ZELEE (1900-1914)

La canonnière de station la ZELEE au début de la guerre de 1914/18 était stationnaire à Papeete.
La vie y était calme et douce.
Le seul "problème", c'était que les croiseurs lourds allemands SCHARNHORST et GNEISENAU accompagnés de 3 croiseurs légers étaient coincés en Chine et que l'amirauté allemande leur donne l'ordre de rentrer en Allemagne.
L'escadre allemande appareille donc plein est. Sur la route il y a Papeete où les allemands espèrent faire du charbon.
Le seul bateau militaire français est la ZELEE et s'imaginer que les deux canons de 100 mm qui l'arment pourraient faire le poids contre les 16 canons de 210 mm, 12 de 150 mm des croiseurs lourds et des plus ou moins 30 canons de 105 mm des croiseurs légers. L'issue de la bataille ne fait pas beaucoup de doute.
La Zélee est commandée par le lieutenant de Vaisseau Destremau. Celui-ci décide de saborder la canonnière ainsi qu'un cargo allemand capturé pour boucher l'entrée du port de Papeete et de mettre à terre son armement. Les deux canons de 100 mm  sont alors monté sur les collines qui entourent le port.
Quand les allemands se présentent devant Papeete le 22 septembre 1914, ils bombardent la ville et surtout les endroits d'où partent les tirs français, du 100 mm et du 65 mm contre du 210 mm allemand, il fallait oser. Les canons français sont cachés dans la forêt et les tirs allemands ne sont heureusement pas trop efficaces.
Les français décident alors de mettre le feu au dépôt de charbon convoité par les allemands, ceux-ci décident alors de se retirer n'ayant pas grand chose à gagner à continuer le combat.
L'escadre allemande part alors vers l'est et à rendez-vous avec son destin autour des Iles Falkland, mais ça c'est une autre histoire.

Tout ça pour vous dire que le beau-père d'un de mes fils a été faire une mission à Papeete et je lui ai demandé de me ramener des souvenirs photographies de l'épisode décrit plus haut.

Tout d'abord la fameuse ZELEE.
Elle était équipée d'une pièce de 100 mm à l'avant et d'une autre de 100 mm à l'arrière, il y avait aussi 4 canons de 65 mm.

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Ensuite, le seul témoin qui reste, il s'agit d'un des deux canons de 100 mm, ce canon se trouve dans le parc Bougainville à Papeete, je pense qu'il s'agit de la pièce
arrière de la Zélee.

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Trés instructif JYM
Je t'ai trouvé ceci

Spoiler:

Merci Jym...

Jolie pièce!
A notre époque, si en tant que Cdt d'un navire, si tu fais la même chose (coulée ton navire), qu'est ce que tu encours?????

D'après ce que j'en ai lu, le lieutenant de vaisseau Destremau, le commandant de la Zélee, a eu de gros problèmes avec le gouverneur civil de Tahiti. Ce dernier lui a reproché sa résistance qui risquait de troubler la douce quiétude des îles.

Le gouverneur n'a pas non plus apprécié que Destremau prenne les choses en main pour assurer la défense de Papeete.

Il faut dire que ledit gouverneur a quitté Papeete au moment de la bataille pour aller se réfugier dans une mission catholique dans la montagne et sans doute pour faire oublier son manque de combativité, il a porté l'affaire devant les tribunaux pour faire condamner le commandant de la Zélee.

Une enquête a suivi et Destremau a été mis aux arrêts de rigueur pour 2 mois. Que valait la parole d'un lieutenant de vaisseau contre celle d'un gouverneur ?

Il va rentrer en métropole en février 1915 et y mourir de diphtérie, certains diront de colère et de chagrin.

Cette affaire va déclencher une autre enquête au ministère des colonies qui fera heureusement éclater la vérité, le gouverneur de Tahiti va être sanctionné et démis de ses fonctions.
Le lieutenant de vaisseau Destremau va ensuite être officiellement réhabilité à titre posthume le 19 décembre 1915.

Il faudra néanmoins attendre 1919 pour que la Légion d'Honneur lui soit décernée et ses mérites complètement reconnus.

Sic transit gloria Mundi...

JYM j'ai trouvé l'allocution de la fille du Lieutenant de Vaisseau DESTREMAU
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Bonjour,

Merci Alain pour cette lettre (et désolé de répondre si tard).
Je trouve quand même très dommage que la marine ne garde pas plus mémoire de cet homme car il fallait oser se lever en face de Van Spee et son escadre avec les moyens dérisoires qu'il avait, surtout quand on pense aux difficultés qu'il a eu pour faire reconnaître sa bonne foi et son courage.

- "Les canonnières de station" par Luc FERON
MARINES Editions - Marines Magazine HS n° 4 de 01/2004 "100 ans de Marine Française - les canonnières, les avisos coloniaux, les avisos de la Grande Guerre"

- "Un siècle de navires scientifiques français" par Bernard ESTIVAL (CA)
Editions du Gerfaut - 2003