissant que l'arrière.
C'est donc l'arrière qui rejoint son port de base Toulon mais à quoi bon ! Le 5 mai 72 il devient le Q495
Alors il ne partira pas pour le cimetière des navires, il ne sera pas ferraillé, la marine nationale a telles voulu lui rendre une fin plus noble celle du guerrier qui tombe au combat ? Je ne sais ce que vous en pensez-vous même, mais il sert finalement de cible et c'est un exocet qui aura mis fin à son existence
Juannes Chauvin
Bonjour, ... J'étais également présent sur l'Escorteur d'Escadre le SURCOUF, ce 6 juin 1971, ... jour de la collision, avec le pétrolier Boucharov !. (4H07). Simple appelé (matricule 71 3051), je travaillais seul ... à la "buanderie" !. (Je lavai tout le linge à bord. vareuses, pantalons, T short rayés, ... et même quelques "effets perso", de certains matelots) et ... j'étais très Heureux, car je n'étais JAMAIS de "quart" ! (en mer et à quai !). J'ai mille anecdotes ... qui me reviennent en tête ! .... C'était trop beau !
Il y a 1 an
Merci et Bravo pour ce reportage.... très intéressant !
J'arrive à bientôt 70 ans, pour découvrir, que ... de telles photos existent. (Des photos inconnues pour moi, bien sûr, ... mais surtout d'une qualité rare !) (Merci Claude KECH et JC DENEU)
J'effectuais mon SNM (Service National Militaire), et j'étais présent sur l'escorteur le SURCOUF ce jour du 6 juin 1971. (Jour de la collision)
Nous revenions d'un "merveilleux voyage" ! (Porto-Rico - Fort De France - Les Saintes - St Martin - St Barthélémy) et ... notre voyage se termina ainsi !
Personnellement, J'ai ensuite été "récupéré" (en canot) sur l'escorteur Le Tartu, ... puis, en fin de matinée, direction Carthagène (Espagne), en tractant l’arrière du Surcouf, ... puis Toulon !
"" Quel Souvenir .......... !"" . Bilan, ... = 9 morts, + 1 très grand brulé ! (de mémoire, il s'appelait Griffin ! C'était le "boulanger" du bord ! ... ce matin-là, il s'était levé plus tôt, pour faire des "croissants" pour tout l’équipage, ... car le 6 juin 1971... C’était le jour de la "fête des mères !».
Quels ont été les responsables de cette catastrophe .... ??
Aujourd'hui, sommes-nous encore nombreux à pouvoir témoigner ?
Bonjour,
Des témoignages d'anciens marins:
"Le commandant du Surcouf était le CF Accary.
Ce que qui est sûr c'est que l'officier de quart, un LV canonnier (qui était sur le "Clem" avant) était un alcoolo invétéré. (Je ne le nommerais pas, par pudeur) Il a commencé par virer l'officier de quart en second. Et d'après le barreur, présent au procès. Il se serait endormi dans son fauteuil... peu avant la collision. (Il se serait d'ailleurs saisi d'une arme et a voulu se flinguer.. notre ami bosco l'a empêché.) .Je lui ai parlé à Toulon. Il a assumé et a reconnu les faits. Il a été viré de la marine. IL a dû avoir des remords toute sa vie.
Une autre anecdote : un officier de l'état-major a vu l'étrave du bateau russe, au moment du choc, s'avancer vers sa bannette, il a eu la présence d'esprit de sauter sur l'autre navire... et, quand celui-ci a reculé, on le voyait, en pyjama, faire des signes. (Il s'est précipité à la passerelle et aurait été accueilli par des hommes armés. qui l'en ont empêché.) Ce brise -glace russe n'était pas là par hasard... "P'tit Louis"
Un autre témoignage:
Cela sûrement déjà été dit mais le SURCOUF naviguait cette nuit-là en formation avec d'autres escorteurs dont le TARTU et l'ARROMANCHES en direction de TOULON.
Au CO le service DET était en régime NAVIGATION c'est à dire que nous marchions par DIVISION et par quart de deux heures : 20/22, 22/24, 00/02, 02/04, 04/06, 06/08.
Au sein de la formation le SURCOUF était de GARDE HÔTEL c'est à dire qu'il devait assurer une veille de surface pour toute la formation.
Cette mission supplémentaire nous obligeait à mettre en œuvre la table traçante et à reporter les positions des échos radars.
Cela peut faire sourire, mais je vous l'assure c'est vrai.
J'étais donc de quart de 0 à 2 avec Alain Roy QM 2 et un appelé GRAVIER qu'il me pardonne je ne me souviens pas son prénom et avant de quitter le quart vers 01h50 nous avons détecté ce bateau à environ 16 nautiques, il était déjà en CPA nul avec nous (c'est à dire ne route de collision) et l'information a été transmise à la passerelle mais aussi à tous les bâtiments de la formation.
Nous avons donc quitté notre quart à 02h00 et à 04h05 un choc effroyable, entrainant le Surcouf à la fois dans un gite sur bâbord et l'enfonçant dans la mer pas beaucoup mais nous avons senti le bateau s'enfoncer d'un à deux mètres...
Il n'y a bien sur plus de courant, la coursive avant est irrespirable, il y a de la vapeur, une odeur âcre de vapeur de fuel gagne rapidement toute le partie avant.
Je sors nu comme un vers par la trappe des sanitaires avant, l'équipage sort et afflue sur la plage avant.
Nous sommes tous hébétés, hagards, on cherche à voir, à savoir...
Le Boucharov est à une cinquantaine de mètres sur tribord, mais on ne distingue que ses feux, j'essaye de voir l'arrière du SURCOUF, il fait noir je ne m'imagine pas la gravité de ce qui nous arrive.
Le premier-maitre ELARME me renvoie m'habiller et je redescends donc au poste 2, je retrouve mon treillis et m'habille.
Lorsque le remonte sur la plage avant un groupe s'occupe du boulanger, je vois la bonbonne de tafia sur le pont en libre-service, je m'avance sur les coursives extérieure tribord, là où sont les tangons, je vois l'arrière du SURCOUF qui oscille au gré de la houle, je n'ose pas m'avancer jusqu’à la brèche.
Les mouvements du bateau par la mer provoquent un bruit de tôles qui s'entrechoquent et se plient à l'endroit de la fracture.
Puis comme les copains nous rejoignons la plage arrière d'où nous sommes évacués vers le TARTU. La tentative de remorquage échoue nous assistons à la rupture entre la partie avant et l'arrière.
L'étrave se relève vers le ciel et s'enfonce inexorablement, puis disparait en une vingtaine de minutes.
Tous les équipages des autres bateaux assistent à cette agonie comme s'ils rendaient un dernier hommage à leur ancien bateau ou à une partie de leur flotte.
Dans un silence de mort quelques-uns d'entre nous pleurent, les autres contemplent impuissants...
Pour la petite histoire et ayant tout perdu, mes affaires perso, ma dotation l'année suivante "la prime de sac" nous a été supprimée exactement comme si j'avais perdu mon sac sur le quai d'une gare. "Lolo56"
N'oublions pas les victimes...:
SM Jean MARTY Ouessant.
SM Gabriel BOUCHER Brest.
QM Gustave L'HOSTIS Brest.
QM Partick SEMOISE Epernay.
QM Yves BARBE Massy Palaiseau.
Matelot Jean Pierre LAIR Narbonne.
Matelot Jean Jacques GOUDON Chalette Sur Loing.
Matelot Roger RUMERER Bâle.
Matelot Serge MAURICE Florange.
Tous dans les machines.
Et le :
QM GREFFIN La Boulange de Brest, décédé à Lyon, suite de brulures.8
ARCHIVES
Le commandant du " Surcoût " et son officier de quart comparaissent devant le tribunal des forces armées Une grave crise de recrutement
Dans la nuit du 5 au 6 juin, à 4 h. 7, l'escorteur d'escadre Surcouf de la marine nationale entrait en collision avec un pétrolier soviétique, le Général - Bocharov, au large de Carthagène, en Méditerranée occidentale. Le temps était clair. Commandé par le capitaine de frégate Accary, le Surcouf, un bâtiment de 3 800 tonnes en pleine charge, vieux de seize ans, avait à son bord le vice-amiral d'escadre DAILLE
, commandant l'escadre de l'Atlantique, qui se rendait à la revue navale du 19 juin à Toulon, sous la présidence de M. Georges Pompidou. Le lieutenant de vaisseau Le Polès était de quart. L’abordage a eu lieu dans un secteur où la navigation est intense. Le Général-Bocharov, avec son étrave renforcée comme celle d'un brise-glace soviétique, a abordé l'escorteur français, par le travers bâbord, à la vitesse de 16 nœuds environ. Il a déchiré la proue du Surcouf, pénétrant jusqu'au centre du navire, le sectionnant en deux. Neuf marins du bâtiment français, surpris aux abords de la chaufferie, ont trouvé la mort dans la collision. Un dixième, grièvement brûlé, est décédé quatre jours après dans un hôpital de Lyon où il avait dû être transporté. Après avoir proposé son assistance, le Général-Bocharov, qui a eu une voie d'eau à la hauteur de la ligne de flottaison, a pu continuer sa route en direction de Gibraltar. Le Surcouf est irrécupérable. Le 5 août, M. Michel Debré, ministre d'Etat chargé de la défense nationale, décidait de déférer le capitaine de frégate Accary et le lieutenant de vaisseau Le Polès au tribunal permanent des forces armées de Rennes, qui se réunit à huis clos ce lundi 20 décembre pour juger les responsabilités des deux officiers après le dépôt des conclusions de la commission d'enquête.
-michel joubert
Il y a 2 semaines
En ce mois de juin71, j'étais embarqué sur le Guépratte et je me souviens très bien de cet épisode car nous avons été missionner pour aller sur place et escorter ce qui restais du Surcouf jusqu'au port de Carthagène ou il fut mis en cale sèche afin de retrouver des corps coincés dans cet amas de ferraille, après avoir récupérer sept cercueils nous avons fait route sur Toulon ou nous étions attendus pour une cérémonie en l'honneur de ceux disparu, puis nous avons fait route sur Carthagène afin d'escorter le reste du Surcouf tirer par un remorqueur jusqu'à Toulon, ce sont des images que l'on ne peut pas oublier......
Les marteaux étaient dans l’eau et la faucille dans la coque du Surcouf. Triste affaire.
Il y a 1 an
Bizarrement c'est la station radio de Marine Papeete en Polynésie française (FUM) à plus de 15 000 km de Carthagène qui reçut, seule, le message de détresse du Surcouf sur le réseau fréquence FUA. Les voies de la propagation radio sont parfois impénétrables! Et j'étais l'opérateur radio FUM de service qui reçut ce message! Je me souviens bien de l'ambiance tendue dans la salle à l'arrivée de ce message Z... Nommé à mon retour de Tahiti à la direction du port de Toulon j'eu la surprise de découvrir l'arrière du Surcouf amarré devant le bâtiment de la DP. Je crois me souvenir que l'épave était remorquée en mer de temps en temps pour servir de cible aux apprentis canonniers. Entre nous nous appelions l'épave le "Couf"...
Patrick Aubouin
Il y a 1 an
AUBOUIN PATRICK BP mécanicien chaufferie AR le 06 juin 1971a 4 heures 07 j’étais ce jour la chaufferie arrière. Et de cérémonie à Toulon avec les familles.
Juannes Chauvin
Il y a 1 an
A @Patrick Aubouin. Idem. CHAUVIN Juannès (Jean). J'étais présent le 06 juin 1971 sur le Surcouf, au moment de la collision. Je dormais dans ma "bannette", dans un poste dortoir-arrière du bâtiment, et ... mon réveil fut plutôt "mouvementé" ! ... Simple matelot, la journée, je travaillais à la "buanderie"! Je me souviens très bien de deux gars ! - le premier était coiffeur à bord = TRIBOTE Robert (décédé en avril 1990), - le deuxième s'appelait = GOUDOU Jean-Jacques, décédé ... le jour même ! (le 06 juin 1971). Quelques semaines après cet "accident", ... la Marine m'a "détaché" pour aller à son enterrement + cérémonie Militaire, à ... Chalette (Montargis) (Souvenirs Pénibles !!)
- Bien amicalement à tous !
Daniel Mauduit
Il y a 3 mois
Je garde un très bon souvenir du temps passé sur le EE SURCOUF, j’ai bien connu certains matelots disparus le SM Jean MARTY, le QM Gustave LHOSTHIS, Yves BARBE qui nous avait présenté sa famille lors de notre escale à Fort de France et Jean J
et Jean Jacques GOUDOU matelot appelé chargé de le sécurité, enterré à Châlette sur Loing dans le 45 .Je faisais partie de la garde d’honneur lors de ses obsèques à Châlette sur Loing avec le Lieutenant BEAUVALOT et un marin de la région de Marseille. Quand je passe dans la région de Montargis je n’oublie pas d’aller me recueillir sur la tombe de notre ancien camarade. Je suis resté de nombreuses années en contact avec sa famille.
Jacques Rottner
il y a 8 mois
Émouvante rétrospective à l'aube du 50 éme anniversaire de cette collision pour un ancien du Surcouf , jeune officier présent à bord , moment a jamais gravé dans la mémoire d'un rescapé et souvenir pour nos camarades disparus .
Merci à cette grande famille des gens de la Mer et à ce témoignage pleins d'émotions
Erwan Lheureux
Il y a 4 jours
Après une soirée calme et fin de quart à la passerelle en tant que timonier, bien endormi dans ma bannette, me voilà réveillé par un bruit énorme de raclements...
Tout de suite debout, dans le noir, le mazout déjà au niveau des chevilles (les soutes étaient sous notre poste, les bouchons ont sautés), sans me poser de questions, au milieu des cris et des mouvements de mes compagnons de poste, je me précité à tâtons, échelles après échelles vers la passerelle. Et ô stupéfactions de voir cette étrave encastrée entre la première cheminée et la passerelle, la plage avant du pétrolier au niveau de celle-ci. (Silence impressionnant soudain)
Je tente de sauter sur le pétrolier à la suite d'un officier qui lui, réussit. Pour moi, trop tard, le Boucharov fait marche arrière (mal m'en aurait pris d'essayer vu le vide...)
Enfin nous voilà rassemblés sur la plage avant pour passer en file indienne sur l'arrière du Surcouf avant que l'avant ne se détache. Une fois à l'arrière, ne pouvant mettre les canots à la mer (treuils endommagés, etc...), les hélicos étant en priorité pour les blessés et les gradés, ce sont les barcasses du Tartu viennent à notre rescousse.
Les filets sont lancés le long du bord et nous embarquons par petits groupes.
Heureusement la mer était relativement calme.
Une fois sur le Tartu, réchauffés et revêtis (quand nous étions pour la plupart en sous-vêtements et sans gilets de sauvetages), direction Carthagène sur l'Arromanche puis par la suite Toulon....
Alain Lheureux - Timonier sur le Surcouf la nuit (Pensée à mes collegues disparus)
Hyacinthe LOUIS
Il y a 9 mois
Bonsoir Claude, je découvre votre témoignage ce soir accompagné de mon papa présent sur le Surcouf le 06 juin 1971. Louis Raymond SM2 Mécano chef de quart machines arrières. Nous aimerions retrouver des personnes présentes à ce moment-là sur le Surcouf et connaissant mon papa. Amicalement.
Branle-bas et sirènes un peu après 4h du matin, j’étais sur La Saône. Nous avions une équipe de nageurs de combat à bord, nous sommes restes derrière pour ramasser tours les papiers qui flottaient partout. Quelques jours plus tard nous devions participer Avec Le reste de l’escadre a la revue du 14 Juillet au large de Toulon devant Le président Pompidou. Apres deux mois de mer passés à faire des transferts de mazout et kérosène avec le reste de l’escadre, La Saône était plutôt sale, nous n’avons eu le temps que de nettoyer et repeindre la cote tribord du Navire pour la revue.
Moins
J'étais sur le PRE "La Saône". 3h30, réveil par le planton pour le quart de 4 à 8. 3h50, arrivé passerelle, aileron tribord, transmission des consignes, nous étions en formation de navigation. Dans mes jumelles, je regarde le trafic, nous avions passé le détroit de Gibraltar. Et puis, tout s'accélère, je vois le pétrolier "Général Boucharov" percuter le "Surcouf", j'alerte l'officier de quart. Il me semble voir des appels "en scot", l'EV m'ordonne d'aller réveiller le timonier de service, le Cdt et le Second arrivent en passerelle. Le "branle-bas" est sonné. Le Cdt constatant la gravité de la situation ordonne le rappel "au poste de combat".... la suite vous la connaissez. Je conserve ces moments en mémoire, comme si c'était hier. Le plus sombre de mon engagement dans la Royale.
Jean Claude HUE
Mon poste était machine ar. Je couchais dans le poste ar. Au dessus de moi couchait le matelot Jean Jacques Goudou,disparu dans la collision du 6juin71.Il occupait le pc sécurité au niveau du pont à l'endroit du choc.Il était libérable en juillet.
jean-paul- Fondateur et Administrateur
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