MAS 49/56

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En 1924, à défaut d’avoir encore adopté un fusil automatique (toujours selon la désignation de l’époque), nous adoptons un excellent FM, le modèle 1924 en 7,5 x 58.
Le souci est alors que nous avons saisi de nombreux stocks de cartouches de 7,92 Mauser, et que par malheur, cette cartouche chambre parfaitement dans la chambre d’une arme en 7,5 x 58.
La méprise entre les 2 munitions est catastrophique car il y a bien percussion, avec dégradation du canon (au minimum), arrachage de l’extracteur, rupture d’étui avec tout ce que cela engendre à l’ouverture ... L’arme est HS, le tireur risque de l’être aussi ! C’est suite à de nombreux accidents que la cartouche est alors ramenée aux cotes de 7,5 x 54 mm, cartouche modèle 1929 C, le FM devient du même coup le modèle 1924 modifié 1929, et vous avez là notre bon FM 24/29 qui couvrira tout le 20éme siècle. Nous avons la munition... mais toujours pas le fusil…

Pourtant le programme de 1921 allait donner naissance au fusil modèle 1940...
En 1935, l’État Major revient sur ses ambitions, le fusil automatique ne doit pas faire l’objet d’une dotation généralisée mais être réservée aux meilleurs tireurs, comme pendant la première guerre mondiale, premier retour en arrière d’autant plus inexplicable que les USA sont sur le point d’adopter le Garand. Tout cela reste en sommeil lors de l’adoption du MAS 36 à verrou, nous avons alors un excellent fusil de guerre, son seul défaut est d’arriver 20 ans trop tard, il ne faut pas brusquer les habitudes...
En 1940, on est alors un peu dans l’urgence, une première commande de 10 000 fusils automatiques modèle 1940 est lancée et une production mensuelle de 5 000 pièce est prévue à la MAS, toujours avec cette optique de ne les confier qu’aux soldats "méritant". Cette méfiance à l’égard de ce type d’arme qui est typiquement caractéristique des pays à faible potentiel industriel n’a pas sa place en France, à un moment tragique de notre histoire, mais visiblement l’État Major voit les choses du jour avec les yeux du passé... on n’arrive pas à se démarquer de la pensée de 1917 ! L’armistice sèche net le développement du fusil modèle 1940. Sa version à peine modifiée, modèle 1944, est plus une arme d’étude. Il est adapté au tir de la grenade VB (encore héritée de la première guerre mondiale ...) mais manque cruellement de résistance.

Le programme de 1946 relègue le fusil automatique au rang d’arme de tireur d’élite... on recommence comme en 1917... en lui interdisant tout forme de tir de grenades afin de ne pas baguer les canons... Pendant ce temps la prolifération des fusils Garand au sein de notre armée, plus réaliste que les "grands penseurs" de bureaux, satisfait les hommes de terrain. De notre MAS 1944, nous allons alors nous orienter vers le fusil qui va devenir le MAS 49. Cette évolution est principalement due à notre volonté d’en faire un fusil apte à tirer des grenades dans les meilleures conditions. Notez que depuis le fusil Lebel, jusqu’au Famas F1, notre armée a toujours cherché à s’équiper de fusils aptes à la fonction LG dans les meilleures conditions possibles, à un tel point que certains avaient annoncé que notre Famas était un LG capable d’assurer les fonctions de fusil automatique. Evidemment, si on compare un Famas F1 à un M16 A1, la référence de l’époque au moment de son adoption... "y a pas photo" !
Le 20 octobre 1946, lors de tests à grande échelle, on décida l’étude d’un nouveau fusil automatique dérivé du MAS 1944. Ces fusils seront principalement reversés à la " royale ", notre Marine, pour les transformer en lance - grappins. Le MAS 49 est adopté le 12 juillet 1949, nous avons enfin un fusil équivalent, voire supérieur (sur le papier) au Garand américain qui reçoit tous les suffrages. La nouvelle arme est livrée en petites quantités dés 1957 elle va directement participer aux opérations d’Algérie et va très rapidement devenir indissociable de la silhouette du fantassin français, avec la MAT 49 en binôme, éclipsant progressivement les Garand et les très regrettées US M1 qui, refusant de mourir, trouveront une seconde jeunesse avec leur crosse pliante au sein des unités comme le 13 RDP, qui ne s’en sépareront qu’au début des années 1980... n’ayant rien d’autre de comparable en termes de rapport poids/encombrement /efficacité balistique.

Début des années 60 , la diffusion de l’arme s’accélère, elle a sa place dans le groupe de combat aux cotés des PM MAT 49 traitant en tir automatique les objectifs inférieurs à 100 mètres, et l’AA 52 qui traite par son volume de feu les objectifs jusqu’à 1 000 mètres selon sa configuration. Le FSA peut quant à lui traiter en tir semi-auto rapide des cibles isolées jusqu’à 300-400 m avec réalisme, avec, selon les capacités des utilisateurs et dans les conditions idéales, espérer des coups au but jusqu’à 600 mètres. En 1967, le FSA est alors produit à 200 000 exemplaires, c’est peu mais on compte beaucoup sur les stocks élevés de MAS 36 en cas de mobilisation massive. Il est tout de même désolant d’avoir un tel raisonnement, proposer en 1967 de distribuer des MAS 36 en cas de mobilisation générale, l’année ou l’on fête les 20 ans de la Kalachnikov et l’adoption du M 16 A1 qui fera tout le Vietnam... Cette décision longtemps considérée comme irresponsable sera peu ébruitée ! …
Notre FSA 49/56 donnera naissance à 2 versions distinctes, le MSE (Modifié St Etienne), et le 49/56 chambré en 7,62 Nato. Le 16 février 1968, l’arme est une première fois légèrement remaniée de devient le 49/56 A (Amélioré). La précision de l’arme est optimisée, et le 27 juin 1968, une commande de 3 000 de ces 49/56 A est passée. Le 12 septembre 1969, le 49/56 A devient officiellement le 49/56 MSE, il est notre premier FSA spécifiquement prévu pour faire office de fusil de tireur d’élite, juste avant notre FRF 1 qu’il va côtoyer jusqu’au moins le début des années 1990.
De 1960 à 1980, notre armée avait un parc de 300 000 fusils 49/56 et au moins autant de MAS 36 en réserve. Au milieu des années 70, on relance une fabrication de 49/56 pour faire la liaison jusqu’à l’adoption d’un fusil d assaut. Le Famas replacera officiellement le 49/56 à partir de 1979, l’arme mettra plus de 10 ans à être retirée du service.

Le 49/56 est un fusil compact (102 cm) et léger (3,9 kg) pour son calibre de 7,5 x 54.
A 600 mètres, la flèche de son projectile est de 1,30 m. Sa balle perfore 70 cm de sapin et 70 cm de terre à 400 mètres. L’énergie à la bouche est de 3 100 joules, la balle perfore 3 mm d acier à 400 mètres.

Un monument de l'armement français !...



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